XV de France – John Eales : « Vous avez la meilleure équipe de France que j’ai vue »

John Eales, le double champion du monde 1991 et 1999 nous parle de sa sélection, de Michael Hooper, de Fabien Galthié ou encore de l’évolution de son poste. Avec l’ouverture d’esprit et la lucidité qui caractérisent cette légende vivante du jeu.

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L’Australie est une des équipes les plus insaisissables du rugby mondial actuellement. Que vous inspire votre sélection nationale ?

Quand je regarde les Wallabies, ça me donne de l’espoir, avant tout. Il y a un potentiel incroyable. Le problème vient de leur irrégularité : un week-end, ils peuvent être au top et, celui d’après, évoluer deux crans en dessous. Parfois, ça vient de la qualité de l’opposition, mais le plus souvent, ça ne dépend que d’eux-mêmes. Sur le talent pur, je reste convaincu que l’on peut battre n’importe quelle nation. La clé, pour nous, est de trouver de la constance.

Comme toutes les nations, en quelque sorte… Que vous manque-t-il vraiment ?

Il y a eu de nombreuses vagues de blessures. Ça nous a empêchés de constituer une ossature solide. Il reste un an d’ici la Coupe du monde pour y parvenir. Ça laisse assez de temps. Cette tournée sera d’ailleurs un vrai tournant dans la progression des Wallabies. Tout part de la confiance que vous avez en vous, en vos partenaires et en votre plan de jeu. Il est dur d’obtenir tout ça en même temps mais c’est ainsi que l’on arrive au plus haut niveau. L’Australie doit s’inspirer de ce que la France a accompli sur les deux dernières années. L’écart de performance, entre ses bons et ses moins bons jours, est réduit au minimum. C’est à ça que l’on reconnaît les grandes équipes.

Au-delà de sa compétitivité sportive, le rugby australien est peut-être plus exsangue financièrement que jamais. Y a-t-il péril en la demeure ?

Je ne suis pas inquiet. Je sens encore un vrai amour des Australiens pour le rugby, que ce soit à l’école ou au niveau des provinces. Il y a une forte concurrence, évidemment avec le rugby à XIII et le footy qui génèrent des économies très puissantes. C’est un challenge, pour le rugby à XV, de se développer mais, dans le cœur des gens, je pense qu’il y a la place pour plusieurs sports. La Coupe du monde 2027 sera aussi une opportunité en or pour notre avenir.

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Michael Hooper, qui avait souhaité prendre du recul cet été en invoquant une fatigue mentale, est de retour. Que pensez-vous de lui ?

Avant tout, c’est un joueur fantastique : il a un gros abattage sur le terrain, avec énormément d’efficacité, il diffuse de l’énergie au groupe et est d’une régularité remarquable. Il a tous les traits d’un grand capitaine. Il a dû affronter une série de défaites, le plus souvent avec de faibles écarts, qui l’ont miné. Il a eu besoin de prendre un peu de recul, ça peut se comprendre. Le fait qu’il soit de retour et régénéré est la meilleure des nouvelles pour les Wallabies.

Le XV de France, que l’Australie va affronter, est-il le meilleur que vous ayez jamais vu ?

Oui, je le pense. La France est à son meilleur niveau. Elle est très impressionnante. Ça a toujours été une sélection rude à affronter et il y avait aussi ce côté imprévisible qui la rendait dangereuse. L’équipe de France actuelle a tout ça et la régularité en plus. Il suffit de la voir enchaîner les grandes performances, d’une semaine à l’autre. Pour connaître Fabien Galthié, je ne suis pas surpris. C’était un joueur complet, tellement brillant. Il a apporté son intelligence à la sélection. Il sait ce qu’il faut pour gagner au plus haut niveau, en termes d’exigence et de précision.

L’évocation de Fabien Galthié doit vous ramener à la finale de la Coupe du monde 1999, au cours de laquelle vous aviez pointé du doigt auprès de l’arbitre la violence des Tricolores. Ce match a-t-il été le plus éprouvant que vous ayez disputé ?

Oui, peut-être, effectivement. C’était très dur. Il a fallu se dépouiller sur le terrain. Mais on n’avait pas été surpris : en jouant la France, on s’était préparé à ce que ce soit à un niveau d’agressivité maximal. Parfois au-delà de la limite. Mais c’était le jeu.

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Prenez-vous toujours autant de plaisir à regarder le rugby ?

Oui j’aime encore ça même si je pense que le rugby gagnerait à être moins robotisé. Parfois, je le trouve un peu lent et trop cadenassé. Vous savez, quand il y a ces phases très tactiques, assez répétitives. Après, quand c’est bien joué, c’est magnifique. Ça reste le plus beau des sports à voir. Le lien que les équipes arrivent parfois à trouver entre les avants et les trois-quarts, c’est formidable.

En un sens, vous étiez déjà un deuxième ligne moderne avant l’heure. Vous projetez-vous facilement dans le rugby actuel ?

Je pense que si j’avais voulu jouer aujourd’hui, il aurait fallu que je me prépare différemment. J’aurais dû prendre quelques kilos pour exister car le jeu est davantage basé sur la confrontation directe. On avait plus de liberté d’expression à mon époque, je crois. Une des grandes différences vient de la qualité des défenses, aussi. Les équipes sont tellement bien organisées qu’elles se neutralisent davantage.

Le poste de deuxième ligne est peut-être celui qui a le plus changé…

Oui, les deuxième ligne ont amené le rugby à un autre niveau. À l’époque, c’était la mêlée et la touche, surtout. Puis ça s’est développé. Martin Johnson, notamment, a révolutionné le poste : il portait la balle, se proposait beaucoup… Année après année, ça ne finit plus d’évoluer.

Quel deuxième ligne vous impressionne le plus aujourd’hui ?

Honnêtement, c’est impossible de trancher. Il y en a tellement. Quelle équipe majeure n’a pas de très grands deuxième ligne ? Ils savent tout faire en plus : ils sont bons en touche, poussent fort en mêlée, portent le ballon comme des trois-quarts, plaquent à tour de bras. Chaque équipe a au moins un deuxième ligne capable de tout faire. Quand je jouais, vous n’aviez pas à tout bien faire comme ça.

En tout cas, on ne voit pas de buteur comme vous…

Je ne pense pas que je buterais, maintenant (rire).

Comment vous était venue cette idée de vous mettre à buter ?

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Quand j’étais jeune, je butais régulièrement et j’aimais ça. Même quand je suis devenu international, j’adorais encore prendre quelques minutes la veille ou l’avant-veille des matchs pour m’exercer face aux poteaux. Nous jouions dans des stades magnifiques, partout dans le monde. C’étaient de chouettes moments. En match, je prenais moins de plaisir, à vrai dire. Mais c’était sympa de pouvoir faire ça.

Est-ce pour cette propension à tout bien faire que l’on vous avait affublé du surnom de « Nobody », en référence à l’expression « Personne n’est parfait » ?

Vous savez, personne ne m’appelait comme ça. Tout était parti d’un repas de fin d’année avec la sélection. On devait s’offrir des cadeaux. Mitch Hardy m’avait acheté un livre d’un personnage connu sur le nom de M. Perfect. Campo (David) Campese, dont c’était la dernière année, a alors dit : « C’est ridicule, personne n’est parfait. » Un de mes partenaires a raconté l’anecdote à un journaliste qui l’a écrit. C’est parti de là. Après, on me surnommait comme ça dans les journaux mais ce n’était pas le cas au sein du groupe.

Alors, la perfection existe-t-elle ?

Non et surtout pas dans le rugby. Si vous commencez à le croire, en tant que joueur ou équipe, vous arrêtez de progresser et c’est le danger. L’équipe de France, par exemple, l’a bien compris. Rien n’est permanent, aussi bien la victoire que la défaite.

C’est ce qui vous autorise à penser que l’Australie peut gagner la Coupe du monde, dans un an, quand bien même vous ne faites pas partie des favoris ?

Nous aurons les moyens d’être compétitifs. Après, plutôt que d’évoquer des favoris, je parlerais d’équipes qui ont la meilleure marge de progression. Il y a la France et l’Irlande, avant tout, qui partent sur de très bonnes bases. Mais si vous regardez, il y a aussi la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, l’Angleterre, l’Australie, le pays de Galles, l’Argentine. Chacune de ces nations peut battre les autres. C’est qui me fait dire que la Coupe du monde en France sera très excitante.

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