« Je passe mon temps à dépolariser » : le rappeur Médine, en mode acoustique, sur la scène de la Cigalière à Sérignan

À l’occasion de ses 20 ans de carrière, l’artiste rappeur du Havre a entamé une tournée acoustique et sera sur la scène de la Cigalière, à Sérignan, ce samedi 16 novembre. Accompagné de deux musiciens, il revisite une sélection de 20 titres puisés dans son répertoire de plus de 300 chansons, pour livrer un concert dans une formule intimiste, propice à l’échange avec le public. Entretien.

Pour cette tournée, vous avez choisi une formule intimiste, comment se déroule le spectacle ?

On interprète à la voix, au clavier et à la guitare, 20 titres puisés dans mon répertoire composé de 300 morceaux. La metteuse en scène – Laëtitia Botella – m’a aidé à écrire certains interludes qui viennent ponctuer les morceaux. Le concert est rythmé par des moments théâtralisés et des interactions, dans un esprit spontané avec le public qui me suit depuis une vingtaine d’années. Certains viennent avec leurs enfants, d’autres avec leurs parents, c’est très familial et chaque concert est unique.

Ça vous a permis de redécouvrir votre répertoire, sous un autre angle ?

Oui, il y a des constructions de phrase que j’avais oubliées, des traits d »humour aussi. C’est satisfaisant de les faire redécouvrir et de voir qu’ils ont une résonance parfois similaire avec l’époque où je les ai écrits, ou au contraire, différente.

Vous avez une longue carrière, connu l’évolution du rap en tant qu’art mais aussi en tant qu’industrie, à quel point cela a changé ?

En tant qu’art, le rap se renouvelle perpétuellement, c’est une musique organique et c’est très stimulant. En tant qu’industrie, j’ai vu la pyramide s’inverser. Il y a une vingtaine d’années, les maisons de disques étaient au sommet et récoltaient la plus grosse part du gâteau, les artistes percevaient entre 10 % et 15 % dans le meilleur des cas. Aujourd’hui, les artistes rap sont devenus des producteurs qui maîtrisent tout le maillon de la chaîne. Ils ont renversé la pyramide et touchent la plus grosse part du fruit de leur travail.

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« Je préfère regretter mes discours plutôt que de regretter mes silences », c’est une phrase tirée d’un de vos morceaux. Aujourd’hui la société est polarisée. Est-ce qu’il est plus difficile en 2024 d’être un artiste engagé ?

D’un point de vue artistique, c’est stimulant, ce nouveau challenge avec lequel il faut avancer. Je comprends qu’il y a des phrases qui peuvent être récupérées, instrumentalisées, alors j’essaye d’être un équilibriste de la langue française, tout en dénonçant des situations injustes. Ça a toujours été difficile, pour un racisé, d’avoir une parole publique, parce qu’on nous demande une certaine pureté militante, politique et il faudrait être irréprochable pour pouvoir avoir le droit de s’exprimer. On est souvent ramenés aux quartiers populaires, au fait d’être arabes, musulmans, on nous juge d’un bloc, sans jamais penser qu’il y a des nuances, de l’auto critique au sein des communautés. On n’accorde pas au public du rap la même distance et la même intelligence qu’on accorde au public du rock, de l’electro. Les consommateurs de rap seraient dénués de distance mais c’est insulter le public de la musique la plus écoutée en France. Je passe mon temps à dépolariser des situations, à trouver de la nuance dans la nuance. J’ai le privilège de pouvoir critiquer ces situations tandis que d’autres sont réduits au silence alors qu’ils subissent les mêmes violences que moi. Ça fait vingt ans que je suis au cœur de sujets clivants, je vois des gens se démotiver, considérer que le temps du dialogue est terminé, moi j’ai encore la chance de pouvoir nuancer mes propos.

« Jeunes d’Oc », groupuscule identitaire veut faire annuler le concert de Médine à Sérignan

Le groupuscule identitaire, « Les Jeunes d’Oc », connu pour des agressions et des intimidations de militants de gauche en marge de manifestations (selon les enquêtes de nos confrères de Libération et Street-Press), a lancé une pétition en ligne pour demander l’annulation du concert Médine, l’accusant de « racisme anti-blanc » dans ses textes de rap. Anthony Lacoste, porte-parole de « Jeunes d’Oc » conteste : « Nous n’avons jamais été impliqués dans de tels actes. Nous étions présents lors de la manifestation, mais les agresseurs sont des individus extérieurs, sans aucun lien avec notre mouvement (…) ». 

Leur pétition est soutenue par le conseiller régional biterrois Franck Manogil, membre du parti de Marion Maréchal le Pen, qui estime que : « Médine tient des propos ambigus ». De son côté, la salle de spectacle, La Cigalière, estime que : « Cette pétition est un non-phénomène ».

Concert acoustique de Médine : à 20 h 30, samedi 16 novembre, à la Cigalière de Sérignan. Billets entre 18,70 € et 37,40 €

https://www.midilibre.fr/2024/11/15/je-passe-mon-temps-a-depolariser-le-rappeur-medine-en-mode-acoustique-sur-la-scene-de-la-cigaliere-a-serignan-12323311.php

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