Il y a un an, le 1er juin, cet hôtel ouvrait dans l’ancien pénitencier de la ville. Aujourd’hui, des touristes font le détour pour dormir en cellule.
Transformer la prison de Béziers en hôtel-restaurant de 50 chambres et 60 couverts ? Le pari semblait fou. L’ancien édifice construit en 1857, qui jouxte la cathédrale, était désaffecté depuis 2009 et l’inauguration du nouveau centre pénitentiaire. Les contraintes liées à un bâtiment classé monument historique, ajoutées aux difficultés d’accès pour des engins de chantier, avaient de quoi décourager les entrepreneurs face aux 18 mois de travaux prévus. Même les lits ont dû être montés depuis la route par une grue ! Et pourtant, après 8 millions d’euros dépensés, et un an après l’ouverture, le 1er juin 2023, le pari est réussi.
« Nous avons des touristes qui viennent du monde entier, spécifiquement ici, pour dormir dans les anciennes cellules, se félicite Samantha de Castro, directrice et associée. Côté fréquentation, elle oscille entre 50 % au creux de l’hiver et 100 % au cœur de l’été. « En ce moment nous sommes à 70 %, ce qui est comparable aux autres hôtels de Béziers. » Autre satisfecit : « Nous sommes passés de séjours d’une nuit – l’effet curiosité – à des hôtes qui restent plus longtemps ».
Il faut dire que le lieu est unique. Le premier coup d’œil dans l’atrium, autour duquel les cellules sont reparties sur deux niveaux, plonge tout de suite le visiteur dans l’ambiance carcérale. Derrière une double porte, dont une est d’origine, les clients découvrent un espace voûté de 16 m2, (la nuit est facturée de 80 à 110 euros pour deux) où les anciens graffitis des taulards sont prolongés par des dessins d’artistes. La prison est bien là, mais version trois étoiles : les fenêtres ont été agrandies, et une demi-cellule accueille la salle de bains.
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Ambiance, art, événements…
« Nous avons aussi des chambres plus classiques, dans d’anciens bureaux ou locaux administratifs, ajoute la directrice. Comme nous avons une surface totale de 3 000 m2, il y a plusieurs ambiances au choix, de la cellule aux murs bruts, monacale, à la suite repeinte avec des meubles chinés. » Dans les espaces communs, de nombreuses œuvres d’art et des tapis colorés font de la Prison « un lieu lumineux et joyeux ». Il accueille régulièrement séminaires, mariages, baptêmes et anniversaires. Récemment, une fête a été organisée par un groupe de femmes déguisées en bagnards, qui se sont fondues aisément dans le décor : la pierre brute, les anciennes tomettes ocre et les grilles rouillées des cachots rappellent partout où nous sommes.
Chaque espace a été conservé, mais a trouvé un nouvel usage. Les cours de promenade, en « camembert », abritent une salle de dégustation ou des réserves. Un couloir de nage a été aménagé sur une coursive extérieure. Mais le plus étonnant reste la vue, ou plutôt les vues. Que ce soit sur la place de la cathédrale ou sur l’Orb, la Prison offre un point de vue unique sur la ville, du lever au coucher du soleil.
Une relation avec Béziers, et les Biterrois, que Samantha de Castro cultive depuis l’ouverture de l’établissement. « Nous accueillons régulièrement des expositions, des musiciens, et les visites de l’office du tourisme ». Parmi ces hôtes, il y a les gardiens à la retraite qui viennent évoquer leurs souvenirs. Mais aussi, parfois, les anciens détenus : « Ils nous disent qu’ils ont vécu là un moment, ils demandent à voir une cellule particulière… Ce n’est jamais dit ouvertement, mais on sait tout de suite qui ils sont. »
Un groupe solide
L’hôtel la Prison et ses 36 salariés font partie du groupe parisien Mando hospitality, co-fondé par l’acteur Christophe Lambert. Il est spécialisé dans les lieux « atypiques », comme l’hôtel Louvre-Richelieu et le café de la Musique à Paris, le rooftop des réformés à Marseille. Dans la région, il gère aussi le bistrot d’O, le Mas de la Feuillade et le Café Pitot à Montpellier ; la Pétanque à Grabels,
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