Cela fait de très longs mois que le staff du XV de France voulait associer les deux Toulousains dans la cage. Évidente, leur complémentarité à Cardiff n’a fait que renforcer cette conviction.
C’était la deuxième ligne rêvée : Flament-Meafou. Celle qui, dans un monde idéal, aurait commencé ce Tournoi des 6 Nations et aurait même été alignée lors du Mondial 2023 en France, si World Rugby avait répondu favorablement aux dérogations réclamées par la FFR sur l’éligibilité d’Emmanuel Meafou, lequel dut finalement attendre d’avoir ses cinq années révolues sur le territoire français pour porter le maillot des Bleus. Fabien Galthié n’avait donc pu l’associer à son partenaire toulousain et, après le forfait de Willemse, s’était résolu à adjuger le numéro 5 à Flament. Un rôle dans lequel il a forcément laissé beaucoup d’énergie, les zones de combat étant essentielles dans le travail du « droitier ». Flament avait logiquement été plus discret dans le jeu courant, ce qui fait d’ordinaire l’immense force d’un joueur à la mobilité et l’activité sans égales. « C’est toujours le collectif et l’équilibre qui priment, comme il l’avouait dans nos colonnes la semaine passée. Je peux dépanner en numéro 5 mais ce n’est pas mon poste de prédilection. Du coup, il y avait une forme de frustration mais je devais la mettre de côté. »
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Victime d’une fracture du pied mi-décembre, Flament a dû renoncer aux trois premières journées du Tournoi quand Meafou, arrêté par une entorse du genou la veille du premier rassemblement, s’est retrouvé dans la même situation.
Associés seulement neuf fois
En l’absence du duo toulousain, le staff tricolore a d’abord composé avec trois associations différentes en autant de rendez-vous (Gabrillagues-Willemse ; Woki-Gabrillagues ; Woki-Tuilagi). Aucun des quatre joueurs titulaires lors de ces matchs-là n’était sur la feuille au Pays de Galles… Là où Galthié a enfin pu aligner le tandem imaginé depuis des lustres. Se posait pourtant la question du rythme pour ces deux-là, qui n’avaient effectué leur retour à la compétition qu’une petite semaine plus tôt avec Toulouse, contre Castres. Une interrogation vite évacuée, comme le confiait un membre de l’entourage bleu : « Il faudrait être fou pour ne pas les mettre. » Sensation partagée du côté d’Ernest-Wallon, par l’entraîneur de la défense stadiste Laurent Thuéry : « Ils n’ont pas coupé si longtemps, en ont profité pour se régénérer. Je ne suis pas inquiet. » Au vu de leurs prestations à Cardiff, il n’y avait pas de quoi. Pendant cinquante minutes Meafou a fait ce que l’on attendait de lui, à savoir toucher de nombreux ballons et toujours avancer dans la défense galloise. Sur l’essai de Fickou, il a aussi montré qu’il possédait de sacrées mains. À ses côtés, Flament a déjà tenu 80 minutes au niveau international, montant en puissance au fil du match avec un abattage remarquable après la pause. Preuve surtout de la complémentarité évidente de cette deuxième ligne, ce dont personne ne doutait à Marcoussis. Même si elle n’avait pas autant de vécu commun que beaucoup pourraient le croire.
Depuis l’arrivée de Flament à Toulouse en octobre 2020, les deux n’avaient été alignés d’entrée en deuxième ligne qu’à huit reprises en club, avant d’être réunis au Principality Stadium. Pire, entre les blessures de l’un ou de l’autre, la présence des Arnold et Tekori, ou le replacement régulier de Flament en troisième ligne, ils n’avaient été associés qu’une seule fois depuis le 1er janvier 2022 (c’était le 18 novembre 2023 à Castres). Il y a pourtant fort à parier que le duo a de belles années devant lui, avec les Bleus…
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