Depuis huit mois, Fiona Lauriol et ses parents, Fosca et Thierry, sillonnent les routes de France en camping-car. Avec un seul objectif : lutter contre l’isolement des anciens. La famille vendéenne sera à Béziers, ce mercredi 8 février pour une conférence.
Fiona a tant de choses à raconter. Depuis toujours, la jeune femme baigne dans les voyages (plus de quarante pays visités), accompagnée de ses parents. Si la Vendéenne est très proche de ses parents, elle l’était bien moins de sa grand-mère maternelle, Dominique, née en Italie et arrivée en région parisienne à l’âge de 35 ans. Pour autant, lorsque les médecins ne donnent plus qu’une semaine à vivre à sa “mémé”, l’année de ses cent ans, Fiona décide de la rapatrier à ses côtés en Vendée.
“Je n’ai jamais été proche de ma grand-mère. Elle avait un sale caractère, et des idées bien loin des notres. Lorsque j’ai eu 15 ans, elle a absolument tenu à me marier. Évidemment, avec mes parents nous y étions opposés. Nous avons donc coupé les ponts avec elle.” Mais lorsque Fiona apprend la nouvelle à 35 ans, elle ne peut faire l’impasse sur les liens du sang qui les unit et se résout à prendre soin d’elle du mieux possible.
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Un roadtrip à 101 ans
“Je l’ai récupérée dans un sale état, se remémore Fiona. Au fil des semaines, je l’ai vu aller de mieux en mieux. J’avais un camping-car qui traînait au fond du jardin, et je savais que mémé avait toujours voulu aller sur la Côte d’Azur. Alors, six mois après l’avoir récupérée je lui ai proposé d’embarquer avec moi pour un tour du monde. Mes parents, Fosca et Thierry, avaient un fourgon aménagé et nous ont suivis.” À 101 ans, Dominique prend la route direction le Sud, le Portugal et l’Espagne, accompagnée de sa petite-fille, de sa fille et de son beau-fils.
Seulement, en 2020, la pandémie oblige la petite famille à se confiner deux mois en Espagne, avant de pouvoir rentrer en Vendée. Le 29 juin 2020, alors qu’ils sont en route pour la Roumanie, Dominique s’éteint dans son sommeil, 40 km après le départ. Elle avait 103 ans, 3 mois et 3 semaines.
“Surprotéger nos aînés, c’est les étouffer”
Depuis son décès, Fiona, qui avait réussi à tisser un lien fort avec son aïeule durant leur périple, n’a pas cessé de prendre la route. Désormais, et depuis huit mois, elle sillonne les routes de l’Hexagone afin de sensibiliser les citoyens à la lutte contre l’isolement des personnes âgées. Elle a également sorti un ouvrage fin 2021, intitulé 101 ans, mémé part en vadrouille, qui s’est vendu à plus de 20 000 exemplaires.
“Beaucoup se plaignent des aînés qui radotent, par exemple. Mais, comme j’aime le dire, mettez-vous dans leur situation : on vous enferme entre quatre murs durant six mois, et lorsque l’on vous rend visite, à la question : “Quoi de neuf ?”, vous parlez de quelque chose qu’il vous est arrivé il y a six mois, quand vous étiez libre. On va vous dire que vous radotez ! Mais, que pouvez-vous raconter de plus ?”, s’interroge Fiona. “Surprotéger nos grands-parents, c’est les étouffer. Ça les empêche de vivre pleinement leurs dernières années de vie. Je ne dis pas qu’il faut obligatoirement les embarquer en camping-car, mais passer du temps avec eux ! Les amener au marché, se balader à leur côté… Ce n’est rien pour vous, mais beaucoup pour eux”, poursuit-elle.
Ce mercredi 8 février, Fiona, Thierry et Fosca seront à la salle des Abbés du CCAS de Béziers, afin de donner une conférence et d’interagir avec le public, raconter leur histoire et proposer des solutions.
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