Dix-sept procédures d’expropriations ont été engagées par la Ville sur ce secteur particulièrement malmené.
Les automobilistes coincés dans les bouchons estivaux de la route départementale 612, de part et d’autre du pont sur l’Hérault, ont tout le temps d’admirer le point de vue. Notamment celui sur les Verdisses, vaste zone naturelle de 600 hectares coincée entre Agde et Vias, qui subit depuis de longues années les installations illégales de gens du voyage. C’est vrai tout autour du karting, sur la route de la Tamarissière, ça l’est aussi sur des parcelles moins visibles, où les caravanes s’entassent par centaines à la belle saison. L’un de nos lecteurs, randonneur et vététiste, a même effectué un décompte officieux tout autour du territoire agathois : il en a recensé plus d’un millier l’été dernier, chiffre qui ne surprendra personne.
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Un territoire en accord avec le schéma départemental d’accueil
C’est un système bien ancré (lire par ailleurs) qui permet aux voyageurs de s’installer plusieurs semaines, voire plusieurs mois par an sur ces terrains. La municipalité est pourtant en phase avec le schéma départemental d’accueil des gens du voyage, avec trois aires à disposition sur le territoire de l’agglo Hérault-Méditerranée (une à Agde, à côté de l’ancien incinérateur et deux aires de grand passage à Vias et Bessan, visibles depuis la 2X2 voies qui mène à l’autoroute). Ce qui ne suffit visiblement pas à absorber les flux, mais autorise quand même la Ville, comme l’a annoncé le maire Gilles D’Ettore en conseil municipal, à engager des actions. “Nous avons fait plusieurs réunions avec la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) et nous avons obtenu le droit d’exproprier certains propriétaires, ce que l’on demandait depuis huit ans ! ” Dix-sept procédures d’expropriation sur des parcelles suspectées d’accueillir des gens du voyage ont donc été lancées. “Nous avons souhaité en parallèle que les services de l’État nous épaulent dans cette démarche, avec notamment un accompagnement sur les procédures, les actions en justice.”
“On ne tolère plus ce désordre”, prévient Gilles D’Ettore
Les parcelles concernées ne sont encore qu’une goutte d’eau, “d’autant que ces procédures peuvent prendre sept ou huit ans de plus”, sait pertinemment Gilles D’Ettore. “Mais nous voulons montrer que les gens du voyage ne sont pas les bienvenus dans cet endroit. C’est un signal fort. On ne tolère plus ce désordre et il n’y a aucun scrupule à avoir !” Pour le maire, “ces installations sauvages sont déplorables en terme d’image, elles vont à l’encontre des hôteliers de plein air qui s’acquittent de toutes les taxes et impôts et remettent surtout en question l’autorité. L’État de droit est faible vis-à-vis de ce phénomène. L’intérêt général est bafoué et c’est bien ce qui énerve les gens. C’est un combat de longue haleine, mais je ne lâcherai rien ! ”
Rendre ces terrains à la nature et aux agriculteurs, aux éleveurs
Lorsque ces expropriations seront effectives – ça n’est pas pour demain, vous l’aurez compris – Gilles D’Ettore souhaite “qu’on les rende à la nature, en faire une sorte de sanctuaire pour la biodiversité.” Rendre les Verdisses aux agriculteurs, viticulteurs et éleveurs, comme il en est toujours question (cela fait huit ans qu’une soixantaine d’hectares sont qualifiés en Périmètre de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains (PAEN), est aussi à ce prix.
Donations ou baux de longue durée
Sur les Verdisses, le mètre carré de terrain vaut entre 80 centimes et 1,50 €. “Aussi, quand un propriétaire est approché par des gens du voyage qui lui proposent 40 € du mètre carré, ça en fait réfléchir certains”, pense Gilles D’Ettore. La transaction s’effectue soit sous forme de donation, avec une somme rétrocédée en liquide en sous-main, ou via un bail de longue durée, avec un loyer symbolique, mais là encore du cash à discrétion. Sur certains terrains, les voyageurs paient 10 € par jour de présence. Multiplié par le nombre de caravanes, le commerce est très lucratif.
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