Vous les avez sans doute vues sur les plages si vous vous promenez tôt le matin. De gros engins brassent le sable, souvent quotidiennement, pour le rendre lisse et agréable. Ils ramassent mégots, plastiques et autres déchets jetés… mais sont aussi dévastateurs pour la biodiversité. C’est ce qu’indiquent les résultats d’une étude menée par le Parc marin du golfe du Lion.
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Êtes-vous prêts à avoir des plages plus naturelles ?
L’enquête, menée sur plusieurs communes entre Leucate et Argelès-sur-Mer entre 2011 et 2021, indique qu’elles ont toutes réduit leurs passages mécaniques, excepté une commune, qui a réengagé des cribleuses à cause de la pression touristique. “Aujourd’hui, on s’aperçoit qu’il y a eu un changement. De nouveaux élus sont arrivés et profitent de l’emballement médiatique qu’il y a eu sur certaines problématiques de risques côtiers, notamment sur l’érosion. Ils ont intégré le fait que certaines pratiques pouvaient être négatives“, indique Grégory Agin, en charge de l’enquête au Parc marin du golfe du Lion.
“De nouveaux élus sont arrivés […]Ils ont intégré le fait que certaines pratiques pouvaient être négatives.” -Grégory Agin, en charge de l’enquête au Parc marin du golfe du Lion
Dans l’Hérault, si certaines communes ont passé le cap du nettoyage manuel, la majorité est restée sur du mécanique. Pour le plus grand plaisir de quelques baigneurs, venus se rafraîchir à la plage de Valras. À seulement 10 heures du matin, il y a déjà quelques déchets sur le sable. “Regardez, à côté de ma serviette, il y a un sachet de sauce piquante pour pizza“, dénonce Huguette, une habituée. Elle souhaite une plage entièrement propre, coûte que coûte. “Je trouve les plages lisses très agréables à l’œil, et c’est signe de propreté, on apprécie.”
Pression des vacanciers
La Ville de Valras est bien consciente qu’elle perturbe les petites bêtes et micro-organismes enfouis dans le sable. Mais il est difficile d’aller à l’encontre des baigneurs, selon Sébastien Vieu, adjoint en charge de l’environnement : “On a l’impression, peut-être à tort, que les usagers de la plage ne sont pas prêts. Quand la cribleuse ne passe pas pendant deux jours, c’est vrai qu’on a des plaintes en mairie qui nous demandent pourquoi la plage n’a pas été nettoyée.”
“Quand la cribleuse ne passe pas pendant deux jours, c’est vrai qu’on a des plaintes en mairie qui nous demandent pourquoi la plage n’a pas été nettoyée.” – Sébastien Vieu, adjoint en charge de l’environnement à Valras
Autre contrainte : le ramassage de mégots et petits déchets est quasiment impossible manuellement, car ils sont trop enfouis. La cribleuse, elle, peut remuer le sable jusqu’à 30 centimètres de profondeur. “Un mégot, c’est 500 litres d’eau de mer polluée, et il lui faut trois ans pour se dégrader. La cribleuse va sûrement être un frein à la faune terrestre, mais le fait de ramasser autant de mégots va éviter cette pollution qu’on va rajouter à la mer“, détaille Sébastien Vieu.
“Un mégot, c’est 500 litres d’eau de mer polluée.” – Sébastien Vieu
Contrainte de temps et d’argent
La Ville de Marseillan, elle, ne savait pas que ce type de ramassage tuait la biodiversité et favorisait l’érosion. Le maire, Yves Michel, suit à la lettre les directives du gouvernement pour ses quatre kilomètres de plage urbaine. “Si demain il [le nettoyage] devait se faire manuellement, il faudrait qu’on ait des prescriptions : à quelle fréquence, comment on peut le faire…”
La commune d’Agde, non plus, n’opte pas pour le nettoyage manuel. Une pratique jugée trop coûteuse en temps et en argent, selon le maire, pour les 10 kilomètres de plage. Pourtant, d’après l’enquête, le nettoyage mécanique serait un peu plus cher, notamment avec le coût des machines et de l’essence.
Portiragnes, en revanche, est passée au nettoyage raisonné sur tout son littoral. Seulement trois passages mécaniques par mois. “On n’a pas un littoral très étendu”, précise la maire Gwendoline Chaudoir. Concernant les mégots, elle a trouvé la solution : “À tous nos postes de secours, on distribue des cendriers de plage et on sensibilise les usagers qui répondent bien à cette initiative.” Portiragnes organise aussi toute l’année des ateliers pour sensibiliser les plus jeunes à la protection de l’environnement.
“À tous nos postes de secours, on distribue des cendriers de plage et on sensibilise les usagers qui répondent bien à cette initiative.” – Gwendoline Chaudoir, maire de Portiragnes
L’idée, donc, resterait de sensibiliser un maximum pour éviter de se retrouver avec des déchets jetés par les baigneurs.
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