Près de deux ans après cette découverte, l’enquête n’a pas permis de déterminer qui fournissait cet homme qui était alors auxiliaire d’étage au centre de détention du Gasquinoy. Il revendait aussi cocaïne, cigarettes et lames de scie.
Voilà qui devrait encore alimenter le débat sur la porosité de nos prisons et de l’ampleur des trafics qui s’y déroulent. Une enquête est en voie de s’achever à Béziers, sans véritable résultat, sur l’origine d’une découverte plutôt stupéfiante faite le 10 juin 2023 lors d’une fouille effectuée dans la cellule d’un détenu du centre pénitentiaire du Gasquinoy.
Thomas, 29 ans, originaire de Prades, dans les P.-O., qui purgeait des peines infligées pour des vols aggravés, est ce jour-là trouvé en possession de deux kilos de résine de cannabis, conditionnés en vingt plaquettes de 100 g, auxquels s’ajoutent 21 g de cocaïne, des paquets de cigarettes espagnols, ainsi que des lames de scie et de couteau.
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Des vidéos découvertes dans son téléphone portable
Interrogé, il se montre peu loquace, expliquant avoir récupéré ce stock deux jours plus tôt, que lui enverrait depuis l’extérieur, par projection, un complice dont il refuse de donner le nom. Sur son téléphone, les enquêteurs décrivent des vidéos montrant des jets de colis depuis l’extérieur, mais aussi des images d’autres produits stupéfiants, datant de plusieurs semaines. Il y a de nombreux contacts de détenus : « Des clients, pas des complices » assure-t-il.
Il y a aussi des annonces, sur un compte Snapchat, comme celle-ci qui montre une plaquette de cannabis. « 550 € la plaque ! Très bonne came ! » Les expertises confirment : le cannabis a un taux 33 % de THC, la substance psychotrope active du haschich, et la cocaïne est à 69 % de pureté.
Devant le juge d’instruction, il a répété avoir organisé tout seul l’envoi, la récupération et la revente de ces marchandises, des opérations sans doute facilitées par son poste d’auxiliaire, une fonction exercée par les détenus pour distribuer les repas ou le courrier, et qui donne une certaine liberté de déplacement dans les prisons à ces prisonniers choisis par l’administration pénitentiaire pour leur bon comportement.
« Cela dépasse l’entendement ! »
Et il donne ses tarifs : 50 € le gramme de cocaïne, 400 € le téléphone portable avec une carte SIM, pour un business qui durerait depuis plusieurs mois et que le régime de la prison de Béziers aurait rendu plus facile. « J’ai connu des prisons beaucoup plus rigoureuses en région parisienne » explique-t-il.
« Une fouille où on découvre deux kilos de cannabis dans une cellule, cela dépasse l’entendement » s’est exclamé l’avocat général mardi 18 février à la cour d’appel de Montpellier, où Thomas demandait sa remise en liberté, en produisant une attestation d’hébergement dans un village des Pyrénées-Orientales. « Ce lieu est tout proche de la frontière, des cigarettes et des stupéfiants espagnols » tique le magistrat.
« C’est pas parce que je veux revenir vivre chez moi que je vais y recréer un réseau de narcobanditisme » réplique avec aplomb Thomas. « Ni que toutes les personnes des Pyrénées-Orientales qui sortent de prison vont toutes devenir des Pablo Escobar. Je suis Catalan, je ne quitterai jamais ma terre. » Décision le 25 février
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