Entre fiction et réalité historique, la compagnie Paname Pilotis, actuellement en résidence aux Franciscains, met en lumière la vie d’Irena Sendler, une infirmière et résistante polonaise qui a sauvé 2 500 enfants juifs du Ghetto de Varsovie.
Ces héros oubliés… La prochaine création de la compagnie Paname Pilotis, actuellement en résidence au Théâtre des Franciscains de Béziers, sera assurément une pépite à ne pas manquer à l’automne prochain – la première aura lieu à Marcoussis en octobre. Car Juste Irena, cette création pour le jeune public, est une ode au courage et à la tolérance. Un pari aussi : celui de raconter aux enfants l’histoire vraie d’Irena Sendler, une infirmière polonaise qui a sauvé 2 500 enfants juifs du Ghetto de Varsovie au cours de la Seconde Guerre mondiale.
La classe de CM2 de Nicolas Mallet (école Cordier), qui a été instituée comité de pilotage sur ce spectacle, a assisté à une répétition, participé à un atelier marionnettes et découvert le travail des comédiens ainsi que des métiers techniques (son et lumière). Tandis que Cédric Revollon, le metteur en scène, lors d’une “conférence de presse”, a retracé la genèse de ce projet.
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Comédiennes et marionnettes
“J’ai découvert, en 2008, une interview d’Irena Sendler – alors nommée au prix Nobel de la paix mais cette année-là, c’est Al Gore qui l’a obtenu, NDLR – et j’étais surpris de ne même pas connaître le nom et la vie de cette femme qui a sauvé tant d’enfants ! Avec Léonore Chaix, qui a écrit le texte de la pièce, on a donc fait des recherches et découvert l’existence de trois étudiantes américaines qui, à l’occasion d’un concours en histoire, ont exhumé de l’oubli le nom de cette résistante et l’ont finalement (re) mise en lumière”.
Avec Juste Irena, on suit ainsi le travail d’investigation mené par les étudiantes pendant qu’Irena, âgée de 94 ans, égrène ses souvenirs pour contrer sa mémoire qui s’effrite. Naviguant entre fiction et vérité historique, le spectacle croise aussi des comédiennes en chair et en os et des marionnettes.“La question était de savoir comment montrer cette histoire, aussi terrible que magnifique, aux enfants ?” Le médium de la marionnette s’est alors imposé car il permet de mettre l’horreur et la violence à distance tout en incluant une bonne dose de poésie.
La peur du loup
Quatre actrices jouent donc tous les personnages de 1939-45, tandis qu’Irena, les jeunes Américaines et tous les enfants du ghetto sont figurés par des marionnettes. Quant aux Nazis, “je ne pouvais pas me résoudre à les représenter comme des soldats, avec leurs uniformes et leurs képis, c’est pour cela qu’on a choisi l’image du loup, métaphore de la peur et de l’angoisse pour tous les enfants”.
Au-delà de l’évocation de cette période sombre de l’histoire du XXe siècle, la pièce aborde également la thématique de l’abandon, quand les parents confiaient leur enfant à Irena, sans savoir s’ils le reverraient jamais. “C’est une histoire triste et terrible d’abandonner son enfant pour le sauver mais c’est aussi une histoire d’amour et de sauvetage et donc un message d’espoir pour se dire qu’il existe des êtres humains qui, sans être des héros forcément, sont animés par la bonté”.
Juste parmi les Nations
Irena Sendler, élue Juste parmi les Nations en 1965, “n’a jamais voulu qu’on parle d’elle comme une héroïne, poursuit Cédric Revollon. Elle disait : “Moi, j’ai simplement fait ce que les êtres humains devraient faire, c’est-à-dire aimer les gens, accepter leurs différences”. Et à la fin de la pièce, elle dit encore : “Vous dites que je suis une héroïne mais les vrais héros de cette histoire, ce sont les enfants et leurs parents, qui ont subi l’inimaginable”. Une bouleversante leçon d’humanité.
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