À la suite de plusieurs cas déclarés d’infections alimentaires collectives après avoir mangé des huîtres en provenance de l’étang de Thau, des analyses sur les coquillages ont démontré la présence de norovirus.
Le préfet de l’Hérault a donc décidé de suspendre provisoirement la récolte et la commercialisation des huîtres, des moules et des palourdes en provenance de ce secteur de production.
“Les coquillages filtreurs peuvent être contaminés par ce virus lorsque celui-ci est présent dans leur milieu de vie. Il est fort probable que l’épisode pluvieux particulièrement intense survenu le 15 décembre, dans un contexte de gastro-entérite virale à norovirus dans la population, ait entraîné la contamination du milieu”, explique le préfet dans un communiqué.
Les coquillages récoltés antérieurement au 15 décembre 2022, ou provenant d’autres zones de production, ne sont donc pas soumis à cette mesure de restriction.
C’est un vrai coup dur pour la filière ostréicole du bassin de Thau qui compte 500 professionnels. Les huîtres du réveillon de la Saint-Sylvestre représentent entre 15 et 20 % du chiffre d’affaires annuel des producteurs. Dès ce vendredi matin, tous les producteurs ont dû rappeler leurs clients pour annuler leurs commandes. Et informer aussi tous ceux qui avaient déjà été livrés.
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Une perte pour la fin de l’année, mais aussi pour le mois de janvier
“C’est difficile, la veille du réveillon. C’est pas la totalité de notre année qui est perdue car on vend des huîtres toute l’année, mais c’est quand même une grosse perte, explique Pascale Fores de Conchy’Thau à Sète. Mais l’essentiel, c’est le consommateur, vaut mieux prévenir que guérir*.”*
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“C’est une perte sèche et du travail pour rien. Ce matin on a vidé les bassins et on a tout remis à l’étang en attendant des jours meilleurs. C’est une perte sèche pour la fin d’année, mais aussi pour le mois de janvier puisqu’on ne pourra pas commercialiser au moins sur les deux premiers weekend de janvier”, se désespère Yolande Denis du Parc à Huitres de Marseillan.
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Pour Patrice Lafont président du comité régional conchylicole, cette interdiction qui arrive au pire moment et qui va encore faire une mauvaise publicité aux huitres de Thau alors qu’il s’agit d’une contamination humaine à l’origine. “Les gens vont résumer la situation au fait que les huîtres du bassin de Thau donne la gastro. C’est malheureux, mais c’est comme ça ! On va devoir ressortir les rames pendant des mois et des mois pour essayer de restaurer notre image !”
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Une interdiction qui coute cher, non seulement avec le manque à gagner, mais aussi pour toutes les dépenses déjà engagées pour conditionner et transporter des huitres qui vont être détruites à la charge des ostréiculteurs.
Tous les gens qui ont la gastro n’ont pas mangé des huîtres mais on ne cherche le virus que dans les coquillages
Alors, Patrice Lafont ne remet pas en cause le principe de précaution mais s’interroge sur le fait que pour 9 cas de contaminations sur 300 000 personnes qui en ont mangé à Noel, on ne s’intéresse pas à d’autres produits qui déclenchent aussi des cas de gastros “On sait tous qu’en ce moment, il y a une épidémie de gastro. Il y a beaucoup de malades. Or, tous les gens malades n’ont pas mangé d’huîtres. Et pourtant, l’origine est alimentaire, mais on ne va pas chercher la présence de norovirus dans d’autres produits alimentaires que les coquillages. C’est comme s’il n’y avait que l’huître qui donnait la gastro.”
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Patrice Laffont s’interroge aussi sur l’origine de la contamination. “On est sur une contamination d’origine humaine. Le virus de la grippe ne tombe pas du ciel, il ne naît pas dans l’eau. Il arrive de la terre par l’homme ? Ce qui n’est quand même pas normal c’est qu’en 2002 on soit toujours pas capable de nous garantir une bonne qualité d’eau et qu’on soit encore exposé à ce genre d’événement. Ce n’est pas acceptable. Il y a deux victimes dans cette situation. Il y a les consommateurs qui peuvent tomber malades. Et puis il y a les producteurs. Ce n’est pas nous qui contaminons dans le milieu ni les huîtres. C’est nous qui payons la facture.”
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Recommandations
Il est demandé aux personnes qui détiendraient ces produits de ne pas les consommer et de les rapporter au point de vente. En cas de doute, il convient de se renseigner auprès de son détaillant habituel pour savoir si le produit acheté est concerné par l’alerte.
Le norovirus est la cause la plus courante des gastro-entérites aiguës. Les toxi-infections alimentaires causées par ce virus se traduisent par des symptômes gastro-intestinaux dans les 6 à 48 heures suivant la consommation. Les personnes qui auraient consommé les produits mentionnés ci-dessus et qui présenteraient ces symptômes sont invitées à consulter leur médecin traitant en lui signalant cette consommation.
Cette mesure temporaire sera levée dès lors que les conditions de sécurité sanitaire seront réunies pour une réouverture des zones de production.
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