Spécialiste de la 2e Guerre mondiale, David Mallen a répertorié 53 impacts.
Vous êtes peut-être déjà passés à côté sans vraiment y prêter attention, à l’occasion d’une balade dans la réserve naturelle du Bagnas, entre Agde et Marseillan-Plage. De larges cercles qui font office de plan d’eau l’hiver, souvent à sec en été, que le président de l’association Agde Histoire 39-45, David Mallen, à qui l’on doit la restauration du bunker de la Tamarissière, vient d’étudier sur le terrain.
Comme souvent en de pareils cas, ce sont les archives qui ont aiguillé l’historien amateur. “Après avoir étudié les missions de bombardements des positions allemandes sur Agde, ainsi que les vues aériennes d’époque, mais aussi actuelles, j’ai décidé de partir à la recherche des traces au sol de ces derniers lâchers de bombes”, explique-t-il.
Des investigations qui l’ont mené dans le périmètre de la réserve naturelle du Bagnas. “Sur place, j’ai pu découvrir plus de 53 impacts de 4 à 10 mètres de diamètre, quasi intacts.” De larges cercles qui sont progressivement devenus des éléments de l’écosystème local, les cratères jouant le rôle d’abris pour des espèces d’amphibiens, de reptiles, d’insectes, d’oiseaux, sans oublier les végétaux.
17 tonnes de bombes larguées le 13 août 1944
Comment autant de bombes ont-elles pu être larguées par les Alliés dans une zone qui ne revêtait aucun intérêt stratégique ? David Mallen a sa petite idée sur la question. “Les rapports de missions indiquent que les bombardiers quadrimoteurs B-24 “Libérator” larguaient souvent leurs bombes au visuel, à une altitude comprise entre 16 000 pieds (4 500 mètres) et 18 000 pieds (5 500 mètres), à très haute altitude donc, ce qui a pour conséquence de ne pas être précis et de ne pas atteindre les objectifs ciblés. Résultat : les bombes tombent soit bien avant ou après les objectifs.”
Le rapport de mission du 460th Bomb Group du 13 août 1944, de la formation Dog, a livré de précieuses informations à David Mallen. “L’objectif final était les positions d’artillerie de la campagne de Saint Martin des Vignes. Les sept appareils de la formation Dog ont largué 17 tonnes de bombes dont ils étaient équipés et ont signalé quelques impacts directs, mais aussi beaucoup de bombes perdues autour de l’objectif.” Notamment dans ce qui deviendra la réserve du Bagnas, donc.
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