Commencé le 19 novembre, le festival Migrant’scène, porté par l’association La Cimade, qui vient en aide aux réfugiés, se déroule jusqu’au 4 décembre à Béziers et dans une centaine de villes en France, autour de la thématique : « Tissons demain ! Places aux alternatives, place à l’altérité ». Coup de projecteur sur ce festival et sa programmation, avec une bénévole historique et ancienne présidente de la Cimade à Béziers, Jackie Bosc. Entretien.
Depuis combien de temps ce festival, qui se déroule dans toute la France, existe ?
Ça fait plus de 20 ans. Tout a démarré à Toulouse, avec le groupe local, et à Béziers cela fait une quinzaine d’années qu’il se déroule grâce à une équipe d’une quarantaine de bénévoles, et chacun met la main à la pâte.
Qu’apporte ce festival, quel est son objectif ?
Mettre à l’honneur des talents de personnes migrantes, exilées, faire découvrir leurs capacités et leurs valeurs sur le plan artistique, culinaire… L’objectif est aussi de croiser des regards, de donner un rendez-vous pour que la migration ne soit pas perçue comme un danger, tel que les pouvoirs publics veulent le faire croire.
Quel est le profil des participants à ce festival ?
Le public est très divers, la plupart connaissent déjà la Cimade et son action auprès des exilés. Il y a des curieux qui souhaitent en savoir plus, qui ont découvert le rendez-vous par hasard ou via la presse. On a en général une centaine de personnes par évènement.
Au cours de ce festival, on retrouve des projections de films, documentaires ou fictions, comment avez-vous choisi ?
Avec la thématique « tissons des liens », on veut affirmer haut et fort qu’une société juste et solidaire est plus désirable qu’un monde déchiré par la haine et le rejet des autres. Nous choisissons ce qu’on veut mettre en avant en fonction du contexte local et de l’actualité. Par exemple, le documentaire « Enfants enfermés », projeté le 22 novembre et suivi d’un débat, faisait écho avec le projet de création du centre de rétention administrative à Béziers, où seront enfermées des personnes, dont des enfants, n’ayant pas une situation administrative régulière. Ce qui occasionnera des souffrances psychiques et des traumatismes. C’est dur d’imaginer un enfant scolarisé en CE1 ou au CE2 propulsé au milieu de barbelés du jour au lendemain.
Quels autres films seront projetés ?
Le 27 novembre, on fera découvrir au public le film « Frémont » qui évoque le parcours, aux États-Unis, d’une réfugiée afghane qui travaille dans une fabrique de biscuits contenant des petits messages. Son patron lui en confie la rédaction, ce qui va bouleverser sa routine. Nous verrons aussi le documentaire « Yallah Gaza », le 4 décembre, qui a été tourné avant le drame du 7 octobre. Il présente la situation à Gaza, et tout le cheminement qui a mené le peuple palestinien vers la résistance, avec une espérance et une foi inébranlable. Le film illustre comment un peuple sous oppression, enfermé par un blocus, ne peut pas se projeter dans l’avenir et se dirige irrémédiablement vers des situations dramatiques.
« La Cuisine d’Ailleurs » est également mise à l’honneur à travers une exposition photo et peinture ?
Oui, les œuvres retracent le parcours d’exilés participants à cet atelier qui fonctionne depuis plusieurs années à la Cimade, et qui offre la possibilité aux exilés qu’ils soient Albanais, Sénégalais, Afghans, de faire connaître leur cuisine, leur savoir-faire manuel, leur dextérité. Il y a l’idée du partage à partir de quelque chose de très familier qu’est la cuisine. Au fil des années, cet atelier a pris de l’ampleur et s’est structuré en proposant des repas, il fonctionne comme un traiteur. Il y a une démarche de vivre ensemble, d’intégration et de professionnalisation, à travers l’apprentissage notamment de gestes, et tout ce qu’il y a autour de la cuisine, les normes d’hygiène, comment travailler le service client, la comptabilité… etc.
Quelles traces laisse ce festival tout au long de l’année ?
À l’année, on fait de la sensibilisation en milieu scolaire, on sème des graines. Et globalement on sent qu’un cheminement se fait. On s’aperçoit que le volume de bénévoles et de salariés augmente de façon conséquente.
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