Pensant n’être libérable qu’en 2022, un détenu s’était fait la belle de la prison de Rennes pour rejoindre l’Hérault et son grand-père mourant. Il restera trois mois de plus derrière les barreaux alors qu’il devait être libre… ce 6 octobre!
En détention provisoire depuis le 24 septembre, c’est sous escorte policière que Benoît est arrivé à la barre du tribunal pour être jugé en comparution immédiate.
A ce natif de Béziers, tout juste âgé de 27 ans, il était reproché de ne pas avoir réintégré sa cellule de la maison d’arrêt de Rennes à l’issue d’une permission de sortie, mais aussi de s’être rendu dans le département de l’Hérault qui lui était interdit de séjour. Les faits courent du 14 au 23 septembre, en sachant que le prévenu s’est rendu à la gendarmerie de Trèbes en comprenant qu’il était recherché.
De cette histoire, on découvre que le prévenu n’avait pas vu sa famille depuis 5 ans, et qu’il pensait avoir encore un an à purger. Le hic, c’est que c’est le 6 octobre de cette année qu’il était libérable, et non pas en 2022 !
Son grand-père étant malade, il est donc parti du côté de Pézenas pour lui rendre visite : “Je tiens à m’excuser de mon comportement. Je n’ai pas réfléchi. J’ai voulu voir mon grand-père une dernière fois !”
De la personnalité du prévenu, on apprend qu’il est issu d’une fratrie de 8 enfants, dont certains sont placés. Il est célibataire, sans enfant ni travail. “Il est incarcéré depuis qu’il a 16 ans”, précisera son avocate Me Manon Crochet. Sur son parcours judiciaire, le prévenu affiche un casier faisant état de 8 condamnations. Là, il est en prison depuis 2014 pour des faits de vol et de séquestration.
Au ministère public, le substitut du procureur Grégory Singer sur le sérieux du prévenu “qui a évolué et tout mis en œuvre en détention pour se réinsérer, et cette absence de connaissance de réduction de peine…”
Pour le magistrat, le prévenu a souhaité “quitter volontairement la prison. Il a rompu le lien de confiance qui lui avait été accordé”. Une peine de 3 mois de prison a ainsi été requise pour l’évasion, ainsi que 2 mois supplémentaires pour le non-respect de l’interdiction de séjour. Sans oublier le maintien en détention.
Aux intérêts du mis en cause, Me Manon Crochet est revenu sur la personnalité de son client, “qui n’est pas un enfant de chœur au regard de casier, mais qui est humain ! Tout ça n’était pas réfléchi, d’autant qu’il pensait qu’il lui restait encore un an à faire. Je crois qu’il s’est puni lui-même. S’il avait su qu’il lui restait trois semaines, il ne l’aurait pas fait…”
Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement décidé de suivre les réquisitions du parquet. À l’issue de son audience de jugement, le prévenu a été reconduit à la maison d’arrêt de Carcassonne, dans l’attente d’être réorienté vers un autre établissement pénitentiaire.
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