Se faire accueillir avec un hachoir dans une main et deux couteaux dans l’autre, ce n’est pas courant. C’est pourtant ce qui est arrivé le lundi 4 mars 2024 à deux policiers du commissariat de Béziers. L’un d’eux a été contraint de sortir son arme à feu tandis que l’autre avait son teaser en main en ordonnant à l’agresseur de se rendre.
L’équipage avait été appelé par la compagne de l’homme au hachoir, connu de la justice et qui portait un bracelet électronique. En pénétrant à l’intérieur du domicile, les fonctionnaires de police se retrouvent nez à nez avec l’homme, les bras en l’air avec ces ustensiles dont les lames dépassaient les 30 cm. « Il était menaçant », explique l’avocat des fonctionnaires de police. “J’étais en train de ranger les ustensiles de cuisine dans les tiroirs de ma cuisine lorsqu’ils sont arrivés. Imaginez mon étonnement de voir des policiers dans mon couloir”, se défend l’intéressé.
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« J’ai levé les mains lorsque que je les ai vus. En aucun cas, je n’ai voulu les frapper”
L’homme, mis en joue, avance malgré tout vers les policiers avant de se rendre après une dernière sommation. « Les fonctionnaires de police ont été d’un grand professionnalisme », explique leur conseil, Paul David. “Ils auraient pu faire usage de leurs armes, ils ne l’ont pas fait. Cet homme a des difficultés avec l’autorité et l’uniforme. Il suffit de regarder son casier judiciaire (27 condamnations notamment pour outrage, menaces de mort, vols… Ndlr). Il a été violent sur le véhicule de police en se donnant des coups de tête. »
« Vous savez, ça n’amuse pas les forces de l’ordre de sortir une arme, dit l’avocat au prévenu. Vous aviez vos couteaux en l’air. On vous a demandé de vous arrêter et malgré cela vous avez continué d’avancer.”
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Il s’énerve alors qu’il est transporté au commissariat sans chaussure
Cet homme, placé sous bracelet électronique, s’est retrouvé deux jours après son arrestation en comparution immédiate, devant le tribunal correctionnel de Béziers pour violence avec arme sur fonctionnaire de police et dégradation volontaire d’un bien.
Au cours de cette audience, son avocate, Isabelle Séguier-Bonnet, du barreau de Béziers, démonte habilement les accusations portées, mettant en avant une enquête bâclée, obtenant ainsi la relaxe de son client pour ces faits-là.
Le prévenu tente de frapper un policier lors de son transport au commissariat
Au cours de son interpellation, ce Biterrois était complètement excité d’après les témoignages des policiers se donnant des violents coup de tête, d’abord contre la vitre de la voiture de police, avant de casser d’un coup de tête là aussi, le phare arrière du véhicule d’intervention.
Lors de son transport au commissariat, la policière avait eu du mal à le maitriser à l’arrière de la voiture. Ce consommateur de stupéfiants et d’alcool est par ailleurs accusé d’avoir dégradé le téléphone fixe de sa compagne en arrachant les câbles téléphoniques suite à l’appel de l’une de ses connaissances masculine.
Au commissariat, il tente de s’étrangler
« Comment faire pour que vous changiez d’attitude déplore le parquet. Vous êtes sortis de prison il y a moins de deux mois. Les condamnations ne changent rien. » La substitut du procureur, Léonie Aleyrangues, réclame 18 mois de prison dont 10 ferme. « J’imagine le stress quand on est en intervention d’être accueilli de la sorte. Vous avez été mis en joue. Et malgré cela, vous continuez d’avancer. Vous étiez complètement excité dans le véhicule en donnant des coups de tête et des coups de pied à la fonctionnaire de police qui était à l’arrière »
Son avocate plaide et obtient la relax
« Mon client était dans sa cuisine quand vous êtes arrivés » insiste Isabelle Séguier-Bonnet, du barreau de Béziers. « Et comme il vous le redit à l’audience, il rangeait sa vaisselle. Et en effet, il avait ce hachoir et ses deux couteaux dans les mains. Il ne le nie pas. Mais il a été étonné de vous voir dans son domicile. Il n’y a pas eu d’effraction. Vous vous êtes avancés chez lui dans un couloir sombre sans allumer la lumière et vous n’avez pas dit qui vous étiez-là. »
Au cours de cette intervention les caméras piétons des policiers ne fonctionnaient pas. La porte d’entrée n’a pas été fracturée. Les clefs de la porte d’entrée avaient été données par la compagne de ce dernier. Isabelle Séguier-Bonnet (du barreau de Béziers) dénonce une enquête bâclée, sans aucune prise de photo, sans élément confirmant les accusations portées.
« Traité comme un terroriste, trainé dans l’escalier »
« Évidemment il a levé les mains en l’air, mais imaginez son étonnement en vous voyant chez lui. Mon client ne vous a pas menacé. C’est pourquoi je vous demande monsieur le Président de ne pas apporter de crédit aux déclarations des policiers. Ces derniers l’ont traité comme un terroriste. Ils l’ont traîné dans l’escalier avant de le transporter au commissariat sans ses chaussures d’où son état d’énervement dans la voiture de police. Une intervention manu militari indécente. »
Le tribunal lui donne raison. Le quinquagénaire est relaxé pour les violences avec arme. En revanche, il écope de deux mois de prison avec sursis pour les dégradations sur le véhicule de police et le téléphone portable de sa compagne et la tentative de coups contre un fonctionnaire de police alors qu’il était transporté au commissariat.
Il est ressorti libre du tribunal.
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