Le 218, l’ancienne boîte d’Alain Estève, à Béziers, ferme définitivement le rideau

Dans le cadre des travaux de requalification de l‘entrée ouest de Béziers, le bâtiment qui a accueilli, entre autres discothèques, la mythique boîte d’Alain Estève, le 218, a été démoli. Le vide ainsi créé fait ressurgir bien des souvenirs de ceux qui ont fréquenté les bars et dancefloors qui se sont succédé. Récits et anecdotes.

Le Montijeau, le 218, le Barabbas, le Palmier… L’établissement de nuit de la place d’Espagne, aujourd’hui, place des Alliés, le cœur du quartier du Faubourg, à Béziers, où se retrouvaient de nombreux Biterrois à partir des années 70, a changé de nom chaque fois qu’un nouveau gérant reprenait l’affaire. Sans toutefois transformer l’esprit des lieux : la fête et la musique.

Or, l’immeuble en question, dans le cadre des travaux, en cours, de requalification de l’entrée ouest de Béziers, a été entièrement démoli.

La place et ses alentours font peau neuve

Car sur et autour de la place, tout a été repensé. Un parking, du côté du jardin du Faubourg (derrière), va être créé. “Du jardin, on pourra directement accéder à la place par un cheminement piéton – le passage a été percé – avec pergola végétalisée en lieu et place de l’ancienne boîte d’Alain Estève”, indiquait dernièrement dans nos colonnes Virginie Augry, la directrice “Voirie et mobilité” de l’Agglo, maître d’ouvrage de ce chantier d’envergure.

Devant les commerces qui entourent la place, des terrasses végétalisées sont prévues, ainsi que l’implantation d’une station de bus dans le cadre de la mise en service de la ligne de transport en commune en site propre (TCSP), une ligne de bus qui traverse tout Béziers. Bref, la place entre dans une nouvelle ère.

Le rideau se ferme

Avec la démolition de l’édifice qui a accueilli tant de fêtards, c’est donc une page de Béziers qui se tourne définitivement, un rideau qui se referme pour ne s’ouvrir que dans les cœurs et les souvenirs. Notamment sur une période qui a marqué tout particulièrement les Biterrois : celle du 218, créée à la fin des années 70 pour tirer le rideau en 1988. Notamment parce que c’était la boîte du grand Alain Estève.

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C’est durant ces années-là que l’établissement a gagné ses “lettres de noblesse”, même si ce qu’il se passait à l’intérieur n’avait sûrement rien à voir avec les bonnes manières prônées par Nadine de Rothschild. Toute l’Ovalie d’ici et d’ailleurs s’y retrouvait. Et ses supporters. C’était l’époque de l’ASB, des champions de France, des boucliers de Brennus… Béziers ne vibrait que pour le rugby, respirait le rugby et ses troisièmes mi-temps qui emplissaient les lieux de vie, bars et autres établissements de Béziers. Dont le 218.

Alain Estève l’avait ouvert alors même qu’il continuait à jouer, aidé d’un ami. Après un dernier titre en 1981, le Grand, à partir de 1982, prend les choses en main, continuant à accueillir tous les joueurs de l’ASB, l’équipe première comme les autres niveaux.

Midi Libre a rencontré des personnes qui ont toutes apporté une pierre à l’édifice. Elles ont accepté de témoigner, de raconter un pan de vie, une anecdote. Les voici.

Le magicien et hypnotiseur Gérard Belfiore

Quand on lui parle du Montijeau, les yeux du magicien et ancien hypnotiseur Gérard Belfiore, 73 ans, qui vit aujourd’hui à Abeilhan, s’illuminent. “Le Montijeau représente mes véritables débuts dans le spectacle. Je m’y suis produit de 1972 à 1974. On disait à l’époque illusionniste, prestidigitateur. J’ai aussi eu la chance de faire de l’hypnose sur scène, je m’y suis formé en 1972.”

D’ailleurs, les articles et photos de presse présentant les nombreux spectacles de Gérard Belfiore démontrent que le grand Messmer d’aujourd’hui n’a rien inventé. On le voit au Montijeau, avec, sur le sol, de nombreux spectateurs ayant succombé à son pouvoir hypnotique. Il se souvient : “J’étais la vedette du Montijeau, je passais trois fois par mois car les gens appréciaient mes spectacles.”

Pour ce qui est de l’intérieur, le magicien parle d’une décoration rococo, avec mobilier d’époque et tapisserie à fleurs. “Rien à voir avec le 218 où j’ai travaillé également. Alain Estève était devenu un ami. Tout avait changé. Je me souviens même que parfois, il projetait des vidéos coquines…” Il faut savoir que Belfiore était, à l’époque, non seulement connu des clients du Montijeau et du 218, mais aussi de tous les Biterrois car il se produisait sur de nombreuses autres scènes de la ville et du territoire. “J’étais même invité dans des émissions télévisées…”

Jacques Nain, de l’antigang national, pousse la porte de la boîte de nuit

Nous sommes le 24 août 1977. “Ce jour-là Pierre Conty, militant anarchiste, chef de la communauté de Rochebesse en Ardèche attaque, en compagnie de Stéphane Viaux-Peccate et de Jean-Philippe Mouillot le Crédit agricole de Villefort en Lozère. Ils raflent 30 000 francs. Dans leur fuite, ils tuent un gendarme, en blessent un autre et abattent un père et son fils. Avec mes collègues de l’antigang national (OCRB), nous sommes chargés de traquer “Les tueurs fous de l’Ardèche””, raconte le Biterrois Jacques Nain.
L’enquête mènera à l’arrestation de Viaux-Peccate (qui finira à Fleury-Mérogis). “Conty reste introuvable. Les gendarmes arrêtent le troisième braqueur.”

De l’Ardèche au 218

28 mai 1978. “L’ASB remporte au Parc des Princes son 7e championnat de France de rugby en dominant l’AS Montferrand 31-9. Dans le même temps, le juge d’instruction en charge de l’affaire nous sollicite pour transférer de Fleury-Mérogis à Aubenas le braqueur Viaux-Peccate. Et voici comment, après notre mission ardéchoise, avec trois collègues parisiens, je me retrouve place d’Espagne à Béziers en compagnie de collègues de la PJ Montpellier.”

Dans un moment de détente une fois la mission terminée quelque temps plus tard, l’équipe pousse la porte du 218. Aussitôt un inspecteur exhibe sa carte de police et montre au serveur une vieille photo d’un voyou décédé, lui demandant s’il le connaît. “De l’esbroufe pour se faire payer à boire”, sourit Jacques Nain. Évidemment, il ne le connaît pas. “On ne peut pas repartir bredouille aussi nous sommes aimablement invités à boire une bouteille de whisky. Et là catastrophe ! Depuis la deuxième partie de l’établissement, là où sont projetées des vidéos, un immense brouhaha ponctué de chansons paillardes couvre nos discussions. Michel, un des collègues marseillais interroge le barman. Celui-ci explique : “C’est l’équipe de rugby de Béziers. Les joueurs fêtent leur succès de Champion de France saison 78, avant de faire la finale le 3 juin à Colombes du challenge du Manoir contre RC Narbonne.” Et mon collègue de répondre :” Du rugby ! Je n’aime pas le rugby”, rajoutant, sûrement imbibé :”Le rugby, un sport de gonzesses !””

On devine la suite : la fine équipe de policier a pris la tangente alors que les joueurs, Estève en tête, s’étaient levés “en venant vers nous afin de nous assurer qu’ils n’étaient pas des donzelles ! Dehors, place d’Espagne, le grand Alain était resté sur le pas de la porte à nous observer, il nous demanda de régler la bouteille de whisky. Le Phocéen s’en acquitta sans rien dire.”

Papy Fort : « C’était l’occasion de rencontrer le public »

En 1980, Papy Fort, 23 ans, gagne son premier titre de champion de France aux côtés d’Alain Estève. Idem en 81, sauf que ce sera le dernier pour le Grand, qui se retire des terrains.
“En 1983 (photo), c’est mon troisième titre, après avoir gagné contre Nice. Et, comme d’habitude, comme durant toute l’année d’ailleurs, lors de chaque match de championnat, nous finissons au 218 car même si Alain avait pris sa retraite, il faisait toujours partie de la famille de l’ASB. Une soirée dans l’établissement qu’il avait ouvert depuis quelques années s’imposait donc pour faire la fête, mais aussi pour rencontrer et discuter avec nos supporters, de partager les victoires avec eux et des bons moments.”

D’abord au Mondial, puis au 218

Auparavant, “toujours comme d’habitude”, l’équipe de l’ASB s’arrête au bar Le Mondial (aujourd’hui Le 2) situé à l’époque à côté de l’agence immobilière que tenait Palmier. “Le jour des titres, c’était différent, poursuit Papy Fort. On arrivait, le bus nous laissait place de la Victoire, derrière le théâtre. On y entrait, on montait et on sortait sur le balcon. Là, devant des milliers de personnes qui nous attendaient, on présentait le bouclier de Brennus. On chantait tous ensemble. Ensuite on descendait et on faisait la tournée des bars du centre-ville. Pour, le plus souvent, terminer au 218. Une époque fantastique !

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Et l’actuel conseiller sportif de l’ASBH d’ajouter : “Mais il ne faut pas oublier qu’on n’était pas des professionnels. On avait tous un métier, un travail en dehors du rugby. Et les joueurs de l’ASB étaient quasiment tous de Béziers ou de quelques villes du Sud. Il y avait donc une vraie revendication locale. Aujourd’hui le rugby, c’est différent.”

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