Ouest Hérault : un chantier hors normes dans les entrailles de l’usine hydroélectrique EDF de Montahut

La première tranche du chantier de maintenance et de rénovation, conduit cette année de mars à octobre, a permis à la centrale hydroélectrique EDF de passer en mode surpuissance avec, à la clé, la possibilité de produire plus d’électricité en consommant moins d’eau.  

Dans les entrailles de la montagne, à 60 mètres de profondeur, le bruit devient assourdissant. Gare à celui qui a oublié ses bouchons d’oreille ! Bienvenue dans l’usine souterraine hydroélectrique EDF de Montahut, à Mons-la-Trivalle. Mise en service en 1966, celle-ci termine actuellement sa première « campagne de surpuissance », une opération de maintenance de l’ouvrage mais aussi et surtout de rénovation et d’amélioration de ses performances – la livraison officielle interviendra vendredi 27 novembre.

Un chantier d’envergure, d’une technicité folle, d’un montant de 35 millions d’euros, qui permet d’ores et déjà de « pimper » la centrale en magnifiant sa puissance, qui passe de 90 MW à 96 MW. « Ça a l’air modeste, dit comme ça, mais ces 6 MW supplémentaires vont permettre une augmentation de 6,7 % de puissance maximale, indique Christophe Cortie, directeur EDF Hydro des vallées du Tarn et de l’Agout.

Produire plus d’électricité avec moins d’eau

« C’est surtout une amélioration du rendement de la machine qui va produire plus d’électricité en utilisant moins d’eau. Ce qui est un enjeu environnemental fondamental pour nous, aujourd’hui. Ça nous permet de renforcer notre production d’électricité décarbonée, flexible et pilotable ». L’hydroélectricité représente aujourd’hui 12 % de la production électrique annuelle française, « mais elle peut monter jusqu’à 25 % lors de pics de consommation. C’est la seule énergie renouvelable, qui est aussi stockable et pilotable grâce aux barrages ».

À Montahut, le chantier a nécessité un investissement humain, logistique et technique sans précédent. Il faut imaginer « qu’il y avait plus d’une vingtaine d’entreprises prestataires dans un espace réduit et contraint où il a fallu manutentionner des pièces très lourdes, jusqu’à 80 tonnes, souligne Jean-Michel Bonneviale, chef de projet du centre EDF d’ingénierie hydraulique. Un vrai jeu de Tetris pour faire rentrer tous les équipements et tous les opérateurs dans cette centrale ».

Comme une roue de moulin

Concrètement, l’eau arrive dans la centrale par une conduite forcée qui se sépare en deux arrivées d’eau alimentant deux turbines. Cette année, c’est la deuxième, dite groupe G2, qui a été entièrement revue et a nécessité son arrêt durant neuf mois. La vanne de pied, un beau bébé de 12 tonnes qui fait office « de gros robinet par où l’eau arrive », a été démontée et emportée dans les ateliers d’EDF GMH Valentine. « Elle n’a pas été remplacée mais rénovée par fabrication additive, une technologie similaire à une imprimante 3D, avant d’être usinée aux bonnes cotes, puis remontée. »

Quant à la turbine proprement dite du G2, il a fallu la démonter. « Il faut imaginer le mécanisme comme celui d’un moulin, poursuit Benoît Pecoll, responsable du groupement d’usines de Montahut. Il y une roue – ici, on utilise une roue Pelton – équipée de cuillères. L’eau passe par cinq injecteurs qui tapent dans les cuillères qui font tourner la roue. Une fois en rotation, la roue fait tourner le rotor de l’alternateur, qui évolue au centre du stator, la partie fixe, et c’est ce qui crée l’électricité. »

De l’horlogerie de précision

Les proportions de ces éléments sont bien évidemment hors normes : la roue fait 5 tonnes quand le rotor, lui, accuse un poids de 80 tonnes et atteint, une fois lancé, la vitesse de 500 tours/minute. « Avec ce poids en rotation, inutile de vous dire qu’il faut que tout soit réglé au 10e de millimètre près. Cela relève de l’horlogerie de précision ». Ce sont les mécaniciens d’EDF qui ont assuré le démontage et remontage de la « bête » et l’entreprise Omexom qui s’est chargée de la construction du nouvel alternateur. « Tout a été construit sur place, avec 55 000 petites pièces à assembler pour constituer le circuit magnétique, soit 6 mois de boulot pour cinq personnes ».

Un beau jeu de Lego qui permet à la centrale, désormais en phase de surpuissance, d’envisager sereinement l’hiver et ses rigueurs. Avant la poursuite des travaux en 2026.

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Le décapage high-tech de la conduite forcée

La conduite forcée consiste en un tuyau métallique aérien qui plonge vers Montahut. « Il faut donc la protéger avec une peinture intérieure et extérieure. Or, le revêtement intérieur était en fin de vie au bout de 60 ans et il a donc fallu le remplacer en décapant la conduite », précise Jean-Michel Bonneviale, chef de projet du centre EDF d’ingénierie hydraulique. Sachant que les peintures de l’époque recelaient des charges d’amiante, « tout le décapage a été réalisé par des robots, sorte de gros karchers qui projetaient de l’eau à 2 500- 3 000 bars de pression. Non seulement, ça protège les salariés mais ça permet aussi de réduire les déchets ». Soit environ 4 kg/m2, qui sont traités comme des déchets amiantés. « Si on avait décapé par sablage, on serait à 80 kg/m2 de déchets ».
Au total, 60 tonnes de déchets amiantés ont été récupérées. En outre, le chantier a été alimenté de façon électrique, « pour faire un chantier propre et éviter des groupes électrogènes dans ce secteur sensible du parc naturel du Haut-Languedoc ». Ensuite, la première couche utilisée par l’entreprise Lassarat était de couleur… rose, « ce qui permet de faire ressortir les défauts d’application et lorsque la couche finale, de couleur bleue, est appliquée, ça permet de faire ressortir les manques ». La couleur rose layette est aussi très utile car, selon l’entreprise, c’est la seule qu’on ne vient pas lui voler sur les chantiers…

Il y a de l’électricité dans l’eau

Caractéristiques. L’usine souterraine de Montahut est l’une des plus puissantes usines hydroélectriques du pays. Elle produit en moyenne 216 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle en électricité d’une ville comme Béziers, par exemple.

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Galerie. L’eau acheminée depuis le lac de Laouzas passe d’abord par une galerie de 15 km de long, qui arrive tout en haut du plateau de l’Espinouse. Celle-ci est parfois à l’état brut et parfois « maçonnée » par endroits. La galerie a été rénovée en 2024, avec 7 tonnes de mortier utilisées. Elle est reliée à la conduite forcée, un tuyau métallique qui met l’eau en pression 600 mètres plus bas.

Calendrier. Les travaux ont débuté en 2023 avec le remplacement du transformateur du groupe 2 et la construction du stator (partie fixe) de l’alternateur G2. En 2024, rénovation de la peinture de la conduite forcée et travaux de rénovation dans la galerie. Surpuissance du G2 (alternateur et turbine et rénovation de la vanne de pied). En 2025, construction du stator de l’alternateur G1. 2026 : rénovation de la peinture de la conduite forcée et surpuissance du G1.

Économie. Ce chantier de 35 M€ a réuni jusqu’à 75 personnes, au lieu de 12 habituellement. 35 % de la somme sont allés à des entreprises régionales et 15 % à des locales. Sans compter les retombées économiques indirectes pour le territoire, en termes d’hôtellerie et restauration.

https://www.midilibre.fr/2024/11/22/ouest-herault-un-chantier-hors-normes-dans-les-entrailles-de-lusine-hydroelectrique-edf-de-montahut-12338642.php

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