“C’était ici, sur cette estrade, l’intervention de M. Goutta en janvier ?” Pour son dernier match en tant que président du Biarritz olympique, Jean-Baptiste Aldigé a tenu à soigner sa sortie. C’est lui qui s’est présenté en conférence de presse à la suite de la victoire de son équipe à Agen (26-30). Il avait des comptes à régler.
Pouvez-vous nous expliquer votre présence lors de cette conférence de presse d’après-match ?
C’était mon dernier match en tant que président du Biarritz olympique. On a décidé du fait que je me présente à vous pour honorer cette soirée pleine d’émotion.
On vous sent particulièrement ému.
Très. C’est la fin d’une aventure éprouvante. Le clin d’œil de la vie a fait que cela se termine dans ma ville natale, contre mon club de cœur. C’était une soirée spéciale, d’autant plus que nos garçons sont allés se chercher quelque chose d’important, de nécessaire et de vital pour le club ainsi que pour la ville. Dans le même temps, Agen prend un point ce qui scelle quasiment son maintien.
Comment analysez-vous ce match entre Agen et Biarritz ?
Agen a mieux entamé le match mais en est sorti tout doucement à cause de sa touche. Cela nous a permis de mettre en place un jeu de possession. On ne s’ennuie jamais quand Biarritz est là, d’ailleurs l’an dernier, c’était un peu le même style de match que ce soir (jeudi) à Armandie.
Votre équipe s’est quand même fait peur…
Nos vingt-trois garçons étaient tout ce qui nous restait. On a beaucoup de blessés. J’avais peur qu’à l’heure de jeu, notre équipe flanche. Les joueurs sont allés se la chercher avec les tripes.
Avez-vous échangé avec Jean-François Fonteneau, qui s’est récemment exprimé dans la presse ?
Vous me lancez là-dessus… Il y a beaucoup de choses qui m’ont fait du mal lors de cette dernière année. L’an dernier, la municipalité nous a demandé de partir de Biarritz. Nous l’avons accepté. Cette même municipalité a envoyé un acheteur qui a fait une offre. Nous avons accepté cette offre. Puis, le 29 juin à minuit, j’ai appris de la bouche de M. Fonteneau, que mes acheteurs ne feraient pas le deal puisque lui avait des contacts avec eux.
Et donc ?
Je me suis retrouvé bloqué à Biarritz. J’avais déjà un camion avec à l’intérieur toutes mes affaires. J’étais prêt à débarquer à Agen, avec beaucoup d’émotion car il s’agit du club qu’aime ma famille. Depuis, je ne me suis jamais exprimé sur cet épisode de la vente. Mais en juillet, il y a eu des déclarations dures de M. Goutta.
Poursuivez…
Il me parlait de “territoire”. Je n’ai pas trop apprécié la chose. Lui qui vit actuellement sur les terres de mes grands-parents, agriculteurs à Bon-Encontre, cela m’avait fortement attristé. Il n’y a jamais eu de réaction du président d’Agen à cet épisode. Trois mois plus tard, il y a eu une réponse avant le match aller à Biarritz. Sachez que cette réponse à M. Goutta a été préparée en accord avec M. Fonteneau.
Fin de l’histoire ?
Non. Le 1er février, nous avons décidé de partir de Biarritz. Je peux vous confirmer ce soir (jeudi) que ce soir-là, grâce à des intermédiaires, il y a eu des contacts avec le SU Agen afin de rejoindre le club la saison prochaine.
Des contacts concrets ?
Louis Gave, moi-même, et des entrepreneurs du Lot-et-Garonne avons fait une proposition avec beaucoup, beaucoup d’argent pour le SU Agen, la saison prochaine. On nous a répondu “non”. Donc ok, pas de problème.
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— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) April 25, 2024
Qui sont les intermédiaires dont vous parlez ?
Des gens qui siègent au conseil d’administration. Des gens qui apparaissent sur le maillot, et le short du SU Agen. Des gens qui sont venus nous trouver et à qui nous avons confirmé que nous étions toujours prêts à venir aider le club et à faire aboutir le plan mis en place l’an dernier.
La piste du SU Agen est-elle abandonnée pour vous ?
Quand on propose ce genre de chose et qu’on refuse… On ne va pas insister. Mettre beaucoup de temps, d’argent et d’énergie dans le SU Agen : avec grand plaisir. Par contre mettre de l’argent dans des poches d’actionnaires, ça, c’est non.
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Quel est ou était votre plan pour le SU Agen dont vous parlez ?
Je crois qu’il y a des choses à faire ici, à Agen. Avec l’outil dont l’a doté la mairie, avec le territoire qu’il y a, avec les gens qu’il y a et les gros acteurs économiques qu’il y a, Agen peut faire comme Castres. Agen, avec ses ressources propres adossées à un actionnaire avec des moyens, cela peut faire 24 millions d’euros de budget en Top 14. Du moment que le Salary Cap reste à 10 millions, on peut faire quelque chose de sympa. Mais ce n’est pas tout.
C’est-à-dire ?
À Agen, il y a une des plus belles salles de basket de France. Le Stadium est extraordinaire. Il y a des moyens à mettre au niveau de l’ABC Basket pour le faire devenir SUA Basket et lui permettre d’atteindre la Pro B (2e division de basket-ball, NDLR).
Vous semblez particulièrement amer…
J’ai très mal vécu l’année comme je vous disais. Vous compterez le nombre d’interventions de M. Fonteneau depuis juin dernier où ça parle de moi. De mon côté, il n’y a rien eu. C’est pour cela qu’en préambule, je vous parlais de cette estrade, où j’ai vu des gonzes rigoler. M. Goutta s’en allait, il avait eu une illumination dans la nuit du 1er de l’An. Et il s’en allait évidemment à cause d’Aldigé.
D’où cette rancœur ?
Je n’étais pas là sur les cinq dernières années. La descente en Pro D2, ce n’est pas moi. Deux ans sans victoire, ce n’est pas moi. Donc je suis triste et en colère à cause de cela. On fait avaler des plans de communication toute l’année à la population en diabolisant Aldigé, sauf que sur ce territoire vit la famille Aldigé. Cela fait beaucoup de mal.
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