« Quelques centaines d’euros. C’est le butin dérisoire pour lequel Alaïs a perdu la vie dans des circonstances atroces, abominables ». Résumé tragique fait par l’avocate générale au terme de cinq jours de procès et au cours duquel Driss N. et Priscilla H. ont comparu pour « complicité d’extorsion de fonds avec violence ayant entrainé la mort ». En l’occurrence celle d’Alaïs, littéralement massacrée par Quentin Robert, proxénète de Béziers, qui s’est suicidé en prison, une dizaine de jours avant l’ouverture du procès.
« Nous sommes face au comble de la bassesse humaine » reprend Violaine Jardel, « face au comble de l’ignominie ». Elle fustige ce « trio diabolique, malfaisant, qui a échafaudé tout un stratagème, orchestré une expédition punitive » dont Alaïs a fait les frais**, « à tout juste 18 ans, une vie brisée en plein envol ». L’avocate générale revient alors longuement sur les violences inouïes subies par la jeune fille, ce « corps juvénile qui n’était que blessures » et elle rappelle la déposition du médecin-légiste avec son compte-rendu comportant « cinq pages de lésions ».
Le grand absent de ce procès est donc Quentin Robert, le proxénète bafoué par une de ses filles qui avait décidé de « s’extirper de ce milieu délétère », alors il a voulu se venger en exigeant d’elle 10.000 euros. Et, selon Violaine Jardel, il n’aurait jamais pu mener à bien cette vengeance sans le concours de Driss N. et Priscillia H.
Peine encourue, la perpétuité
Alors qu’il a reçu « des valeurs stables et une éducation bienveillante », le premier, 27 ans, a accompagné Quentin Robert dans l’appartement d’Alaïs le soir du 9 février 2020. Certes il n’a pas porté de coups, mais « il a eu mille occasions, mille opportunités de mettre un terme à cette scène et il n’a rien fait, il n’a pas bougé ».
Contrairement à ce qu’elle prétend, la seconde, 32 ans, était parfaitement informée de ce projet et de son objectif, assure l’avocate générale. Elle attendait en bas de chez Alaïs et c’est elle qui « conduit la voiture qui va mener le bourreau à sa victime ».
Une fois revenu à Béziers, le trio s’est partagé 400 euros, trois montres et deux téléphones portables dérobés chez Alaïs.
Pour ces « faits odieux, d’une gravité extrême », Violaine Jardel rappelle la peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité. Elle a requis 12 ans contre Pricillia H. et 25 ans contre Driss N., tout en précisant que si Quentin Robert avait été « présent dans le box », elle aurait demandé 30 ans à son encontre.
Le verdict est attendu ce vendredi dans la journée.
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