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Pita Ahki : « J’ai appris à être à l’écoute de mon corps »

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Avant-première Abonnés – Longtemps freiné par les blessures, il s’est imposé comme une pièce maîtresse du système toulousain depuis près de quatre ans et un des meilleurs joueurs du monde à son poste. Pita Ahki évoque ici la gestion de son physique fragile ou son envie de disputer le Mondial 2023.

Dépannage à domicile, tous travaux

Après un parcours sinueux ces derniers mois, comment jugez-vous votre équipe avant ce barrage ?

Ce fut différent des trois précédentes saisons que j’ai disputées à Toulouse, avec une position moins confortable au classement, les matchs annulés, les reports, l’absence des internationaux, les doublons. Mais c’est la vie. Nous savons ce dont notre équipe est capable en phase finale, quand tout le monde joue le rugby qu’on prône.

Personnellement, vous avez connu deux mois d’arrêt en février et mars en raison d’une intervention au genou. Que regard portez-vous sur votre saison ?

Comparée aux dernières, j’ai fait un début de saison plus timide. Je n’étais pas à mon meilleur niveau, donc je veux la terminer du mieux possible. J’entends profiter de l’intersaison pour m’entraîner dur et redevenir celui que j’étais l’an passé.

Pourquoi avoir pris la décision de vous faire opérer début février ?

Avec le staff médical et les coachs, on avait initialement prévu que je joue le maximum de matchs possible, surtout durant la période internationale vu tous les mecs appelés en équipe de France. Mais la blessure s’est aggravée lors de la rencontre à Perpignan et j’ai finalement décidé de me faire opérer plus tôt que ce qui avait été programmé. L’idée était d’être prêt pour cette fin de saison.

Récemment, vous avez dit en conférence de presse que vous ressentiez toujours la douleur…

C’est vrai, surtout après les matchs. Pendant les deux ou trois premiers jours, ce n’est pas simple. Je marche doucement quand je sors du lit ! Mes deux filles essayent de me solliciter mais je leur dis : “Laissez un peu papa tranquille, on jouera plus tard” (sourire). Je prends beaucoup de médicaments et je fais beaucoup de massages, de kiné.

N’est-ce pas trop dur ?

C’est ça aussi le rugby. Je crois que de nombreux autres joueurs vivent la même chose. Ce n’est pas l’idéal mais c’est le moyen que j’ai trouvé pour être prêt chaque week-end pour le match.

Et, sur le terrain, souffrez-vous ?

Non. Honnêtement, les soins fonctionnent et, en général, je suis à 100 % et ne pense à rien d’autre qu’au jeu.

Les blessures font partie de votre carrière…

Oui. J’en ai connu deux très grosses. J’ai une épaule reconstruite et un genou opéré (quand il était encore en Nouvelle-Zélande, N.D.L.R.), qui devait d’abord m’éloigner de la compétition pendant huit semaines, comme cette saison. J’en ai pris pour six mois. Ayant connu de nombreuses blessures, j’ai appris à être bien entouré par mes amis et mon cercle familial.

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Qu’est-ce que cela vous apporte ?

J’ai compris que la blessure fait partie de mon métier, de mon parcours personnel. Le plus important, c’est de redevenir compétitif à chaque fois, donc de faire ce qu’il faut pour cela, parfois doucement mais sûrement. La clé, c’est que le joueur maîtrise ce qu’il peut, comme l’entraînement. Pour le reste, j’écoute les spécialistes et les médecins.

Cela vous a-t-il rendu plus fort ?

Oui, c’est une évidence. C’est pour cela que je répète à quel point l’environnement personnel est primordial dans ce genre de circonstances. Je me sens plus fort mentalement aujourd’hui.

Votre corps a-t-il été votre limite quand vous évoluiez en Nouvelle-Zélande ?

C’est certain. Lorsque je suis arrivé aux Hurricanes (en 2017), les mecs devant moi dans la hiérarchie ont réalisé une grosse préparation et ce fut dur d’avoir du temps de jeu. Puis il n’y a pas de compétition comme celle des espoirs ici, pour continuer à jouer. Là-bas, les blessures que j’ai contractées pendant deux ans m’ont freiné. Mais, voilà, cela s’est passé ainsi… Cela ne m’empêche pas d’être heureux maintenant à Toulouse.

Aux Hurricanes, vous n’aviez joué qu’un match de Super Rugby, et treize aux Blues en deux ans. à Toulouse, en quatre saisons, vous avez toujours disputé entre vingt et un et vingt-cinq matchs par an…

C’est quelque chose dont on parle souvent entre étrangers, pour ceux qui ont évolué en Super Rugby. En Nouvelle-Zélande, vingt-cinq matchs, tu les fais en deux ans ! Ici, les saisons sont longues. Il n’y a qu’à voir les chiffres que vous me citez… C’est incroyable pour nous ! Cela prouve ce que notre corps peut faire aussi, quand les blessures nous laissent tranquilles.

Etes-vous mieux connecté à votre corps aujourd’hui ?

Exactement. Avec l’expérience, notamment celle des blessures, je ressens mieux les choses et j’ai appris à être à l’écoute de mon corps. Du coup, il vaut mieux être franc avec le staff médical et les entraîneurs. Ils connaissent les joueurs, savent ce dont ils ont besoin pour être prêts à jouer le week-end.

Comment ça ?

Ugo (Mola) et Clément (Poitrenaud) me demandent toujours, en début de semaine : “ça va, tu te sens bien ou pas ?” Je n’ai qu’à être honnête avec eux. Quand je vois que c’est nécessaire, je leur réponds : “Aujourd’hui, je crois que j’aurais besoin de faire autre chose afin d’être apte pour la grosse journée d’entraînement, qui est la plus importante.”

Cela oblige à être transparent. Certains peuvent parfois cacher leurs blessures pour espérer jouer…

Cela réclame une grande confiance entre nous. De toute façon, il n’y a pas de succès dans une équipe sans cela. Quand on atteint ce niveau de respect mutuel entre le joueur et les coachs, eux sont à l’écoute et te responsabilisent. C’est une bonne chose. Le problème, souvent, c’est qu’en tant qu’athlète, tu n’aimes pas ne pas t’entraîner.

Et donc ?

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Tu as toujours envie d’être sur le terrain avec les gars. Je ne veux pas passer aux yeux des autres pour le mec qui ne s’entraîne pas et qui joue le week-end… Mais, parfois, tu peux aggraver une blessure en semaine et c’est encore pire. Voilà pourquoi j’ai compris à quel point je devais écouter mon corps.

Votre femme, Kayla McAlister (meilleure joueuse du monde de rugby à 7 en 2013, N.D.L.R.), connaît les contraintes du sport de haut niveau. Son rôle fut-il important dans les moments durs ?

J’ai une immense chance de l’avoir à mes côtés et elle m’a beaucoup aidé. Avec les filles, elle gère tellement de choses pour que je puisse être performant. Sincèrement, si elle n’avait pas été là, j’aurais sûrement arrêté le rugby après mes premières blessures.

A ce point ?

Oui. Après ma première opération du genou, je pensais ne plus jamais rejouer au rugby. Quand j’ai entendu les mots du docteur en Nouvelle-Zélande, je croyais vraiment raccrocher. Je suis chanceux d’avoir eu Kayla pour m’épauler.

Vous êtes un homme calme et discret. Mais, paradoxalement, vos coéquipiers nous confient régulièrement que vous parlez beaucoup sur le terrain…

Pour comprendre, il faut revenir à mes débuts avec les Blues, en Super Rugby. J’étais vraiment quelqu’un de très discret sur et en dehors du terrain.

Racontez-nous…

John Kirwan était l’entraîneur en chef à l’époque, et il m’avait fait venir dans son bureau. Il m’avait dit : “Je sais que tu es souvent dans ton coin, que tu es une personne discrète. Mais ici, aux Blues, tu as besoin de communiquer sur le terrain. Tu dois devenir une autre personne en match et ta progression passera par le fait de t’exprimer.” Je me suis toujours souvenu de cet entretien, et j’ai essayé de le retranscrire les jours de match. J’ai grandi grâce à ces conseils. Je suis devenu meilleur et j’ai pris des responsabilités.

Aimez-vous en prendre ou est-ce contre-nature ?

Non, j’adore ça. J’aime parler aux mecs sur le terrain et les entraîner avec moi, particulièrement en défense. On m’a confié des clés dans ce secteur, pour organiser les choses. C’est un rôle que je prends très au sérieux.

Ugo Mola avait dit de vous : “Il est le régulateur de notre ligne. Quand Pita va bien, les trois-quarts vont bien”

(Gêné) Non, non, non… Je comprends ce qu’il veut dire. Mais ça, ce n’est pas moi ! Je fais juste mon boulot et les autres font le leur. Quand on le fait bien ensemble, ça marche.

Mais sentez-vous que vous tenez une place primordiale dans cette équipe ?

Oui, bien sûr. Aussi parce que, dans la manière dont on joue, la connexion entre l’ouvreur et le numéro 12 doit être très solide. Les coachs m’ont donc beaucoup responsabilisé et j’assure une certaine communication, notamment pour gérer l’aspect défensif comme je le disais. Puis ils me disent : “Si tu peux tirer l’équipe vers le haut dans les moments clés du match, fais-le.” J’essaye donc toujours de guetter ces moments-là.

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Vous donnez l’impression d’avoir trouvé un parfait équilibre dans votre vie, entre votre famille et votre carrière…

C’est tout à fait ça. On discute toujours avec le groupe de joueurs étrangers de ce qu’on aime en France, en particulier à Toulouse. La vie familiale fut primordiale dans ma décision de rester ici (il a prolongé trois ans la saison dernière, N.D.L.R.) dans le sens où on peut passer plus de temps à la maison. Ma femme ne travaille pas et je peux rentrer après les entraînements. Sur les week-ends libres, on voyage ensemble, on découvre cette partie du monde. Sur des semaines de repos, on a pu partir en Grèce ou en Croatie.

Votre famille est très proche de celle de Cheslin Kolbe. Son départ fut-il dur à accepter l’été dernier ?

C’était difficile, parce que nos familles se voyaient beaucoup, sur les après-midi libres ou les week-ends. Nos filles jouaient ensemble. L’autre chose qui m’a manqué, c’est sa présence dans l’équipe. Cheslin pouvait juste attraper un ballon et vous créer un truc à partir de rien. Mais nous sommes heureux pour lui et sa famille. Il a eu une opportunité à Toulon et il l’a saisie.

Que vous manque-t-il ? Des Capes internationales ?

Oui (en soupirant). Je sens que c’est quelque chose qui me manque vraiment. Je veux jouer au niveau international. Je suis en discussion actuellement avec mon agent et avec quelques équipes nationales. J’espère acter au plus vite mon éligibilité pour les Samoa. J’ai pour ambition de disputer la prochaine Coupe du monde.

Vous êtes également éligible avec les Tonga, c’est bien ça ?

Oui, je suis né en Nouvelle-Zélande, mais ma maman est tonguienne et mon papa est samoan. J’en ai discuté avec les deux coachs, aussi avec mes parents, car c’est très important. Je vais prendre ma décision courant juin.

L’an passé, vous nous avouiez ne pas abandonner votre rêve de porter le maillot des All Blacks, après avoir été international néo-zélandais à 7. Avez-vous fermé cette porte ?

C’est trop difficile. Ils ont leur équipe maintenant… Et, pour prétendre aux All Blacks, il me faudrait quitter Toulouse pour retourner en Nouvelle-Zélande. Et encore, rien ne serait assuré. J’aurais adoré mais c’est trop compliqué.

Vous deviez être heureux en apprenant l’assouplissement des règles d’éligibilité mis en place par World Rugby…

On en entendait parler, il y avait des rumeurs. Mais j’avais l’impression que cela n’arriverait jamais. Maintenant, les choses ont officiellement changé et c’est une excellente nouvelle pour les nations du Tier 2.

Il y a d’ailleurs les drapeaux samoan et tonguien sur le casque que vous portez à chaque match…

C’est un hommage à ma culture. Je suis fier d’être Samoan et Tonguien, c’est une façon pour moi de représenter mes origines à la fois paternelles et maternelles.

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