Samedi après-midi, Yoram Moefana fut à Toyota le meilleur joueur tricolore. Mais s’il est entré dans l’histoire, à Toyota, ce n’est pas seulement pour avoir remué de la viande nippone…
Au sujet de la dernière performance de Yoram Moefana, son coéquipier à Bordeaux-Bègles et en équipe de France Thomas Jolmès dit ceci : « Yoram (Moefana) a fait un match incroyable, contre le Japon. Mais c’est un peu son habitude, de faire des jolies passes et de détruire des mecs… ». Qu’on le veuille ou non, le descriptif du grand Thomas sonne plutôt juste et, dans la lignée de ce qu’il avait réalisé au fil du dernier Tournoi des 6 Nations (quatre feuilles de match), Moefana (21 ans) a une fois encore marqué des points aux yeux de Fabien Galthié et son staff : renversant à l’impact, très agressif en défense, l’homme au tour de cuisse le plus dingue du championnat a surtout marqué un essai magnifique, après un beau numéro de soliste réalisé le long de la ligne de touche.
« Sur ce coup-là, racontait-il après la rencontre, je me suis dit en arrivant devant le défenseur japonais : « Tente le coup de pied et on verra bien ce qu’il se passe derrière ! » Je l’ai fait à l’instinct et ça a bien fonctionné. C’est top. » De quoi attirer lumière et louanges, jeune homme ? «Il a été énorme, disait aussi le pilier Demba Bamba samedi soir. Yoram, il est comme un petit frère pour moi et avant ce premier test, j’avais donc passé toute la semaine à le taquiner. Je vais pouvoir le laisser tranquille, désormais… ». Disons que si l’enfant de Wallis débarque à Tokyo un peu plus agacé qu’il ne l’était déjà à Toyota, les Japonais risquent de trouver l’après-midi un peu longuet. D’autant plus que si la chaleur ambiante semble lessiver la majorité de ses coéquipiers, lui ne la supporte plutôt bien : « Ça fait une semaine qu’on s’entraîne tous les jours dans ces conditions, ajoutait-il après la rencontre. Nos corps s’y sont habitués, je crois. »
Moefana : « Sipili est pour moi comme un grand frère »
Mais samedi après-midi, dans la province d’Aichi, Yoram Moefana n’a pas seulement remué de la viande et marqué les esprits. En disputant un match international sous le même maillot que son oncle Sipili Falatea (25 ans), le trois-quarts centre de l’Union Bordeaux-Bègles est entré dans l’histoire, une telle occurrence ne s’étant encore jamais produite dans le rugby international, pourtant vieux d’un siècle et riche d’histoires de famille de toute espèce. « Sipili Falatea est le petit frère de mon père, poursuivait le trois-quarts centre tricolore dans les couloirs du Toyota Stadium. Mais ils ont une grande différence d’âge, tous les deux. Du coup, Sipili a beau être mon oncle, je le considère un peu comme un grand frère. On a grandi ensemble, à Futuna. […] Petits, on ne savait évidemment pas qu’on jouerait un jour ensemble en équipe de France et le fait d’avoir réalisé ça, c’est vraiment un régal. »
Pour mémoire, si le Néo-Zélandais Regan King a ainsi joué avec son fils Jacob Cowley en 2015 sous le maillot de la franchise galloise des Scarlets ou qu’en France, Daniel Revallier a évolué en championnat (à Graulhet) avec son fils Jean-Philippe dans les années 1980, rien n’avait jamais été recensé d’aussi dingue, avant que Sipili Falatea et Yoram Moefana ne foulent cette pelouse japonaise, le samedi 2 juillet 2022. Ça se fête, non ?
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