Cruellement imprécises et maladroites, les Françaises s’en sont remises à leur toute-puissance en mêlée fermée pour lancer leur tournoi 2023 par une victoire à l’extérieur.
Quand vous vous rendez en terre hostile, il vaut mieux voyager avec un équipement de qualité. Les coéquipières d’Audrey Forlani entamaient leur Tournoi par un déplacement délicat : un match à l’extérieur donc, avec un groupe largement remanié, un nouveau projet de jeu, face à un adversaire à la fois puissant devant et imprévisible derrière, le tout dans des conditions climatiques plus qu’incertaines, qui ont viré au déluge en deuxième mi-temps. Bref, tous les ingrédients étaient réunis pour préparer le match piège par excellence.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Bleues ont été servies. Sitôt le coup d’envoi donné, les Italiennes ont fait feu de tout bois, envoyant le ballon aux quatre coins du terrain. Il faut dire qu’à ce moment-là, les conditions de jeu le permettaient encore. Sérieuses en défense, les Bleues ont donc laissé passer l’orage de jeu avant de donner le change à leurs adversaires. Seulement, elles se sont montrées maladroites. Encore pas tout à fait rodées sur le plan offensif, les coéquipières d’Audrey Forlani ont souvent rendu le ballon en raison de mauvaises transmissions ou de timings non maîtrisés, donnant souvent l’impression de confondre vitesse et précipitation. *
Une carence que le staff avait anticipée : “Cela fait partie des étapes qu’ils nous restent à valider, confirmait le co-sélectionneur David Ortiz. On voulait s’appuyer sur une forte défense et une forte conquête. Au moins, on a pris ces initiatives. Il nous manque de la précision, mais les conditions étaient difficiles, ainsi que l’adversaire. Il manque encore de connexions et d’osmose dans notre groupe mais cela va venir.” Les Bleues ont terminé la rencontre avec 20 fautes de main, contre 15 des Italiennes. Un manque de connexion qui explique aussi un certain retard des soutiens offensifs, qui a expliqué les six ballons volés au sol par les Italiennes : “On a été très en difficulté dans les rucks, il va falloir que l’on travaille ce secteur très sérieusement la semaine prochaine”, confirmait la capitaine Audrey Forlani.
Khalfaoui : « On voulait mettre un fort impact
Dans ces conditions, il vaut mieux compter sur une mêlée souveraine. Celle des Bleues l’a été. Et de quelle manière ! Dans le sillage de la première ligne Deshaye-Sochat-Khalfaoui, le pack français a démembré son homologue italien. À plusieurs reprises, on a vu les piliers italiennes se faire soulever comme des cadettes. La droitière titulaire Lucia Gai a même quitté le terrain en pleurs, écœurée par ce long et douloureux moment. L’une des grandes artisanes de cette domination, la droitière Assia Khalfaoui, nous a expliqué la stratégie du pack bleu : “Les premières mêlées ont été compliquées. Il a fallu prendre la température, les jauger et voir comment elles allaient réagir. Mais une fois qu’on a réussi à trouver leur point faible, on a insisté. On voulait leur mettre un fort impact, et leur mettre la pression sur nos liaisons. Ensuite, on a joué sur leurs erreurs : elles avaient tendance à anticiper un peu, ou à moins tenir sur la longueur.”
Alors certes, on pourra toujours regretter ce point de bonus offensif laissé en route. Mais au vu du scénario du match et de son contexte, les Bleues peuvent se satisfaire de cette victoire, et s’appuyer dessus pour construire en vue de la suite.
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