Avec le projet de réforme de la police, tous les enquêteurs y compris ceux de la police judiciaire, seront placés sous les ordres d’un directeur départemental. Les flics de la PJ qui travaillent habituellement sur les crimes les plus graves seront déployés dans un service commun d’enquête. Ils craignent de voir leur statut d’enquêteur spécialisé disparaitre.
Christophe est un enquêteur de la PJ à Toulouse. Cela fait 30 ans qu’il travaille sur de grosses affaires de délinquance financière ou encore de narcotrafiquants. Des enquêtes qui peuvent durer 2 ans parfois. Sur son bureau, 15 gros dossiers à traiter.
Aujourd’hui il a rejoint l’Association Nationale de Police Judiciaire, une association pour la défense des intérêts de cette institution policière.
“Le ministère de l’Intérieur veut créer une seule direction de l’investigation par département. Une cellule qui traitera les petits délits du quotidien comme les grosses affaires criminelles. Il n’y aura plus de Police Judiciaire. Nous sommes des policiers spécialisés. Mais demain ce sera terminé. Tous les enquêteurs, qu’ils viennent de la PAF, du renseignement ou de la PJ, seront amenés à traiter aussi bien la délinquance du quotidien que les crimes. C’est incohérent.“
À Toulouse, la Police Judiciaire est composée de 80 enquêteurs. Avec la réforme, elle rejoindrait les 150 enquêteurs de la sécurité publique.
“C’est trop peu“, poursuit Christophe. “Si on fait cette réforme, alors il faut recruter et former. Si on est sous-dimensionné, on laisse tomber les victimes. il faut une réponse pénale cohérente. À Toulouse, 55000 plaintes sont en souffrance.”
Ce jeudi 6 octobre, environ 50 enquêteurs de la Police Judiciaire se sont rassemblés devant le commissariat central. Une action symbolique pour dénoncer cette réforme.
Cette réforme administrative soulève de vives inquiétudes également chez les magistrats et les avocats. L’Association Nationale de Police Judiciaire a sollicité le Sénat et l’Assemblée Nationale. Une commission d’enquête parlementaire devrait voir le jour prochainement. La réforme défendue par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin devrait voir le jour courant 2023.
Des rassemblements sont d’ores et déjà prévus le 17 octobre prochain.