« Nous travaillons en couple avec mon mari Benjamin Faucheron sur une exploitation de 60 ha de vigne. Nous avons chacun nos caractéristiques ce qui nous permet d’être complémentaires sur le domaine. Benjamin s’occupe de tout ce qui est machinisme et moi de la partie manuelle, de l’administratif et de la partie technique.»
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Comment devient–on viticulteur (trice) ?
Benjamin ne vient pas du monde agricole, il a fait des études pour travailler dans le bâtiment mais il a œuvré avec son père qui utilise beaucoup de machines du BTP donc pour tout ce qui est matériel, il est excellent. Puis, pendant 3 ans, mon père Pierre HUC l’a formé au métier de viticulteur, il lui a appris les bases (monter un plantier, tailler, traiter la vigne …). En complément, il a suivi des formations avec des techniciens du monde agricole.
Moi j’ai un parcours un peu plus classique, j’ai passé un Bac S (Biologie écologie), puis un BTS protection des cultures, et j’ai enchaîné une licence en « Agriculture Raisonnée » à Montpellier. Quand j’ai eu fini mes études, j’ai souhaité découvrir d’autres horizons avant de reprendre le domaine, aussi j’ai travaillé 4 ans en tant que technico-commerciale chez PERRET puis 4 ans chez Italpollina, un fabricant d’engrais organiques Italien. J’ai acquis de l’expérience auprès des viticulteurs/vignerons que je conseillais. Enfin, je me suis perfectionnée sur la partie fertilisation des sols et des plantes, très enrichissant.
La naissance d’une passion
En 2012, nous sommes venus vivre sur le domaine familial qui est dans ma famille depuis 4 générations. Benjamin a commencé à travailler sur le domaine en premier et en 2014 j’ai racheté la moitié de la SCEA Domaine de la Grande Canague. J’ai toujours aimé les vignes et j’ai vécu sur l’exploitation pendant toute mon enfance. J’allais aider mon père dès que j’étais en vacances et surtout pendant les vendanges à la cave. Ce métier est passionnant, on apprend tout le temps car chaque année est différente par rapport au climat, aux nouvelles technologies et puis notre métier change et évolue beaucoup ! Benjamin a toujours aimé la nature, le travail à l’extérieur et la mécanique. Il adore le matériel agricole, les nouvelles technologies. C’est pour lui un plaisir de travailler dans les vignes tous les jours, il n’est pas tombé dans la vigne dès son enfance comme moi, mais je pense qu’il est plus « viticulteur » que certains viticulteurs.
Pourquoi avoir choisi d’être coopérateur ?
Depuis quatre générations, nous réalisions le vin à la propriété sans effectuer de réels investissements à la cave. Et en 2017, quand nous avons visité la cave coopérative des Vignerons du Pays d’Ensérune (VPE), ça été une évidence que nous n’arriverions pas au même résultat en qualité aussi rapidement. Nous avons trouvé qu’elle était très innovante ayant effectué de nombreux investissements qui permettent une qualité de vin dont nous sommes fiers.
Les itinéraires techniques choisis
La spécificité de l’exploitation c’est que j’ai un ilot de 55 ha d’un seul tenant : c’est très pratique car je n’ai quasiment pas de voisin et nous gagnons beaucoup de temps !
Nous avons pris la décision de passer en AB en août 2017. Donc on sera certifié en 2020. Avant 2017, à l’initiative de mon père, on avait commencé à changer notre façon de fonctionner en modifiant notre itinéraire technique et nos méthodes culturales pour être plus respectueux de l’environnement. Lors de mon parcours professionnel, j’ai observé de nombreuses méthodes culturales que je peux appliquer. Par exemple, il y a 5 ans nous avons fini d’installer l’irrigation sur la totalité de l’exploitation. Pour être plus performant, nous avons installé des sondes pour piloter au mieux l’irrigation et faire des économies d’eau. Dans notre itinéraire technique en AB, nous ne voulons pas utiliser que du cuivre et du souffre. Nous utilisons beaucoup de produits avec des oligo-éléments d’une très bonne efficacité et surtout ça nous permet de réduire nos quantités de cuivre à l’hectare. Depuis mars 2017, nous avons mis en place la confusion sexuelle sur l’exploitation : excellents résultats ! Depuis que l’on confuse nous n’avons plus de problème de botrytis sur les blancs, je ne sais pas pourquoi on ne l’a pas fait avant ! Depuis l’année dernière, nous voulons développer “l’agriculture de conservation”, avec l’enherbement, un travail du sol plus réfléchi en fonction des parcelles… nous avons réalisé des profils de sol dans 3 parcelles différentes et nous avons constaté les dégâts occasionnés par certains outils dont la semelle de labour.
Vos motivations personnelles : pourquoi est-ce important de communiquer sur votre métier, vos pratiques ? Comment est venue l’idée de concourir à Miss/Mister France agricole ?
L’été dernier, nous nous sommes lancé le défi de faire des petites vidéos de 5 mn sur notre métier de viticulteur. Aussi, nous postons des vidéos toutes les semaines sur notre Chaîne YouTube ” La VitiBio d’Emilie et Benjamin” pour raconter ce que nous faisons sur l’exploitation. Nous parlons du matériel, de ce qui se passe au domaine, de la taille, de l’irrigation…
Il y avait déjà des agriculteurs qui réalisaient des vidéos dans lesquelles ils expliquaient leur métier au quotidien, mais pas des viticulteurs. Et puis on s’est rendu compte que les gens pensaient que notre travail s’arrêtait à la taille, aux traitements et aux vendanges. Donc on s’est lancé dans l’aventure de parler de nous au quotidien, et le public a adhéré : ceux qui nous suivent nous posent des questions, autant des agriculteurs que des consommateurs. Pour le concours de Miss et Mister France agricole, on est tombé dessus un peu par hasard mais il correspondait parfaitement au partage d’informations de notre chaîne YouTube.
Témoignage de Emilie Huc, propos recueilli par Pierre Michelot, conseiller viticole
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