“Je ne sentais plus mes jambes, j’étais paralysé. J’avais de grosses bouffées de chaleur. C’est arrivé subitement après avoir été piqué”. Ce témoignage c’est celui d’Arthur. Ce lycéen en classe de terminale à Jean Moulin à Béziers fait partie de ces jeunes ayant été piqués dans la nuit du 17 au 18 avril dans deux boîtes de nuit biterroises. Dix plaintes ont été déposées à ce jour au commissariat de Béziers. Certaines victimes sont mineures.
Cette nuit-là, Arthur qui habite Lespignan, était avec trois amis à la discothèque l’Usine à Gaz au bord de l’Orb à Béziers lorsqu’il a perdu le contrôle de ses jambes.
“En deux minutes je n’ai plus rien maitrisé”
“J’avais la tête qui tournait. Un problème d’équilibre. Je ne pouvais plus bouger mon corps. Mon cœur s’est emballé. C’est intervenu très rapidement après cette piqûre entre une et deux minutes. Je n’avais pas bu d’alcool avant, ni consommer de stupéfiant“.
“J’ai regardé mon bras droit et j’avais un petit point rouge”
“Je ne pouvais plus bouger mon corps” – Arthur
Des analyses sont en cours pour connaître la nature du produit injecté. Ce jeudi, Arthur n’avait pas encore connaissance des analyses réalisées. “Cette attente est angoissante”.
Chez les lycéens, ces piqures intriguent. Notamment à Jean-Moulin. “Certains élèves confient ne pas avoir l’intention de retourner en discothèque tant que l’auteur n’a pas été interpellé-” explique Juan. Ce jeune en classe de terminale Electro-technique à Jean-Moulin était avec Arthur cette nuit-là.
“Ça a créé une très grosse inquiétude au lycée. De nombreux jeunes nous ont dit qu’ils ne retourneraient plus en discothèque. Je ne sais pas si c’est déjà arrivé dans le Biterrois avant. Je n’en ai jamais eu d’échos. Mais c’est étonnant que cela arrive ici. Je ne suis pas prêt de retourner en boîte. Quand ce jour arrivera, je ferai attention surtout avec qui je parle, et aux personnes qui m’approchent“
Une enquête a été ouverte par le parquet de Béziers pour administration de substance nuisible. Des plaintes similaires ont été déposées à Nantes et Grenoble. Des analyses sont en cours pour connaître la nature des produits injectés comme le GHB, surnommé “la drogue du violeur”.
Cette même nuit, une étudiante en médecine a elle aussi été victime d’un détraqué. Cette fois, dans une soirée à Béziers-Plage. “Nous étions plus de 4.500 “, raconte Elodie (nom d’emprunt), étudiante en deuxième année de médecine à Montpellier. «Aujourd’hui ça va mieux mais pendant plusieurs jours, j’ai fait une grosse dépression. Dimanche soir, je n’étais vraiment pas bien. J’ai fait des malaises. Je ne me souviens de rien”.
Elodie, s’est rendue ce dimanche à 14h00 avec une dizaine d’amis à une méga fête à Béziers Plage. La Punky, explique Elodie a pris ces derniers mois beaucoup d’ampleur sur les réseaux sociaux. ”Nous y sommes allés vers 14h00 et nous avons un peu bu dans l’après-midi. Vers 19h00, je suis donc allée danser avec un copain et d’autres amis. Il y avait beaucoup de bousculade. J’avais mon verre à la main. J’ai pour habitude de la mettre dessus. On ne sait jamais”.
“Très rapidement, je me suis évanouie”
“J’ai commencé à trembler. J’avais les yeux blancs. Mon copain m’a giflée pour me réveiller. Je suis tombée à plusieurs reprises. J’ai eu une grosse colère comme je n’en ai jamais eu. Je ne me rappelle rien. Ce que je vous raconte, c’est ce que mes amis m’ont dit. J’ai commencé à insulter de tous les noms ceux qui étaient là. Ce comportement ne me correspond pas. Je me suis ensuite calmée. J’étais totalement euphorique. J’ai commencé à faire n’importe quoi”.
“Mes amis avaient l’impression de parler à un enfant de trois ans, à une attardée. Mes pupilles étaient dilatées. J’avais la mâchoire serrée”
“J’étais intenable. Vraiment le comportement d’une folle. Euphorique, paniquée, en colère. J’ai fait une crise de panique qui a duré 15 à 20 minutes. De 20h00 à 23h00, je ne me rappelle pas de grand-chose. Ma mère est ensuite venue me chercher. Mes amis ont tout de suite dit que j’avais été droguée”.
“Au début, je pensais être la seule cette nuit-là”
“Je ne savais pas du tout que des personnes avaient été piquées dans d’autres boites de nuit à Béziers. J’ai lancé un appel sur les réseaux sociaux pour alerter de ce qui m’était arrivé. Pour savoir si d’autres personnes avaient subi la même chose”.
“Finalement, j’ai appris que d’autres personnes avaient été piquées à Béziers-plage. J’ai mis un post sur Instagram en demandant aux victimes de me contacter”
“Au début je n’ai eu que des témoignages de gens qui avaient été piqués. Je voulais qu’on porte une plainte collective pour demander plus de sécurité à Béziers-Plage. Ce n’est pas de leur faute, ce qui nous est arrivé. C’est certain. Ils ne sont pas coupables. Mais il y a un problème de sécurité. Il n’y avait pas de fouille à l’entrée. Je suis rentrée avec mes collègues. On n’a pas été fouillé du tout. Des gens sont passés par les bois à côté. Il y avait énormément de personnes. C’était ingérable. Un lampadaire est même tombé parce que trop de monde poussait”
Mon copain est allé voir un agent de sécurité en lui disant que j’avais été droguée. Il lui a répondu que ce n’était pas son problème”.
“Des jeunes avec qui nous avons échangés, nous ont expliqué, que trois semaines plus tôt, toujours à la Punky ils avaient été drogués. Cela ne s’est pas trop su. Nous sommes visiblement assez nombreux à avoir fait des analyses. On a porté plainte. Je ne sais pas comment ça va aboutir”
“Vous savez, je me dis que j’ai eu beaucoup de chance cette nuit-là”
“Heureusement j’étais avec un groupe d’amis. Je n’ai pas été abusée. Il y a des gens qui ont été drogués et qui n’osent pas dire ce qui leur est arrivé. Cela aurait pu être bien plus grave. En plus j’avais bu. Mélanger la drogue et l’alcool, ça ne fait jamais bon ménage. Mes amis auraient peut-être dû appeler les pompiers directement quand ils ont vu que j’étais droguée. Mais, ils avaient bu, eux aussi. Ils pensaient que ça allait redescendre tout seul. Au départ, quand je me suis évanouie, ils pensaient que j’étais trop ivre.
“Des gens disaient, c’est certain, elle a avalé de l’ecstasy”
“J’avais des soirées le week-end prochain à Montpellier. Je n’ai pas envie d’y aller par rapport à ce que j’ai vécu. Je ne pense pas retourner à la prochaine Punky en juin. A moins que les organisateurs renforcent la sécurité. Ce qui est arrivé, a refroidit pas mal de monde.”
On ne peut pas s’empêcher de vivre mais c’est sûr que ça fait un peu peur”
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