Dans l’affaire Jegou-Auradou, le témoignage du chauffeur de taxi ayant transporté la plaignante depuis l’hôtel jusqu’à son domicile, après les faits supposés, jette le trouble sur la version de l’avocate de la plaignante. Explications.
Chaque jour qui passe apporte son lot de nouveaux éléments dans la principale affaire qui frappe actuellement le rugby français. Cette fois, c’est le témoignage du chauffeur de taxi ayant transporté la plaignante depuis l’hôtel jusqu’à son domicile, après les faits supposés, qui jette le trouble sur la version de l’avocate de plaignante.
Maître Natacha Romano avait très vite dénoncé un véritable passage à tabac et des actes d’une grande violence sur sa cliente, assurant que cette dernière avait un « cocard ». Des faits qui seraient survenus dans l’intimité de la chambre du Diplomatic Hôtel. Or, à la sortie de son audience mardi, le chauffeur de taxi a été interrogé par les journalistes présents. L’échange fut bref, mais significatif. En voici l’intégralité.
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Le témoignage du chauffeur de taxi
Chauffeur de taxi : « Je ne me souviens pas de tous les voyages que je fais. Je n’ai rien vu. C’était un voyage normal ».
Journaliste : « Est-ce que vous avez été amené à parler avec ces gens qui parlent français (les rugbymen) ? »
Chauffeur de taxi : « Non, je n’ai parlé à personne. »
Journaliste : « Avez-vous raccompagné la femme à l’hôtel ? Et comment l’avez-vous vue, avez-vous vu quelque chose ? »
Chauffeur de taxi : « Non, je n’ai rien vu. »
Journaliste: « Avait-elle l’air d’avoir été frappée ? »
Chauffeur de taxi: « Non. »
Journaliste: « Rien d’étrange ne semblait lui être arrivé ? »
Chauffeur de taxi: « Non, elle avait l’air d’une femme tout-à-fait normale. »
Journaliste: « Avait-elle un œil au beurre noir ? »
Chauffeur de taxi: « Non. »
Journaliste: « Elle n’avait pas d’oeil au beurre noir ni de marque de coups ? Vous ne vous souvenez pas ? »
Chauffeur de taxi: « Je ne sais pas ! Parfois les passagers montent derrière, parfois ils montent devant. »
Journaliste: « Et elle est montée derrière ? »
Chauffeur de taxi: « Oui. »
Journaliste: « Vous avez remarqué quelque chose ? »
Chauffeur de taxi: « Non. »
Journaliste: « Est-ce qu’elle vous a parlé ? »
Chauffeur de taxi: « Non. »
La version de la plaignante remise en cause
Selon plusieurs témoins, à l’issue de cet échange, le chauffeur de taxi s’est éloigné en proférant quelques insultes en direction des journalistes. Il n’empêche. Si ce témoin important a tenu les mêmes propos lors de son audition, ils remettent fortement en cause les propos de l’avocate de la plaignante Natacha Romano, au moins pour ce qui est de la violence et des coups portés.
Me Rafael Cuneo Libarona, en charge de leur défense, a confirmé, toujours dans un entretien accordé à l’Agence France Presse, que la version de ses clients n’a pas varié. À la question « Les joueurs clament-ils toujours leur innocence ? » Il a répondu ceci : « Plus que jamais, parce que de nouvelles preuves apparaissent, des vidéos et des images sortent tous les jours et la technologie nous aide et nous permet de structurer un principe d’innocence très fort. »
« Des preuves très, très importantes sont apparues »
Pour rappel, Hugo Auradou et Oscar Jegou sont inculpés pour viol aggravé, car commis en réunion. Ils encourent de huit à vingt ans de prison s’ils sont reconnus coupables par la justice argentine à l’issue du procès qui se dessine et sont toujours retenus en cellule à Mendoza, en attendant une éventuelle décision leur permettant de poursuivre leur détention dans le cadre d’une « assignation à résidence ».
Toutefois, dans une interview accordée à l’AFP, Me Rafael Cuneo Libarona, l’avocat argentin des deux internationaux français, considérés toujours à cette heure comme des « pépites », sur le plan sportif, aux yeux du sélectionneur Fabien Galthié, a affirmé que « des preuves très, très importantes sont apparues » concernant l’innocence de ses deux clients. Et pour cause. Les deux joueurs de 20 et 21 ans affirment depuis le début que la relation sexuelle avec la plaignante était consentie et nient toute forme de violence.
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