Yoan Tanga Mangene – Troisième ligne du XV de France – Très bon lors de la tournée des Bleus au Japon, le néo-Rochelais revient pour nous sur l’émotion de ses premières sélections…
Vous souvenez-vous du jour où on vous a dit : « Tu viens en tournée, Yoan ! » ?
Disons que le jour où j’ai su que je ferais le match des Baa-Baas à Twickenham, j’ai commencé à y croire. Après cette rencontre, dans les vestiaires, Fabien Galthié nous a officiellement annoncé que les joueurs ayant participé à ce match (ils étaient dix-neuf Français à Londres, N.D.L.R.) seraient tous de la tournée au Japon.
Comment avez-vous réagi ?
J’étais super heureux, tiens… Le XV de France, c’était l’objectif que je m’étais fixé en début de saison.
Comment avez-vous vécu votre première Marseillaise, au Japon ?
C’était bizarre, franchement… Je pensais à tout et n’importe quoi : ma famille, mes amis… Puis en écoutant le refrain de la Marseillaise, j’ai un peu divagué : j’ai regardé les tribunes et me suis dit qu’il n’y avait pas un seul supporter français au stade, que nous, joueurs, étions les seuls à la chanter… Je suis parti dans mille trucs, quoi…
Qu’est-ce que le staff tricolore vous avait demandé sur cette tournée en Asie ?
Les coachs m’avaient dit de ne penser qu’à mes qualités : je devais porter les ballons, faire avancer l’équipe…
Il est toujours difficile d’avoir du recul sur ses propres performances : pour autant, comment vous êtes-vous trouvé cet été ?
J’étais plutôt bien avec les Baa-Baas, pour le premier match contre l’Angleterre. Puis, avec l’équipe de France, on a vraiment beaucoup défendu contre ces Japonais qui attaquaient de partout et je me suis juste mis au diapason : j’ai beaucoup plaqué, quoi…
En conclusion ?
Je peux faire mieux mais pour mes deux premiers matchs (en équipe de France), ce sont plutôt deux bons matchs.
Le Japon est une équipe quelque peu atypique du circuit international, dans le sens où elle joue énormément à la main. Avez-vous été surpris ?
Oui, beaucoup. On avait préparé le premier test en se disant que les Japonais joueraient à l’européenne, taperaient des coups de pied… Et puis, ils ont attaqué le moindre ballon qui traînait ! Sur le second, alors qu’on s’attendait à peu près à la même chose, leur ouvreur a tapé au pied quatre ballons sur cinq. […] Cette équipe japonaise est vraiment originale, surprenante : elle ne ressemble en tout cas à rien de ce que l’on peut connaître en Top 14 ou en Champions Cup.
Aviez-vous déjà joué sous une telle chaleur ?
Non. Physiquement, ces deux matchs furent d’ailleurs vraiment très durs. La chaleur, passe encore… Mais l’humidité, elle te fait te sentir comme dans un hammam : tu transpires, tu respires mal…
Parmi tous les messages de félicitations que vous avez reçus avant et après la tournée, lesquels vous ont-ils le plus touché ?
Ma mère a pleuré, tellement elle était fière. C’était super émouvant.
Vous nous disiez pourtant, dans une précédente interview, que votre rêve d’enfant était au départ de devenir footballeur…
Petit, je voulais marcher dans les pas de mon idole Juninho (footballeur brésilien passé par Lyon, N.D.L.R.). J’étais pas mal sur le terrain, même si je cassais trop les attaquants adverses. J’ai malgré tout intégré le club de rugby de Tremblay-en-France (Seine Saint-Denis) et, pour moi, le déclic a eu lieu au soir de finale de la Coupe du monde 2011. J’ai pleuré devant ma télé, ce jour-là.
À quoi aspirez-vous, désormais ?
Comme tous ceux ayant goûté à l’équipe de France, je n’ai qu’une seule envie : y retourner. […] Je rêve de disputer la Coupe du monde 2023, même si le chemin y conduisant est encore très long…
Il y a déjà quelques années que vous êtes considéré comme un grand espoir du poste de troisième ligne, en France. Pourquoi votre éclosion a-t-elle pris autant de temps ?
Bonne question… Après ma première saison à Agen (2017), on parlait déjà pour moi de l’équipe de France. Si j’ai signé au Racing, c’est justement pour décrocher mes premières sélections.
Quel fut le déclic, au juste ?
ça peut sembler anodin mais les trois kilos que j’ai perdus en début de saison m’ont fait énormément de bien. Sur le terrain, je me déplace beaucoup plus qu’auparavant.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans la méthode de travail du XV de France ?
Le travail préparatoire est assez dingue. Avant les matchs, on a accès à une masse d’informations incroyable sur l’adversaire, sur nous-mêmes : le staff nous demande même d’analyser notre adversaire direct et de le présenter à nos coéquipiers, au cours d’un meeting. J’ai trouvé ça génial.
Où votre marge de progression se situe-t-elle ?
Dans les zones de rucks. Il faut que j’y sois plus efficace que je ne le suis actuellement.
Que vous a dit le staff des Bleus après la tournée ?
Il n’y a pas eu de debrief’particulier mais je pense qu’ils ont été contents de moi. J’ai joué trois matchs sur trois, cet été.
Au Stade rochelais, vous retrouverez dans quelques semaines l’autre numéro 8 du XV de France, à savoir Grégory Alldritt. Comment envisagez-vous cette cohabitation ?
Ca ne peut être que bénéfique puisque nous avons des qualités différentes. Lui comme moi sommes également capables de jouer sur le flanc de la troisième-ligne. Pour moi, cette cohabitation sera un vrai plus.
Qu’allez-vous faire de vos vacances ?
Déjà, je déménage et ça me prend la tête ! (rires) Puis la semaine prochaine, on part en vacances avec Dany Priso, Cameron Woki et Sekou Macalou. Je reprendrai le 8 août.
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