Présidentielle – Robert Ménard : “Marion pourrait ne pas aller plus loin” avec Zemmour

Le très médiatique maire de Béziers, pour qui l’union des droites est une obsession, voit ses efforts ruinés par la realpolitik des partis et des ambitions. Robert Ménard ne sera pas le faiseur de roi de son camp et assure que Marion Maréchal n’ajoutera rien au psychodrame familial des Le Pen.

“Je suis un apôtre”. Autoproclamé, et qui prêche dans le désert. Robert Ménard, qui dirige Béziers depuis huit ans, se plairait en faiseur de candidat, et peut-être de président, à défaut d’avoir prétendu lui-même à la fonction suprême (“bien sûr j’y ai pensé mais je suis peut-être plus réaliste” que d’autres). Quand il nous reçoit, ce 4 février à l’hôtel de ville, l’ancien journaliste prépare un week-end devant les micros et caméras, “samedi je serai à France Culture, ensuite LCI, et chez Elkabbach… vous savez je suis plus connu que madame Delga”

Je suis un apôtre de l’union des droites, pas des extrêmes droites

Élu à la droite de la droite en 2014, mieux réélu en 2020 (68,7 % au 1er tour), se gardant de prendre sa carte au Rassemblement national ou ailleurs (mais en acceptant volontiers les soutiens), Robert Ménard croit encore que sa parole peut trouver écho. “Je suis un apôtre de l’union des droites, pas des extrêmes droites”, s’empresse-t-il d’exorciser. Robert Ménard est obnubilé par le rapprochement ou encore mieux la fusion des droites, sans laquelle il ne voit pas de salut politique à ses amis de l’extrême, “Marine” et les deux “Éric” parce que, “bien sûr (il) parle avec Éric Ciotti”. Ni Le Pen ni Zemmour ni le toujours LR Ciotti n’ont entendu sa parole “plus raisonnable”, comme il la qualifie, sa “petite musique”. Il en convient : “ça marche pas”.

De quoi faire douter du rôle de charnière qu’il aurait pu (pourra encore ?) jouer. “N’y a-t-il pas une base commune pour avancer ensemble ?”, peste-t-il en convoquant les Mitterrand-Marchais-Fabre/PS-PC-MRG de 1973. Une union des gauches fracassée dès 1981… Lui rêve d’un ticket Le Pen-Zemmour-Pécresse, “aucun des trois ne peut gagner sans les autres, je ne désespère pas que la droite arrête d’être la droite la plus c…. du monde. Sinon on perd les élections, moi j’ai pas envie de les perdre”.

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Avec Louis Aliot, il parle rugby et corrida, l’union des droites c’est “avec Marine directement”

Des trois, il discute avec deux. “Avec Éric (Zemmour), on s’est vu tout le printemps dernier pour préparer sa candidature qui pouvait être une passerelle entre RN et LR, mais il se place à la droite de Marine, j’ai le sentiment d’être revenu au temps de Jean-Marie Le Pen pour qui je n’aurais jamais voté”. Le Pen père n’aura réussi que l’union des extrêmes droites, comme Zemmour.

“Il faut qu’il fasse attention, Éric”, glisse Ménard qui n’a pas non plus réussi l’union des droites en région (même s’il se targue de n’avoir pas vu de candidats LR ou RN aux départementales face aux “siens”), union mort-née lors du premier débat télé entre Jean-Paul Garraud (candidat FN) et Aurélien Pradié (LR). “Ils se sont foutus sur la gueule, ça facilite pas les rapports après…”. Ménard ne théorise pas non plus avec Louis Aliot, le maire RN de Perpignan, avec qui il parle “rugby et corrida en copains”, mais pas union des droites. “Nos derniers échanges portaient sur des questions de mairie, ses adjoints viennent ici voir un peu comment on fait parce que Béziers ça marche plutôt bien (mais) l’union des droites j’en parle plutôt avec Marine directement”. Et dans cet échec, le manque de volonté le dispute au populisme, comme il l’admet (enfin ?) volontiers.

J’ai changé depuis mon premier mandat bien sûr

“Parler d’immigration zéro n’a pas de sens, personne ne le fera ; promettre la retraite à 60 ans c’est pareil, si on veut convaincre il faut arrêter les promesses qu’on ne tiendra pas, ça discrédite la politique”, convient celui qu’on a connu moins lucide. Car l’homme a « changé », dit-il. Méconnaissable dans la mesure toute neuve de ses propos. Comme s’il avait suffisamment attiré la lumière grâce à ses provocations : “J’ai changé depuis mon premier mandat bien sûr”.

Et puis la crise sanitaire lui aurait ouvert les yeux, y compris sur son camp : “ça a changé ma vision des choses, j’ai vu à quel point un discours idéologique était à mille lieues de la réalité. Quand Macron fait le pass sanitaire, je lui dis bravo. Mon camp politique fait de la politique sur le dos des gens, mais la santé des gens passe avant nos idées, ça je l’ai appris comme maire, pendant la crise sanitaire”.

Quant à la énième crise familiale chez les Le Pen… Marion Maréchal ralliera-t-elle Éric Zemmour ? “Je pense qu’elle était prête à le faire mais la position de son grand-père peut peser, elle pourrait ne pas aller plus loin que ce qu’elle a dit, elle a dit qu’elle ne voterait pas Marine et c’est déjà terrible”. Du terreau pour la recomposition de l’extrême droite à laquelle Robert Menard apportera sa pelletée, même si, promis, juré, il “n’aspire à rien”, même pas à prolonger à la mairie. Qu’il laisserait bien à sa femme.

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