En réaction au refus du commissaire à la citation, malgré une demande formulée par la FFR, son président Florian Grill souligne l’importance de la cohérence et de l’équité dans les décisions, sans pour autant remettre en cause l’arbitrage, ni l’indépendance des commissaires qu’il veut respecter. Il explique les contours du grand chantier de la FFR sur le sujet.
Comment avez-vous accueilli le refus du commissaire à la citation de ne pas faire comparaître en commission de discipline les trois joueurs irlandais coupables à vos yeux de fautes sur Antoine Dupont et Pierre-Louis Barassi ?
Le vrai sujet, c’est celui de la cohérence. Les décisions terrain des arbitres, comme celles des commissions, on les accepte et on les respecte. C’est le principe consubstantiel du rugby et sa grandeur. En revanche, l’enjeu est de s’assurer de la cohérence des décisions quand elles remontent au commissaire à la citation. Là, il y a un vrai travail à effectuer. Prenons la différence de traitement entre le cas de Romain Ntamack et Gary Ringrose, antérieure au match de samedi. Le problème, ce n’est pas la décision, c’est le manque de cohérence. Il est évident que ni l’un, ni l’autre n’auraient joué avec son club. Il y a donc un vrai problème de cohérence.
Et donc, comprenez-vous le choix du commissaire à la citation sur les trois joueurs irlandais Beirne, Porter et Nash ?
Le commissaire à la citation pouvait changer la décision s’il considérait que la faute justifiait un carton rouge. Le commissaire a confirmé les décisions terrain des arbitres. Nous ne polémiquerons pas, même si nous avions une analyse différente et qu’il faudra dans le futur plus clairement argumenter dès la citation. C’est un des éléments de notre chantier.
Quels sont les autres éléments ?
Nous avons commencé à faire un gros travail pour exister au sein de World Rugby. Des Français ont rejoint les groupes de travail et nous sommes plus écoutés dans la prise de décision stratégique. C’est un point positif mais il faut aller plus loin. Nous avons encore un gros travail à effectuer pour bien comprendre l’organisation des instances disciplinaires, l’organisation autour de ces commissaires à la citation, autour des commissions de discipline indépendantes, les modalités avec lesquelles ils prennent les décisions. Nous ne voulons pas polémiquer. En revanche, nous voulons nous assurer qu’il y ait un process garantissant la cohérence des décisions. Ça, c’est très important.
Mais encore ?
Déjà nous souhaitons mieux comprendre le fonctionnement régalien de World rugby et du Comité des 6 nations. Comment les commissaires à la citation sont désignés ? Y a-t-il des Français dans le panel des commissaires ? Quels outils utilisent-ils ? Ont-ils de la data à disposition ? Il est hors de question de remettre en cause l’arbitrage ou de remettre en cause l’indépendance des commissaires à la citation. En revanche, quand il y a citation, il pourrait être utile que le commissaire ait accès à de la data historique pour une plus grande cohérence des décisions. Est-ce le cas aujourd’hui, ? Je n’en suis pas sûr. Pourquoi ne pas les doter d’outils et de datas par rapport à un historique de décisions antérieures qui leur permettraient d’avoir des décisions plus cohérentes et rationnelles ? C’est en tout cas un nouveau chantier sur lequel nous allons travailler avec World Rugby et les 6 nations.
Déjà au lendemain de la Coupe du monde 2023 et notamment de la défaite du XV de France face à l’Afrique de Sud, vous aviez soulevé le sujet…
Notre influence dans les instances internationales est un travail de longue haleine. Le sportif est la priorité absolue, mais le chantier de l’influence comme celui du redressement financier de la FFR sont aussi des clés, si nous voulons être champions du Monde en 2027. La France peut beaucoup apporter au rugby mondial, mais nous devons le faire positivement et rationnellement, notamment en appuyant toutes nos propositions sur l’usage moderne de datas. Notre influence doit grandir. Nous n’allons pas gagner toutes les batailles du jour au lendemain, mais le chantier est ouvert et nous y travaillons sans relâche.
La stratégie de communication sur l’arbitrage du sélectionneur Fabien Galthié est-elle aussi orchestrée dans ce sens ?
Oui, ça a été décidé en concertation avec Jean-Marc Lhermet. La France est forte d’une organisation de Coupe du monde exceptionnelle, sauf sur le plan financier, forte d’une médaille d’or aux Jeux Olympiques qui a transformé le rugby à 7, forte d’une équipe à XV très performante, forte d’un jeu qui emballe les foules et qui correspond exactement à ce que souhaite World Rugby en termes de spectacle. Donc, on veut s’assurer d’une cohésion totale au niveau de la sécurité des joueurs et du respect des règles et de leur application cohérente. Aujourd’hui, World Rugby a deux priorités : le spectacle et la protection des joueurs. On répond totalement au cahier des charges. Nous avons donc des arguments à faire valoir. Il nous reste deux ans et demi avant la Coupe du monde pour faire avancer ce sujet.
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