L’unique vétérinaire de Saint-Pons-de-Thomières, au nord-ouest de Béziers, est sur le point de prendre sa retraite et son départ suscite déjà des inquiétudes du côté des éleveurs, car aucun repreneur n’a été trouvé à ce jour.
Koen Goovaerts, d’origine flamande, est le seul vétérinaire dans un rayon de 25-30 km. Le professionnel qui vient de fêter ses 65 ans a pourtant multiplié les annonces dans l’espoir d’assurer la relève, d’abord dans une revue spécialisée, ensuite dans plusieurs pays comme en Belgique, au Pays-Bas, en Hongrie ou encore en Espagne. En vain.
Contenus de la page
Les déserts médicaux concernent aussi les vétérinaires
Koen Goovaerts s’est installé à Saint-Pons-de-Thomières en 1988. Il a repris ce cabinet avec son ex-femme, mais aujourd’hui il travaille seul avec deux assistants. Il n’envisage pas de prolonger son activité au-delà de 2026 même s’il ne trouve personne.
“Il est temps pour moi de passer la main, de passer à autre chose. Être vétérinaire en zone rurale demande une implication totale car il faut être disponible de jour comme de nuit et les weekends. Le métier est passionnant, mais il est temps de partir. J’espère évidemment pouvoir trouver quelqu’un, aussi bien pour moi-même, afin que je puisse donner mon bébé, parce que c’est un peu ça. Mais surtout pour que ma clientèle ne se retrouve pas sans service vétérinaire. Surtout pour les urgences. Je connais des professionnels en zone rurale qui rencontrent les mêmes difficultés. Certains continuent parce qu’ils ont la passion et ne sont pas trop fatigués. D’autres arrêtent, car ce n’est plus possible.”
loading
Koen Goovaerts a entamé ses recherches il y a deux ans. Un tentative de reprise n’a pas abouti. *”J’**avais en effet trouvé des confrères. Ils étaient intéressés, mais cela ne s’est pas fait car ils n’ont pas trouvé de remplaçants. En zone rurale, *c’est le même problème que chez les médecins. Les gens ne veulent pas trop travailler dans le rural. Mon cabinet est vraiment isolé vis-à-vis des autres. Le plus proche vétérinaire est à 25 km. Mais les autres cabinets sont à plus de 40 minutes. Un professionnel qui vient s’installer ici, risque d’être vraiment sollicité. Cette pénurie de vétérinaire en zone rurale ne date pas d’aujourd’hui.”
La pénurie de vétérinaire à la campagne touche toute la France avec des territoires écarlates. Les conséquences peuvent avoir des conséquences graves, notamment auprès des éleveurs de vaches, moutons ou chevaux.
“Le vétérinaire est indispensable dans une activité comme la nôtre”
“Ce départ à la retraite m’inquiète et ne me laisse pas indifférente” confie Mimsy Randon. Cette éleveuse de poneys et de chevaux (Terres de Balzans) accueille une centaine de bêtes dans son exploitation de Courniou, près de Saint-Pons-de-Thomières. “S’il ne trouve pas de repreneur, nous n’aurons aucun vétérinaire à moins de 40-45 minutes. C’est compliqué. C’est inquiétant pour les urgences. Je ne suis pas la seule à m’inquiéter dans le secteur”.
loading
Plus d’un Français sur deux possède un animal de compagnie
En 2022, il manquait 2.700 vétérinaires en France d’après l’Observatoire national démographique de la profession. La pénurie serait bien plus marquée en milieu rural. Face à cette situation, le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire a engagé, il y a deux ans, un plan de renforcement des écoles vétérinaires. À l’horizon 2030, quelque 840 vétérinaires seront formés en France soit 75 % de plus qu’en 2017.
Sur les 19.000 vétérinaires exerçant en France, seul un tiers d’entre eux exerce à la campagne
La majorité des nouveaux vétérinaires n’a pas été formé en France. Quasiment un sur deux, inscrit à l’Ordre national, est diplômé d’une école à l’étranger, majoritairement en Belgique, en Espagne et en Roumanie. Le métier suscite bien plus intérêt que le nombre de places disponibles dans les instituts de formation.
.