Après quatre appels à la maison médicale, puis au centre 15 et aux pompiers, les secours sont arrivés trop tard au domicile de Jean-François Paternotte, âgé de 76 ans. Il est décédé d’un infarctus à son domicile début juin. La famille cherche des explications pour comprendre ce qui n’a pas convaincu le médecin régulateur de faire intervenir les secours.
Les deux filles de Jean-François Paternotte et son épouse sont en colère. Elles veulent comprendre pourquoi ce dernier est décédé à son domicile alors que le centre 15 avait été appelé à plusieurs reprises en ce début du mois de juin au Cap d’Agde. Elles veulent faire en sorte que cela n’arrive plus à personne.
Ce 6 juin, après quatre appels, au 15 puis le dernier directement aux pompiers, ces derniers sont enfin envoyés au domicile de la victime par le médecin régulateur. Malheureusement il est trop tard, Jean-François Paternotte décédera d’un infarctus dix minutes après l’arrivée des secours. Depuis, la famille cherche des réponses, s’interroge et interroge les acteurs de la chaîne de soins des urgences, seuls les pompiers ont répondu à leur demande d’explications.
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« Il faut comprendre notre colère ! »
“Il faut comprendre notre désarroi et notre colère, confie Aurélie Paternotte, la fille du défunt. Nous éprouvons un sentiment d’impuissance, d’injustice, d’incompréhension du fait de notre incapacité à avoir pu convaincre le 15 et le 18 de l’urgence de l’intervention étant donné l’issue fatale. Quant à la demande qui nous a été faite de transporter nous-mêmes mon père à l’hôpital, que nous serions nous reprocher éternellement si celui-ci lui avait été fatal.”
Le jour du drame, les deux filles de Jean-François Paternotte étaient absentes. C’est leur oncle et leur tante qui ont épaulé l’épouse pour tenter de faire prendre en charge la victime aux alentours de 23 h 30. “Nous avons dans un premier temps appelé la maison médicale, explique le beau-frère Vital Deray. On nous a renvoyés vers le centre 15 sous prétexte qu’elle ne traitait pas ce type de cas. Le centre 15 nous a dit de transporter nous-même mon beau-frère. Mais il ne pouvait plus se déplacer.”
” C’est le médecin régulateur qui engage les secours !”
Concernant les appels au centre 15, ne relevant pas du Sdis34, les pompiers n’ont pas pu commenter le contenu des informations. Pour l’appel au 18 : “Afin de tenter de répondre à vos interrogations, excepté certaines situations précises définies nationalement par la doctrine opérationnelle, l’engagement des moyens de secours d’urgence aux personnes est assujetti à l’avis et à la décision de la régulation médicale dévolue au Samu. L’état de M. Paternotte, compte tenu des éléments apportés, ne répondait pas aux critères de définition de ces situations (lors du dernier appel deux heures après le premier coup de fil, NDLR). L’appel a été transmis à la régulation médicale assurée par le Samu/centre 15 avant de débloquer les moyens de secours à personne.” Les pompiers ont pu intervenir un quart d’heure plus tard après l’accord du médecin. Il ne leur restait plus qu’à arriver chez M. Paternotte.
Pas d’ambulances à disposition
Et le beau-frère poursuit, “Nous ne sommes plus tout jeunes et il fallait sortir par un escalier en colimaçon. Nous ne pouvions pas y arriver. Nous avons décrit tous les symptômes, mais nous ne sommes pas parvenus à les convaincre. Ils ont été clairs, ils n’avaient pas d’ambulance à disposition. On nous a dit de le faire boire, il ne pouvait déjà plus. Quand, à 1 h 30, nous avons appelé les pompiers, le médecin régulateur a enfin envoyé l’ambulance. Malgré les massages et les chocages, ils ne sont pas parvenus à le garder en vie. Aujourd’hui, nous nous posons beaucoup de questions. Aurions-nous dû le transporter nous-mêmes? Aurions-nous dû donner moins de détails sur une pathologie dont il souffrait et qui a mal dirigé l’analyse du médecin. Tout cela nous perturbe énormément et c’est une épreuve que de devoir vivre ça. Même avec le temps qui a passé. C’est difficile.”
Depuis, la famille cherche toujours des réponses, l’association du droit des patients, le centre 15, le ministre de la Santé… Ont été contactés via un courrier. Ils n’ont pas répondu. Les pompiers ont été sollicités. Ils ont répondu aux questions de la famille. Désormais, la famille envisage de porter l’affaire devant la justice pour réclamer la possibilité d’écouter tous les appels.
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