Ce jeu de construction est une marque qui touche des millions de passionnés… Une vraie opportunité pour ce couple de Biterrois qui sait dénicher la “brique” ou la figurine rare.
Sur le bureau du petit local de la Devèze, les enveloppes s’empilent : “Celles-ci partent pour la France, explique Karl Gréco, et celles-là pour l’étranger : Italie , Espagne, Pays-Bas, Australie, États-Unis.” Avec Olympe, sa femme, il va chercher dans des boîtes soigneusement étiquetées les briques de Lego® ou les figurines correspondant aux commandes. Le rythme s’accélère. Olympe rassemble tout le courrier dans un gros panier et file vers la poste : “Il faut absolument qu’on envoie tout ça avant le passage du facteur, à 15 h 30!”
C’est une journée ordinaire au sein de la petite entreprise Coli’brick, dans un univers du jeu de construction qui l’est beaucoup moins : “Il y a des millions d’amateurs de Lego® dans le monde. Vous avez ceux qui construisent, qui perdent certaines pièces ou qui veulent compléter leurs boîtes pour les améliorer, agrandir leur panoplie. Et puis il y a les collectionneurs”. C’est là que Coli’brick intervient. Contactée par le biais de sites spécialisés ou de plateformes de vente comme Ebay, l’entreprise peut fournir en un temps record les pièces demandées. Mais cela demande une organisation sans faille.
Karl Gréco nous emmène dans son arrière-boutique, où les murs sont tapissés de boîtes, de toutes tailles et de tous styles, de la voiture de pompier au vaisseau spatial de Star Wars. “Le plus important pour être rapide, c’est le stock, détaille-t-il. Là, vous n’en voyez qu’une partie, j’ai aussi ma collection personnelle dans un autre local.” Des pièces et des figurines sont aussi triées et conservées dans des boîtes spécifiques.
Quand l’acheteur connaît la référence, la recherche est facile. Quand il ne peut fournir qu’une description, et qu’il faut fouiller dans les 700 000 pièces en stock, cela peut vite tourner au cauchemar. “Le pire, c’est quand on est persuadé de trouver une figurine dans un endroit, et qu’elle n’y est pas, soupire Karl Gréco. Cela veut dire qu’elle a été mal rangée et on peut mettre une heure à chercher une toute petite pièce… C’est stressant.”
Ce père de famille a vraiment découvert Lego® en les achetant pour son fils : “Ça fait réfléchir, ça fait travailler les mains, il y a plein d’avantages.” Combien de boîtes différentes ont été produites par la multinationale danoise? “Impossible à savoir, car certaines ne sont disponibles que dans certains pays, ou seulement pour les employés de Lego®.” En revanche, chaque pièce étant identifiée, on a une idée plus précise de leur diversité : il existe 80 000 références différentes.
Karl Gréco a créé son entreprise il y a cinq ans, après une période de chômage. Elle lui demande beaucoup de travail, pour des revenus parfois très limités, car la pièce la plus commune peut se vendre seulement quelques centimes. Il doit aussi compter avec “les prix élevés et la fiabilité aléatoire de La Poste, beaucoup moins compétitive que dans d’autres pays”, et les contrôles de la maison-mère, pour s’assurer qu’il ne vend pas de pièces d’occasion ou contrefaites.
Son atout majeur, cependant, reste la souplesse. Lego®, multinationale danoise créée dans les années 50, propose aussi ce service de pièces détachées, mais “ils sont beaucoup moins efficaces”, ce qui permet à des professionnels comme Karl Gréco de tirer leur épingle du jeu : “Il y a des gens qui sont pressés, conclut-il. Pour eux, attendre un mois pour faire une construction Lego, ce n’est pas possible”
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