Sur les 1 300 bateaux (péniches et autres) amarrés tout au long du canal du Midi, de Toulouse à l’étang de Thau, 120 sont sous procédure contentieuse. Dont trois péniches « épaves » qui appartiennent désormais à Voies navigables de France, le gestionnaire, qui devra procéder à leur retrait.
Le problème ne date pas d’aujourd’hui mais il persiste : ces péniches abandonnées par leur propriétaire, voire « épaves », stationnées sur le canal du Midi, à Béziers et ailleurs, qui polluent les eaux et la carte postale qui attire ; tout au long de l’année, de nombreux visiteurs.
« Sur les 1 300 bateaux (péniches et autres) amarrés sur le linéaire du canal du Midi, long de 270 km, s’étendant de Toulouse à l’étang de Thau, 700 appartiennent à des privés, le reste à des entreprises pour de la location. Sur ces 700, 550 sont stationnés dans des zones gérées par Voies navigables de France (VNF), le gestionnaire du canal du Midi, explique Frédéric Caumeil, responsable de l’unité Développement domaine à VNF, en charge de la gestion de l’occupation. Sur ces 550, 120 procédures contentieuses sont ouvertes à ce jour, soit environ 20 %. »
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Des procédures longues
L’une de ces péniches en situation irrégulière se trouve au niveau du rond-point Tabarly, non loin de l’Éperon biterrois. En très mauvais état. Coque rouillée, taguée de toute part, vitres cassées, elle a même été victime d’un feu, il y a cinq ans. Son histoire commence pourtant bien. « C’était au départ un bateau en situation régulière. Mais un jour, son propriétaire n’a plus donné signe de vie. Nous avons donc lancé une procédure pour d’abord tenter de régulariser la situation. Mais, entre-temps, le propriétaire a vendu. Et donc la procédure s’est éteinte. Et une deuxième a été lancée envers l’acquéreur pour qu’il libère l’espace public. Par chance, on avait le nom du nouveau propriétaire. » Ce qui n’est pas toujours le cas.
Quand VNF ne parvient pas à faire évacuer la péniche, l’Établissement public administratif (EPA) engage alors une démarche d’abandon pour devenir propriétaire de l’embarcation. Ce qui lui permet ensuite de procéder au « déchirage » (c’est ainsi que l’établissement nomme le retrait et la destruction de la péniche).
Cinq péniches devenues propriété de VNF destinées au « déchirage »
À ce jour, VNF a obtenu l’arrêté préfectoral d’abandon pour 5 péniches sur les 120 qui sont sous procédure contentieuse. Deux d’entre elles, qui stationnaient sur Cers, ne narguent plus les usagers du Canal, ou ceux de ses berges. Elles ont été retirées. « Les premières procédures avaient été engagées en 2018. » De la recherche du propriétaire jusqu’au retrait, en passant par la disponibilité des crédits pour le déchirage, six ans ont été nécessaires. « Cela nous a coûté, pour les deux bateaux, 245 000 euros. Une très grosse somme car il s’agissait de péniches de plus de 30 mètres que nous ne pouvons pas évacuer nous-même. Mais c’est le prix à payer pour ne pas altérer l’image du canal du Midi et ne pas le polluer. »
Mais cette somme peut cependant descendre entre 2 000 et 9 000 euros par bateau, selon son état. S’il mesure moins de 20 mètres et bat pavillon français, VNF peut se charger du retrait. « Car, dans ce cas, VNF paie l’évacuation et le transport jusqu’au centre agréé, qui lui, pour la destruction et le tri, se paie sur l’écotaxe. »
Il reste donc à VNF trois péniches à « déchirer » : l’une stationnée au niveau du rond-point Tabarly, une deuxième un peu plus loin, du côté du pont Rouge, la troisième encore plus loin, vers Sète.
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