L’artiste toulousaine Heeka sort son premier album. Un univers très personnel et une voix qui peut vous toucher dans la douceur et vous emporter dans la fureur. Pour appuyer ce disque, elle a également publié plusieurs clips très esthétiques et étonnants. “Plus jeune, j’étais ultra timide. J’arrivais pas à jouer un morceau de piano devant les gens tellement j’étais stressée.” Et pourtant, quand on la voit sur scène…
Aux premières notes de son album “The Haunted Lemon”, la légèreté et les voix multiples s’invitent sur “My Little Mushroom”. Une petite cantate aux voix éthérées et envoûtantes qui rappellent certains titres de Yael Naim. “Il y a beaucoup de petits morceaux où je fais tout à la voix. Je trouve ça très riche. C’est un morceau que j’ai composé dans ma voiture.”
Elle devait être circassienne et un accident en a décidé autrement. Hanneke Hanegraef est Flamande. Faute de pouvoir faire du cirque, c’est la musique qui refait surface. Hanneke devient HEEKA et rapidement, elle sort un premier EP. “Tout est allé très vite. J’avais mon équipe depuis 2 mois lorsque nous avons commencé à enregistrer dans les conditions du live”.
Fin 2020, sort “Black Dust”, un opus folk blues très prometteur avec un son et une voix dans les rondeurs.
Avec son premier disque “The Haunted Lemon”, changement de direction. Si la douceur et la rondeur sont bien là sur les 2 premiers morceaux, la fureur et le son plus dur prennent place. Et sur “Look In His Eyes” enregistré dans les conditions du live, la fusion l’emporte.
La douceur et la fureur. “C’est un dilemme sur cet album. Il y a du live bien rock. J’adore ça et cet univers me parle beaucoup mais j’ai un amour pour les nuances. Passer du très doux au mur de son, c’est aussi ce que j’aime. J’ai découvert le groupe Amenra en live au Metronum de Toulouse. J’y étais allée par hasard et j’ai pris la claque de ma vie. C’est dingue au niveau des nuances et ça pète la seconde d’après. J’ai voulu assumer ces 2 univers complémentaires.”
“The Haunted Lemon” a été enregistré pendant un an au studio Briat à côté de Montpellier et au studio Mirador pour les prises live de 2 morceaux. Sylvain Briat est le coréalisateur de l’album enregistré. “C’est un studio autonome, en résidence enregistrement. Il n’y avait pas d’horaires, on avait le temps. L’album sonne différemment pour ces raisons. Il y a des talons de chaussures, on a tapé sur un plat à tartes. Tout ce qu’on entend est acoustique, il n’y a pas de samples.”
Si le fil rouge de l’album est bien la voix, parfois lâchée, parfois retenue pour susciter l’émotion, le disque vaut aussi pour ses qualités musicales. On retrouve Manu Panier à la basse, Pablo Echarri à la batterie et le piano sur “The Haunted Lemon”, Sam Deverell aux guitares électriques et Heeka : guitare électrique, folk. “Enfant, j’avais un piano chez moi. J’ai voulu ensuite me consacrer au cirque. Vers mes 17 ans, j’ai recommencé à faire de la musique. Je faisais un peu de piano. Je n’arrivais pas à jouer un morceau devant les gens tellement j’étais stressée.”
Autodidacte au piano puis à la guitare qu’elle a commencée pour le projet Heeka. Elle s’est aussi intéressée aux clips.
Le magnifique, “Citron hanté” a donné son titre à l’album. Un morceau tout en équilibre, une atmosphère troublante, une voix qui s’envole pour tutoyer les esprits et un piano lumineux qui donne la direction. Le citron est la métaphore d’un trauma persistant et insistant. “Histoire est amusante : un jour j’étais coincée avec un trauma. J’ai entendu une émission sur le fait de mettre les mauvaises choses qui nous dérangent dans un objet et de le jeter. J’ai vu ce citron et j’ai dit : allez : j’y mets tous les trucs négatifs. J’ai jeté ce citron au fond du jardin. Je suis allée me coucher et je me retrouve le lendemain nez à nez dans un couloir avec ce citron, sur une valise noire. Quelqu’un a dû le trouver et le ramener là.”
Ce clip haut de gamme est signé Dorian Dekeiser assisté de Guillame Imbert de la jeune société toulousaine Skopika. “C’est un travail très chouette, ils sont très à l’écoute des artistes. Le clip a été tourné au château du Falga (31) chez une dame qui nous a accueillis. C’était un gros tournage avec beaucoup de figurants.” La même équipe avait auparavant fait un clip très original sur le titre “Useless”.
Les textes de l’album parlent d’histoires perso, mais aussi de problèmes de société comme les violences conjugales dans “Dancing In The Dark”. “Les textes parlent de choses que j’ai dû surmonter en musique mais aussi d’histoire où je me mets à l’écart. Par exemple Useless qui veut donc dire inutile. Je suis assez incarnée dans ce que je fais et là, parler d’inutilité, c’est dur à interpréter car c’est du vide. La solution a été de m’asseoir dans un canapé et de chanter ce morceau. C’était long car on n’arrivait pas à trouver. Je ne suis pas allée chercher la beauté mais l’inutilité. Les textes me portent beaucoup.”
À chaque fois, l’authenticité, l’émotion, le frisson ou le démon qui emporte tout sur certains morceaux. La voix d’Heeka est un instrument qui s’intègre parfaitement à l’univers sonore très personnel qui croise quand même quelques influences comme la londonienne Anna B Savage ou PJ Harvey. “Je n’ai pas écouté beaucoup de choses, je ne suis pas vraiment mélomane mais j’ai découvert des groupes : All Them Witches, Amenra, The Weils ou encore Piers Faccini qui vient des Cévennes. Je m’aperçois que ce sont que des groupes de mecs !”
Rappel des faits : Heeka est très timide. Pas flagrant lorsqu’on regarde cette vidéo. Une véritable déferlante de sons et d’énergie sur le titre “The Blue Door” avec son quartet enregistré au Metronum de Toulouse en 2024.
“Je stressais au début. Je me suis mis un coup de pied aux fesses. Je me sens bien maintenant. On me demandait si j’étais un personnage sur scène mais non c’est moi-même. Je trouve mon équilibre entre la scène avec mon côté “dark” et la vie de tous les jours où je suis assez solaire. Je n’ai plus peur sur scène mais curieusement, la timidité revient entre les morceaux.”
Sur scène ou en studio, la voltigeuse a trouvé son équilibre. Ce premier album de haute volée regorge de petits bijoux variés. “The Haunted Lemon” devrait assez souvent venir hanter et réveiller les oreilles avides de découvertes.
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