Pierre Mignoni (manager de Lyon) : « Je n’avais pas envie de m’étaler devant les Toulonnais »

À l’extrême devant la victoire qui récompensait ses sept saisons de travail, le futur homme fort de Toulon s’est volontairement tenu en retrait pour mieux apprécier l’instant. Pour Midi Olympique, ce dernier a toutefois accepté de revenir sur les émotions qui l’ont traversé en ce 27 mai 2022, appelé à faire date pour le Lou…

Dépannage à domicile, tous travaux

Vous n’avez pas souhaité vous exprimer à chaud après la rencontre. Pour quelle raison?
Ce n’est pas que je ne l’ai pas voulu… C’est simplement que j’ai dit à mes adjoints qu’il serait bien qu’ils le fassent à ma place (sourire). C’est bien de les valoriser dans des moments comme ceux-ci. Et puis, pour tout dire, j’avais surtout envie de bien profiter du moment présent, auprès des joueurs, des dirigeants, des bénévoles. Aller en conférence de presse à ce moment-là, ce n’est pas ce qui me faisait le plus envie.

On vous a vu vous éclipser très rapidement aux vestiaires, après avoir regardé de loin la remise du trophée à vos joueurs auprès de Yann Roubert. Quels sentiments se sont bousculés dans votre esprit à cet instant?
J’étais heureux pour mes joueurs, tout simplement. J’ai fait ni plus ni moins que ce que j’avais déjà fait lorsque nous avions eu la chance de remporter des finales avec Toulon. Quand tu es coach, à mon sens, ta place est en retrait dans ces moments de liesse. Ils doivent appartenir aux joueurs. Et puis, je n’avais pas non plus envie de m’étaler vis-à-vis des Toulonnais. J’ai juste voulu profiter de la joie de mes joueurs, de loin, puis plus près d’eux dans l’intimité du vestiaire.

Juste avant de rentrer, on vous a vu donner une longue accolade à Mathieu Bastareaud. Que vous êtes vous dit, entre vous ?
Avec Mathieu, on se comprend… Il n’y a pas vraiment besoin de mots, ou alors très peu. Il y a eu des mots gentils, voilà mais ils n’étaient pas essentiels. Certains regards se suffisent.

On a surtout ressenti de l’extérieur une forme de pudeur et de retenue vis-à-vis de vos futurs ex-joueurs, mais aussi de votre club de cœur et de vos futurs joueurs tout court. Peut-être est-ce votre manière de traverser ces moments-là…
Des finales, j’en ai vécu beaucoup, avec des émotions de toutes les sortes… Je n’ai pas forcément le besoin d’extérioriser dans ces moments-là, car je sais très bien ce qu’on peut ressentir en voyant les autres. Il faut avoir un peu de recul, par rapport à tout ça. La victoire, la défaite, il y a tellement peu de choses qui les séparent… Il s’agit juste d’avoir un peu d’humilité, et apprécier les choses à leur juste valeur. J’étais dans l’instant, croyez-moi. Quand tu connais des émotions aussi fortes que de remporter une finale, vraiment, tu te détends…

Le contexte de votre confrontation avec Franck Azéma était forcément particulier, à quelques semaines d’officiellement travailler ensemble à la tête du RCT. Avez-vous échangé avec votre homologue toulonnais en marge du match ?
(Il coupe) Avec Franck, tout est très clair depuis le début, ainsi qu’avec nos présidents qui sont au courant de tout. Les gens ont du mal à comprendre qu’on puisse d’appeler ou même se voir régulièrement, parce que nous sommes en concurrence sportive. Le contexte de cette finale a fait que nous ne nous sommes pas appelés de la semaine alors que la vérité, c’est que le reste du temps, on s’appelle tous les jours. Parce que nous sommes des passionnés, parce que nous sommes très excités à l’idée de travailler ensemble. Et parce que nous sommes bien obligés de préparer l’avenir… J’ai tout lu, tout entendu des c… ies qui sont dites au sujet de notre future collaboration, alors que nos rôles sont clairement distribués. Peu importe que ce soit nous ou Toulon qui l’ait emporté vendredi, ça ne changera rien à notre approche de la fin de saison et notre manière de collaborer.

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Qu’est-ce qui a fait grandir votre équipe, méconnaissable par rapport à ses deux dernières «grandes» sorties en demi-finales de Top 14 ?
L’équipe n’est pas la même, déjà. Certains joueurs ont appris de ces expériences, d’autres nous ont rejoints, le contexte autour de ces matchs a changé… Sur nos deux premières demi-finales en 2018 et en 2019, nous étions arrivés quelque peu en bout de course, après des matchs de barrage assez intenses. Je pense que nous aurions été mieux préparés pour la troisième car nous étions partis pour nous qualifier directement en 2020. Mais le covid est passé par là, alors on ne saura jamais… Ce qui est certain, en revanche, c’est que nous étions prêts cette année à jouer cette finale. C’est tout ce qui comptait.

Après votre large défaite à Bordeaux, vous aviez axé votre semaine sur la récupération, avec un départ pour Marseille dès le mardi, et beaucoup d’activités ludiques sur place comme une journée passée en catamaran et au Cercle des nageurs. Cela a-t-il pesé dans votre approche psychologique de l‘événement?
Ce n’était pas de la récupération. Cela faisait partie intégrante de notre préparation que j’avais souhaité effectuer dans la décontraction, la dérision. Switch on, switch off, comme disent les Anglo-Saxons. C’est sûr qu’en nous voyant de loin, certains pouvaient légitimement se dire : «ils préparent vraiment une finale, ces types-là?» Mais la vérité, c’est que ce groupe avait plus besoin de moments comme ça, plutôt que de se taper la tête contre les murs mardi, mercredi et jeudi, pour au final ne rien lâcher le moment venu… Il s’agissait d’être prêt au coup d’envoi, vendredi à 21 heures. Et je crois que nous l’avons été.

À ce titre, la force mentale de votre équipe a frappé, capable de se relever de coups du sort comme trois essais refusés, dont un sur le coup d’envoi, un autre juste avant la pause… N’avez-vous pas craint que ces faits de jeu finissent à la longue par remettre Toulon dans le match ?
Bien sûr que si. Après des trucs comme ça, tu peux t’écrouler, comme ça nous était d’ailleurs arrivé la semaine précédente à Bordeaux. Heureusement, ça n’a pas été le cas. À la mi-temps, Davit Niniashvili était effondré lorsqu’il est entré dans les vestiaires, juste après son essai refusé. Mais tout le monde lui a dit : «tu as vu le match que tu fais ? C’est toi qui vas marquer en deuxième mi-temps.» ça l’a reboosté et au final, j’aurais tendance à dire que ces faits de jeu nous ont resserré, alors qu’ils auraient pu nous tuer. Je n’ai pas eu besoin de remobiliser les joueurs à la mi-temps: nous avons seulement parlé de stratégie, de ce qu’il fallait continuer à faire et ce qu’il fallait changer.

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Au sujet de la stratégie, malgré leur préparation «légère», vos joueurs sont entrés sur le terrain avec un plan parfaitement compris et élaboré, qui consistait dans un premier temps à exploiter les espaces libres dans le dos du premier rideau toulonnais par le pied de Ngatai, dans le but d’obliger Baptiste Serin à couvrir…
On a fait ça, effectivement. Le but était de mettre très vite ça en place, pour obliger les Toulonnais et avoir dans un deuxième temps un peu plus d’espace pour attaquer ballon en main, ce que nous avons plutôt bien fait en début de deuxième mi-temps. Toulon, on les connaît, toutes les équipes ont leurs points faibles. Il s’agissait surtout, pour nous, de ne pas commettre les mêmes erreurs qu’il y a deux mois. Dans la stratégie, bien sûr, mais surtout dans la conquête et le combat. Il n’y avait pas besoin de tant de temps que ça pour bien préparer ce match.

Au final, on a le sentiment que le match d’il y a deux mois (défaite 10-43 à domicile, N.D.L.R.) vous a davantage servi stratégiquement que pour exercer des leviers psychologiques de l’ordre de la revanche…
Honnêtement, on n’a presque pas parlé de Toulon cette semaine. Certains ne vont pas me croire, et pourtant, c’est la vérité… Ce match de Gerland, les joueurs l’avaient en tête, il n’y avait rien de particulier à ajouter au sujet de la motivation. Ça n’aurait servi à rien de se remonter le bourrichon avec le souvenir du dernier match. Du coup, on s’est surtout concentré sur nous-mêmes, sur notre jeu, et ce qu’on souhaitait mettre en place.

La satisfaction profonde ne vient-elle pas du fait que votre équipe l’a emporté en restant fidèle à son identité, malgré la pression et l’enjeu?
C’était important, oui. Mais c’était surtout important d’être consistant pendant 80 minutes. Trop souvent cette saison, on n’a pas montré notre vrai visage, c’est d’ailleurs pour cela que nous ne sommes pas dans les 6 et qu’il va falloir batailler jusqu’au bout pour essayer d’y revenir. Je ne pensais pas que nous passerions à côté de cette rencontre mais en revanche, ce que je craignais, c’est qu’on soit à l’image de notre saison: flamboyants pendant une dizaine de minutes, puis pathétiques, et vice-versa. On a réussi à gommer cette inconstance, et c’est ce qui m’a fait le plus plaisir. Si nous avions joué plus de matchs comme celui-là dans la saison, on se poserait beaucoup moins de questions avant cette dernière journée.

Ce titre vient couronner vos sept saisons à Lyon. Impossible de ne pas se souvenir que lorsque votre arrivée fut actée voilà 7 ans, tout le monde vous a pris pour un fou…
Oui, peut-être. Ça, j’avoue que je n’ai pas eu trop le temps d’y penser.

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À chaud, on a finalement assez peu parlé de la dimension historique de ce titre sur la ville de Lyon. On imagine pourtant que cela constitue une immense fierté…
C’est génial mais la saison n’est pas encore finie. Ces considérations-là, on aura le temps d’y songer plus tard. Pour l’heure, il faut bien profiter du moment et très vite basculer sur ce match de La Rochelle. Ce n’est que plus tard qu’on se rendra compte de ce qu’on a fait.

N’avez-vous vraiment pas d’ores et déjà perçu que le regard du sport lyonnais a bien changé sur le rugby, ces derniers mois ?
Si, évidemment. Vous savez, cette semaine, nous avons un peu joué sur les émotions le jeudi soir. Il y a eu les traditionnels messages des familles, mais aussi ceux de plusieurs personnalités du sport lyonnais, dont Jean-Michel Aulas qui a eu un message très sympa. Cela a permis aux gars de toucher du doigt que le rugby à Lyon prend une nouvelle ampleur. Il y a dans cette ville largement la place de voir tous les sports cohabiter au plus haut niveau. C’était l’objectif au début du projet et c’est très bien pour l’avenir. Cela va aider Xavier Garbajosa et le club dans leur volonté d’aller encore plus loin.

Quoi qu’il arrive la semaine prochaine contre La Rochelle, peut-on considérer votre saison comme d’ores et déjà réussie ?
(Il souffle) Il faut aller au bout de tout, on ne peut pas se satisfaire de ce qu’on a fait. Je ne sais pas si on va y arriver, car il ne s’agit pas simplement de gagner, mais de gagner avec le bonus offensif. Les données sont très claires… Mais je suis de nature optimiste et je me dis que tout peut arriver. On l’a encore vu ce week-end puisque La Rochelle et nous avons gagné plus ou moins à la surprise générale.

Les Rochelais vous ont-ils impressionné face au Leinster samedi ?
Impressionné, non, parce qu’on sait de quoi ils sont capables. L’an dernier, ils ont perdu deux finales, et ils ont manifestement beaucoup appris de ces échecs. Même si c’est dur, la progression d’une équipe passe par là. En tout cas, je suis ravi que nous ayons la chance d’être les premiers à affronter les nouveaux champions d’Europe. Ce titre, ils le méritent amplement.

Est-il de nature à fournir une motivation supplémentaire aux joueurs ?
Cela va donner une super affiche, le choc des champions des deux Coupes d’Europe. Rien que ça, ça doit suffire à mobiliser les joueurs, je n’y ai pas encore pensé de toute façon. Comme je vous l’ai dit, l’urgence, c’est d’abord de savourer notre titre. Si on s’était remis au boulot dès le dimanche, on n’aurait rien compris… Là, les joueurs vont profiter et reprendre mardi, tranquillement. Mais au fond de moi, je sais qu’ils ont tous envie d’encore un peu plus, tout comme les Rochelais d’ailleurs. Je ne sais pas ce qui arrivera ce week-end, mais je peux vous dire qu’il y aura match. Et celui qui se qualifiera en phases finales au bout des 80 minutes l’aura bien mérité sur l‘ensemble de sa saison.

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