Vendredi 11 novembre au soir, des fêtard ont pris possession d’un terrain privé et de plusieurs parcelles de l’ONF sur la commune de Ferrals-les-Montagnes, à l’ouest de l’Hérault. La fête a duré quatre jours et quatre nuits, ils étaient jusqu’à un millier au plus fort de la rave-party.
“Des chapelets de voitures, de camionnettes, de vans et de camping-car ont convergé vers le site, sans discontinuer par tous les chemins possibles. Si ce n’était pas sur quatre roues, c’était à pied. Tout ce petit monde s’est installé sur le plateau du Plo de Bouzigue et a explosé les oreilles des voisins et habitants jusque dans le Tarn.” explique Ingrid Chapuis, qui tient le gîte de Belsoleil sur la commune.
La gendarmerie est bien sûr intervenue mais il était déjà trop tard, impossible de faire partir autant de monde. Les militaires n’ont pu que constater les faits et faire des rondes et des contrôles d’alcoolémie pendant quatre jours pour éviter les bagarres et les accidents.
“Nous avons insisté sur le fait que les brigades qui étaient sur les lieux ne disposaient d’aucun moyen efficace pour faire cesser ce rassemblement non autorisé. Nous n’avons eu aucune réponse des diverses préfectures (sous-préfecture de Béziers, préfecture de l’Hérault, préfecture de région) qui ont la responsabilité du maintien de l’ordre et de la sécurité intérieure” s’indigne Ingrid Chapuis
“Nos hôtes sont compréhensifs, mais il y a des limites : ils viennent chez nous pour le calme, la paix et le silence.”
Ingrid Chapuis est d’autant plus en colère que ces fêtes sont récurrentes dans le secteur de la Montagne Noire. Ce weekend, son gîte était plein et même si les clients sont compréhensifs, il y a des limites. “Nous, ce qu’on propose, c’est d’être au cœur de la nature, au calme, dans la paix et le silence. Alors, nos clients sont tolérants, ils savent que nous n’y sommes pour rien mais il y a des limites. L’année dernière, on a eu des rave-party presque tous les mois, si ce n’était pas toutes les semaines. Il y a des gens qui sont partis parce que c’est intenable.”
“Je sais que ce ne sont pas des mauvais bougres individuellement. Mais il y a un vrai conflit d’usages. Ces gens-là sont en grande détresse. Je peux comprendre leur manière d’être, vue la société qui s’ouvre devant eux et le monde dans lequel ils vont vivre. Mais pour nous, c’est quasiment impossible.“
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Carole Herbst est agricultrice à Roquecave, à deux km de la rave, elle accueillait un stage de yoga ce weekend, alors forcément, ça a été un peu compliqué. “Quatre nuits et quatre jours d’affilée avec un boum dans la tête. Donc pendant trois jours, on était enfermé dans la pièce. Les gens viennent pour se reposer ou pour être dans une nature un peu calme. Alors là, c’était loupé comme il faut !”
“On envoie mille CRS en Charente pour les “éco-terroristes”, mais nous on est la dernière roue de la charette.”
Elle aussi se désole de l’inaction des pouvoirs publics. “On n’a aucune possibilité de faire quoi que ce soit, ça n’intéresse personne. Ce qui me fait rire, c’est qu’on envoie mille CRS contre les “éco-terroristes” qui râlent contre les bassines, ces horribles choses qu’ils veulent nous mettre pour capter toute la flotte. Mais par contre, dès qu’il y a quelque chose qui se passe dans la campagne ou à la montagne, on est la cinquième roue de la charrette.”
“Je trouve ça déjà très encourageant de voir que certaines personnes se mobilisent. Les personnes qui étaient au stage de yoga nous ont proposé de signer une pétition. Je doute que ça soit efficace. Mais enfin, ça fait du bien de partager avec d’autres personnes.”
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Du côté de la mairie de Ferrals-les-Montagnes, on regrette bien sûr ces fêtes sauvages et les nuisances pour les riverains.
Annie Espel souligne cependant que tout était très organisé, avec notamment un poste de secours, et que les lieux ont été rendus très propres avec des dégradations mineures. “Ils se sont installés dans un endroit qui est dégagé par les agriculteurs et accessible par plusieurs chemins communaux, ruraux, c’est leur site favori où ils peuvent s’implanter, s’amuser. J’ai évidemment alerté la gendarmerie immédiatement, qui avait déjà fait des rondes. Mais une fois arrivées sur site, trop de voitures étaient déjà installées. Il y avait trop de monde et c’était pas possible pour eux de faire quoi que ce soit.”
“Je suis allé faire une reconnaissance et là, j’ai été impressionnée par le nombre de voitures qui s’étaient installées sur des parcelles communales, domaniales, privées. Ils avaient endommagé quelques passages canadiens sur des chemins ruraux. Rien de bien grave. Ils avaient ouvert certaines clôtures, mais je dois reconnaître que ce sont des gens très sympathiques et respectueux. J’ai constaté quand j’y suis allée mardi matin, que c’était très propre. Mais bon, c’est quand même des gens qui s’implantent sur des sites privés ou communaux, sans accord quelconque. Donc c’est toujours le problème.”
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Une enquête a bien sûr été ouverte, les organisateurs auraient d’ores et déjà été identifiés.
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