Les chalutiers sont-ils voués à disparaître ? C’est la crainte de nombreux pêcheurs après de nouvelles directives de la Commission Européenne
. Celle-ci demande aux États membres de prendre des mesures nationales pour “supprimer progressivement la pêche de fond mobile dans toutes les ZMP (Zones Maritimes Protégées) d’ici à 2030 au plus tard“. Les pays ont jusqu’à mars 2024 pour présenter leur feuille de route.
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“C’est la mort garantie”
Bernard Perez a sorti sa calculette. Selon le président en Occitanie du Comité des Pêches Maritimes et des Elevages Marins
(CPMEM), interdire la pêche au chalut dans les ZMP réduit de 75 à 85% la superficie de pêche dans le Golfe du Lion. “Si on met en place cette réglementation, c’est la mort garantie” tonne le pêcheur.
“Aujourd’hui, nous sommes une cinquantaine de navires chalutiers (en Occitanie). Si demain tout cela se met en place, vous avez minimum 300 bonhommes qui vont arrêter l’activité. Mais vous n’avez pas que ça ! Les quatre criées basées au Grau-du-Roi, Sète, Agde et Port-la-Nouvelle vont fermer. Cela va désorganiser complètement le marché !”
Bientôt des manifestations ?
La profession se sent déjà asphyxiée par de nombreuses restrictions. Selon le CRPMEM, le plan européen “West Med”, mis en place depuis 2019, a déjà eu comme effet de réduire de 20% le nombre de jours de pêche par an pour les chalutiers : de 218 en 2019, à 173 en 2022.
Ces nouvelles mesures sont donc vécues comme celles de trop. “Si on met en place les demandes de la Commission européenne, on va tuer la pêche” s’inquiète Bernard Perez. “En Occitanie aujourd’hui, nous avons le bon modèle pour la pêche. On fait des efforts, on travaille avec les scientifiques, avec l’État, avec les régions, avec l’Europe, avec tout le monde. On essaye de trouver des solutions pour avoir une pêche durable et responsable. Et aujourd’hui, chaque fois que nous trouvons des solutions, on nous met une contrainte supplémentaire.”
Une lassitude qui pourrait mener à des manifestations de pêcheurs ? Bernard Perez dit n’avoir “rien prévu” et ne souhaite pas “prévoir quoi que ce soit“. Mais il lance un avertissement : “Si on ne fait pas front commun entre l’Etat français, les régions, les départements, notre profession et les scientifiques, il peut se passer quelque chose que je ne pourrais moi-même pas maîtriser“.
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