l’assaut d’une sixième étoile, les Toulousains devront relever un immense défi à Londres : battre leur bête noire du Leinster, copie de la sélection irlandaise qui les a écartés trois fois en demie ces dernières années. C’est à ce prix que la génération dorée stadiste pourra enfin asseoir sa suprématie.
Son sourire ne trahissait en rien la profonde détermination qui animait Peato Mauvaka, lundi, lorsqu’il lâchait : “J’ai tellement hâte d’être à samedi. C’est la guerre des étoiles.” Lui en a plein les yeux, plus encore que sur son maillot, à chaque rendez-vous de Champions Cup. Une compétition qui a permis aux Toulousains de se sublimer, après un retour de Coupe du monde douloureux.
En compétiteurs ultimes, plus qu’en fins mathématiciens, ils en ont fait leur ambition suprême. Parce qu’ils n’en ont posé “qu’une” dans l’armoire à trophées ces cinq dernières années, contre trois Brennus. Et parce qu’en cette saison si singulière, il était tellement excitant de viser ce sprint olympique… “On restait sur deux défaites en demie de Champions Cup, face au Leinster qu’on va retrouver ce week-end, poursuit Mauvaka. C’était dur de regarder la finale à chaque fois à la télévision. Et de se dire que, si La Rochelle pouvait battre cette équipe, on en était capable aussi.” Elle était là, l’autre obsession, encore à peine voilée, devenue réalité à l’instant où Toulouse a pris le dessus sur les Harlequins voilà près de trois semaines, moins de vingt-quatre heures après la victoire du Leinster sur Northampton.
Les deux meilleurs ennemis allaient de nouveau se recroiser, dans le plus exceptionnel contexte qui soit. Sur l’ultime marche. “L’objectif à la base est d’être champion, pas de battre le Leinster, dit Thomas Ramos. Là, il s’avère qu’il faudra le battre pour être champion.” Mince alors… Quand le “hasard” n’en est plus vraiment un. “Notre groupe sait où il veut aller, ajoute Ramos. Il est serein, en confiance et prêt à défier le Leinster.” Cette bête noire qui a écarté les Rouge et Noir en demi-finale à l’Aviva Stadium de Dublin, en 2019, 2022 et 2023. Mauvaka lucide : “On a ramassé à chaque fois… Mais tomber en finale contre eux, c’est le duel rêvé. Surtout avec aussi les défaites en sélection face à l’Irlande, vu que ce sont quasiment les mêmes joueurs. On n’attendait qu’une chose, c’était de les retrouver un jour ou l’autre.”
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“L’impression que tout est aligné…”
Après le succès face aux Quins, Ugo Mola avouait un certain soulagement : “En gagnant la demie, on a brisé notre plafond de verre.” Place désormais au plafond de “Verts”. Ces diables de Leinstermen que les Toulousains devront dominer en phase finale pour asseoir définitivement leur suprématie sur le rugby français et européen. “J’espère que ce sera pour ce week-end, clame Mauvaka. Aujourd’hui, je nous sens mieux que les saisons précédentes. Et on va jouer sur un terrain neutre, ce qui change beaucoup de choses. J’ai l’impression que tout est aligné et j’ai envie que notre petite étoile nous protège…” L’étoile, toujours si symbolique à Ernest-Wallon. Celle qui a rendu la “bande à Dupont” jusque-là imbattable en finale. Quatre disputées, quatre sacres à l’arrivée. Pourvu que ça dure à Londres, là où les Stadistes ont arraché leur dernier titre en Champions Cup en 2021, face à La Rochelle. Signe du destin pour une institution qui a érigé la gloire et le passé en valeurs cardinales, lesquelles transcendent les générations. “Celle-ci est différente mais n’a pas encore marqué autant l’histoire du club que d’autres”, a récemment soufflé Mola pour titiller ses troupes. Message reçu par “capitaine Dupont” : “On a le potentiel pour gagner encore, mais il ne se vérifie que lorsqu’on soulève le trophée.”
“Être le premier club à six étoiles”
Au Tottenham Hotspur Stadium, le Stade toulousain a donc encore rendez-vous avec son grand roman, face au dernier bourreau de sa légende. Le genre de défi dont cette équipe raffole. Question de règne… “Si on gagne, on sera le premier club à avoir six étoiles, ne cache pas Ramos. Le Leinster en a quatre actuellement, donc on n’a pas envie de le laisser revenir sur nous.” Et Mauvaka d’ajouter : “Il faut laisser notre club au-dessus.” Et ainsi montrer que la malédiction n’a pas sa place dans ce sport, que ces satanées fables ne sont qu’une vaste blague. Et que la formule de Samuel Beckett, célèbre écrivain… Irlandais, doit un jour trouver son heureux prolongement : “Essayer encore. Rater encore. Rater mieux.”
Samedi, Dupont et ses potes vont s’attaquer encore à leur plus haut sommet (de carrière), avec la ferme intention de le gravir. Et le numéro 9 de se foutre royalement d’une quelconque fatalité : “Le Leinster nous a battus en demie mais a perdu en finale ces deux dernières années. Je ne sais pas qui était le plus malheureux…” Cette fois, il n’en restera qu’un. Mauvaka assure : “Nos adversaires doivent comprendre dès les premières minutes qu’on n’est plus les mêmes. Jusque-là, on essayait trop d’adapter notre jeu par rapport à leur rugby. On a trop cherché à les contrer plutôt que de jouer comme on sait le faire.” Le seul enjeu qui vaille pour Toulouse : être maître. Du terrain et de son temps.
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