C’est le signe d’un changement d’époque. Les immenses silos de l’ancienne cimenterie Lafarge de Frontignan sont grignotés par la pince d’une colossale pelle mécanique. Depuis la mi-juillet, la deuxième et dernière phase de démolition de cet ancien complexe industriel a commencé. Inauguré en 1927 sur un terrain de plus de 70 hectares, il aura définitivement disparu fin octobre, avant de débuter une nouvelle vie.
C’est un arrêté préfectoral pris en 2015 qui a scellé le sort de cette cimenterie. Il était ainsi prévu une remise complète à l’état naturel en 2020. Ce sera finalement 2023. Trois ans après la première salve de travaux qui ont abouti à la cession de l’ancienne carrière et des terrains où se trouvaient les fours (60 hectares). La zone actuellement en cours de démolition (6 hectares) se trouve quant à elle de l’autre côté de la départementale reliant Sète et Balaruc. Ce chantier – financé par Lafarge – est estimé à un million d’euros.
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Une opération délicate
Pour faire table rase, il a d’abord été envisagé d’utiliser des explosifs. Mais la technique a été abandonnée à cause de la proximité avec l’étang de Thau. C’est donc une démolition à la pelle mécanique qui a été retenue. L’engin est l’un des plus gros de sa catégorie : plus de 220 tonnes et un très long bras pour atteindre le sommet de silos hauts de 40 mètres.
“On doit brumiser de l’eau en permanence pour faire tomber les poussières.” – Francesco Pompei
Si ce procédé a le mérite d’être plus précis qu’une explosion, il reste malgré tout source de poussière. Il faut en particulier éviter que le reste de ciment contenu dans les cinq silos ne soit emporté par le vent. La solution est donc de “brumiser de l’eau en permanence au-dessus de la pelle pour faire tomber les poussières”, détaille Francesco Pompei, le responsable du site et de la démolition pour le compte de Lafarge.
Une fois la démolition conduite à son terme, fin octobre, il faudra alors dépolluer le terrain où des hydrocarbures lourds ont été détectés. Pour cela, les terres de surface seront excavées et envoyées vers une usine spécialisée. Une opération qui, selon Lafarge, n’aurait pas encore été chiffrée.
Penser l’après
À la mairie de Frontignan, cette démolition est vue comme une aubaine. L’occasion de repenser la ville. “Il n’y a qu’à lever les yeux, on se trouve dans un espace remarquable : face à la lagune de Thau, au Mont Saint-Clair et en périphérie du centre-ville de Frontignan”, fait remarquer Loïc Linarès, l’adjoint au maire en charge de l’aménagement durable.
“On a cette idée de soigner ces cicatrices industrielles.” – Loïc Linarès
Après la démolition de l’ancienne raffinerie Exxon Mobil, c’est une nouvelle page d’histoire qui se tourne à Frontignan. “On a cette idée de soigner ces cicatrices industrielles”, explique Loïc Linarès. “La ville s’est construite autour d’industries polluantes, il s’agit maintenant de se tourner vers des activités plus contemporaines”, poursuit-il.
La ville et l’agglopôle de Sète envisagent donc de transformer le site en parc naturel. Et pour ne pas tirer complètement un trait sur ce passé, deux bâtiments de l’ancienne cimenterie seront conservés. Après concertation, ils pourraient devenir une salle des fêtes ou un lieu culturel. “En tout cas un lieu ouvert au public”, conclu Loïc Linarès. Il faudra, pour le voir, attendre jusqu’en 2025 au moins.
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