Pierrick Pubil, le gérant du Luna Park au Cap d’Agde, a confié son état d’esprit, sa tristesse vis-à-vis des victimes et ces images qui le hantent depuis samedi soir, la nuit du drame, alors qu’un jeune de 17 ans, de sa famille, a trouvé la mort et qu’une jeune femme a été blessée. Adrénaline sera fermée définitivement.
Dans quel état d’esprit êtes-vous au lendemain de votre garde à vue ?
Je suis anéanti par ce qui est arrivé. On ne vient pas dans un parc d’attractions pour se faire mal et encore moins pour trouver la mort. J’étais sur place quand le drame a eu lieu. Je ne comprends vraiment pas ce qui est arrivé. Je ne vois que le phénomène climatique. Là, depuis le début de ma garde à vue, je ne pense qu’aux familles. Aux petits. Cela me hante ! Le mal est là. Cela va me marquer à vie.
Il y avait du vent samedi. Pourquoi ne pas avoir stoppé l’attraction ?
Il y a eu du vent toute la soirée. C’est vrai. Il m’est même arrivé parfois de retarder l’ouverture tant que le vent n’était pas tombé. Mais rien, samedi, nous a poussés à arrêter. Il faut dire que le vent est très rare en soirée à Agde. Quand ce drame est arrivé, c’était le dernier saut de la soirée. Il y en avait eu des dizaines d’autres, juste avant et tout s’était bien passé. Et puis personne ne peut dire que j’ai maintenu Adrénaline ouverte pour faire de l’argent. Ce dernier saut était gratuit.
Vous n’aviez donc rien remarqué d’anormal ?
Non ! Les harnais se déportaient un petit peu. Mais rien d’extraordinaire. Rien qui nous inquiète plus qu’un autre jour. Puis, pour ce dernier saut, tout se présentait bien. Quand l’employé a lâché les jeunes, ils se sont mis, tout de suite, à tourner sur eux-mêmes. Comme pris dans une tornade. Ce vent a duré un bon petit moment. Puis le reste, on le connaît.
Pour vous, le responsable, c’est la météo ?
Qui voulez-vous que ce soit ? Je suis très à cheval sur la sécurité. Je regarde tout. Nous contrôlons tout et la commission de sécurité passe tous les ans. Si un manège présente une anomalie, je n’ouvre pas le parc. Cette année, comme tous les ans, j’ai changé les poulies, le câble et le harnais. Je fais même mettre des casques alors que ce n’est pas demandé. Cela dure depuis 24 ans. Oui, il faut aussi le dire, Adrénaline est en place depuis 1999.
Pourtant, en 2019 il y a eu un incident sur votre attraction ?
Non. C’est une erreur. Sur une autre structure, oui. Mais pas là. Nous n’avons jamais connu d’accident sur Adrénaline. Et c’est aussi et malheureusement le premier décès en 50 années d’exploitations. Et nous accueillons environ un million de personnes par an. C’est considérable. Mais quoi qu’il en soit, j’assume mes responsabilités dans ce drame. Le responsable, c’est moi. Je suis le gérant du parc.
Comment voyez-vous l’avenir de cette structure ?
Dans un premier temps, je dirais que tous ceux qui nous imposent des normes vont devoir les changer à cause de tous ces événements climatiques imprévus. Pour ce qui est d’Adrénaline, elle est fermée à jamais. Ne serait-ce que par respect pour les petits. Elle porte un deuil. Dès que la justice me l’autorisera, elle sera démontée. Je ne peux pas imaginer la voir fonctionner de nouveau. Je ne sais même pas comment je vais franchir la porte du parc. Rien que d’y penser, ça me rend malade. Une chose est certaine, je vais limiter les attractions à sensations sur ce parc pour me recentrer sur des attractions plus familiales.
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