Raphaël Ibanez : « Ces joueurs n’ont peur de rien »

Au lendemain d’un Grand Chelem remporté après douze longe années d’attente, l’ancien talonneur international a accepté de revenir longuement sur les semaines écoulées, d’évoquer le capitanat d’Antoine Dupont, le management de Fabien Galthié ou encore d’évoquer une éventuelle prolongation de contrat de l’ensemble du staff. Et de livrer quelques anecdotes sur l’intimité des Bleus durant ce Tournoi qui entrera assurément dans l’histoire du rugby français.

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Comment avez-vous fêté ce premier grand chelem depuis douze ans ?

Nous l’avons fêté à la hauteur de l’état d’esprit de cette équipe : dignement mais avec beaucoup d’énergie (rires). C’est une véritable vague de plaisir qui nous a submergés tout au long de la nuit. Nous avons surtout partagé avec nos proches, nos familles, nos amis. C’était la moindre des choses que de passer du temps avec eux, de partager ce moment de bonheur avec ceux qu’on aime. Les gens ne mesurent pas les sacrifices réalisés pour que soixante-dix personnes puissent vivre une telle aventure.

À tel point que de nombreux joueurs ont décidé de prolonger ce moment de partage…

C’est vrai ! Les joueurs étaient libres dès ce dimanche matin. Et surtout, ils étaient libérés après cette victoire et ce premier trophée. Avec le staff, nous avons eu le sentiment que les joueurs s’épanouissaient de plus en plus au sein du groupe. Et ce matin (dimanche), nous les avons sentis emplis d’une joie profonde et d’une volonté de la partager, tous ensemble.

De l’extérieur, on a le sentiment qu’il ne peut rien arriver à ce groupe. Est-ce que vous partagez cet avis et comment l’expliquez-vous ?

Ce genre de match, c’est comme une finale. Cela se joue avant la rencontre. Et je crois que nous l’avons bien joué. La semaine s’est révélée très équilibrée en termes d’exigence, liée à la stratégie et à l’intensité requise, tout en y ajoutant une touche de fun. Vous me direz que ça existait déjà. Mais nous avons vécu des moments privilégiés d’une rare intensité, avec beaucoup de partage. Et ce, jusqu’à la remise des maillots où les membres du staff qui ne bénéficient pas de la même lumière que Fabien (Galthié, N.D.L.R.), moi, Karim (Ghezal), William (Servat) ou encore Lolo (Labit) ont été mis en avant.

Est-ce réellement les joueurs qui ont demandé que ce soit les membres du staff qui remettent les maillots ?

Oui, c’est exactement ce qu’il s’est passé. Et c’est un signe fort de l’état d’esprit de ce groupe. C’est un geste touchant. Notre volonté, dans la progression de cette équipe, c’est évidemment un objectif de performance mais c’est aussi la volonté de renforcer notre unité. Que des joueurs, qui sont des champions, montrent autant de reconnaissance envers les membres du staff qui sont dans l’ombre, c’est un marqueur fort.

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Lorsque vous étiez joueur, vous étiez l’organisateur du “sacré”. Aujourd’hui, comment décidez-vous des intervenants extérieurs qui se présentent devant les joueurs pour partager leur expérience ?

Nous mettons tous à profit nos réseaux. Ce sujet-là est d’abord abordé avec Fabien (Galthié) Et si elle est bonne, on partage l’idée avec l’ensemble du groupe.

Durant ce Tournoi 2022, vous êtes allé chercher des personnalités très différentes, passant d’un philosophe Charles Pépin à Patrick Sébastien…

Ce qui fait la richesse de ce groupe, c’est sa capacité d’ouverture. Notre souhait est de maintenir notre groupe en éveil, de l’intéresser. Chez nos garçons, il y a beaucoup de modestie. Ils sont ancrés dans la réalité. La meilleure façon de les conforter, ce n’est pas uniquement de jouer au rugby. C’est aussi de partager de bons moments. C’est aussi, par exemple, convier des Chefs pour des “repas améliorés”, en accord, je le précise, avec nos nutritionnistes. Ce qui donne lieu, soit dit en passant, à de très belles réunions entre William Servat et nos nutritionnistes. Tout ça permet de construire une équipe.

Un de ces intervenants a-t-il plus marqué le groupe qu’un autre durant ce Tournoi des 6 Nations ?

Je n’ai pas envie de les singulariser, ce serait offensant pour tous ceux qui sont venus partager leur expérience avec nous. Chacun arrive avec sa personnalité et on s’en nourrit. C’est très inspirant. C’est très vrai par rapport à quelques réflexions que nous a livrées Charles Pépin. Mais c’est aussi très vrai du partage des parcours de vie de Patrick Sébastien, Francis Cabrel ou Jean-Louis Aubert.

Ah oui ?

Quand Jean-Louis Aubert raconte qu’il n’était pas destiné à faire de la musique alors que c’était sa volonté profonde, ça rappelle quelques destins sportifs. Mais la finalité de tous ces partages d’expériences est souvent la même. En clair, c’est : “Croyez en vous !”

Question un peu brutale, mais quand vous faites venir des chanteurs comme Cabrel, Sébastien ou Aubert, ne craigniez-vous pas de passer pour des vieux c… auprès des joueurs qui ne sont pas de votre génération ?

(Il éclate de rire) Ils sont surprenants, nos joueurs. Ils sont vraiment très attentifs au patrimoine de la chanson française. Mais je conçois – et ce sera un élément à discuter – qu’un rajeunissement des intervenants puisse être nécessaire à l’avenir. Nous avons des projets : pourquoi pas Rihanna ou Lady Gaga ?

Vraiment ?

Vous verrez bien…

Et que répondez-vous à ceux qui pensent que ces moments de partage d’expérience relèvent de la “masturbation intellectuelle” ?

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Qu’ils viennent vivre ces moments avec nous ! Qu’ils voient comment les joueurs s’imprègnent de ces instants. Et puis, je vais vous dire : le plus important, c’est ce que nous construisons et comment nous le transférons sur le terrain. L’essentiel, il est là. Samedi, c’était une finale avec une tension incroyable. Notre équipe, même si notre jeu a été ponctué de quelques erreurs, a été capable de rester structurée et organisée, avec une féroce envie de gagner. Ce n’est pas anodin.

Justement, qu’est ce qui rend cette génération si hermétique à la pression ?

Je crois qu’ils ont ce caractère de champion ancré en eux. Encore fallait-il le concrétiser par un premier trophée. Aujourd’hui, c’est fait. Mais surtout, à l’image d’Antoine (Dupont), ces joueurs n’ont peur de rien. Ils veulent vivre intensément toutes ces aventures rugbystiques qui se présentent à eux.

En 2007, pour la dernière Coupe du monde en France, vous étiez un capitaine qui n’avait peur de rien n’ont plus. Et pourtant, le XV de France avait perdu tous ses moyens lors du match d’ouverture…

Nous n’en sommes pas à l’abri. Qui sait ?

Vraiment ?

Aujourd’hui, la question ne se pose pas. Nous vivons pleinement ce bonheur avec les gars. C’est important de bien célébrer un tel moment. Ce trophée est un marqueur fort. Mais ce n’est qu’une étape. Seul l’avenir nous dira si nous sommes capables de monter en puissance.

Votre expérience de 2007 vous sera-t-elle précieuse pour 2023 ?

Dans le sport, rien n’est garanti. Comme nous l’a dit Bernard (Laporte) vendredi soir, tout dépend de ce que les hommes veulent vraiment faire de leur parcours. Il a eu cette phrase qui a marqué : “Le champion, c’est lui qui décide.”

À ce jour, la France est probablement la meilleure nation du monde. Or, le Mondial ne débute qu’en septembre 2023. Le XV de France n’est-il pas prêt trop tôt ?

Cette équipe ne pouvait rester éternellement sur une place de deuxième dans le Tournoi des 6 Nations. Aujourd’hui, le XV de France est à la place qu’il mérite. Imaginez un peu les messages que nous envoyons aux autres nations. Soyons conscients que nous avons des adversaires qui vont se préparer deux fois plus pour nous battre. J’ai entendu Eddie Jones après le match. À sa place, nous serions exactement dans le même état d’esprit. Le XV de France va devenir une cible et nous devrons assumer. Ce qui compte au plus haut niveau, c’est d’avoir un temps d’avance. Et je sais que, par nature, Fabien (Galthié) y réfléchit déjà.

Justement, comment jugez-vous l’évolution du management de Fabien Galthié, lui qui a été

vivement critiqué par le passé ?

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Il est totalement investi, totalement ancré dans ce qu’il fait. Nous avons la chance d’être complices, de pouvoir se dire les choses. Pour qu’un staff fonctionne, il faut accepter les personnalités de chacun. Surtout les différences. Un exemple ? Shaun Edwards est très différent de Laurent Labit, ce qui ne les empêche pas d’être connectés. Fabien est un merveilleux chef d’orchestre.

Bernard Laporte avait annoncé qu’une prolongation attendait le staff dans l’hypothèse d’un succès dans le Tournoi. Votre volonté est-elle de poursuivre au-delà de 2023 ?

La décision appartient à Bernard.

Mais avez-vous cette volonté commune de poursuivre au sein du staff ?

Il est prévu que nous abordions ce sujet dans les jours qui viennent.

Une question que vous jugerez peut-être désagréable mais qui s’impose à l’issue de ce succès dans le Tournoi : peut-on décemment retirer le capitanat à Antoine Dupont pour le rendre à Charles Ollivon ?

Ce n’est pas une question désagréable mais aujourd’hui, ce n’est pas un sujet. Je ne veux pas juger vos questions mais elle n’est pas d’actualité. Antoine a été un merveilleux capitaine durant le Tournoi. C’est un monstre de courage et d’exemplarité…

La question va très vite se poser, non ?

La question se posera à mesure que Charles, que nous n’oublions pas, retrouvera son niveau. C’est pour cette raison que le sujet n’est pas à l’ordre du jour. Le principal, c’est de lui laisser le temps de retrouver son meilleur niveau et de s’imposer en club pour retrouver le maillot bleu.

Sera-t-il avec vous au Japon pour la tournée du mois de juillet ?

Nous l’espérons tous !

Vous avez remporté le grand chelem en tant que joueur. Est-ce si différent en tant que manager ?

La différence, c’est qu’en tant que manager, les pulsations montent à 140 sans pouvoir exorciser. Je suis en passe de devenir un champion des saltos fait en chambre. Plus sérieusement, j’essaie de mater l’animal en me tournant vers des pratiques douces, de nages notamment. La petite coupure à venir, où je vais retrouver les grands espaces, va me faire le plus grand bien.

Est-ce plus fort émotionnellement de gagner un grand chelem en étant dans un staff, à la base de la construction ?

Je n’en sais rien. Mon dernier grand chelem sur le terrain, c’était en 2002. Ça me paraît tellement loin. Je me souviens plus de ces émotions-là. Mais j’ai toujours adoré rentrer dans un vestiaire avec une coupe et le corps marqué. Un peu comme un boxeur. Aujourd’hui, n’est-ce pas plus fort de vivre cela à travers les performances de notre équipe ? Franchement, je n’ai pas la réponse.

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