Jean-Francis Auburtin, Un âge d’or

Né dans le tourbillon d’un siècle finissant parsemé de contradictions et de fortes personnalités, Jean-Francis Auburtin (1866-1930) est à la fois perméable à de multiples influences tout en entretenant sa liberté qu’une facilité matérielle lui permet.
Très attiré par l’impressionnisme et l’école de Pont-Aven, il accepte des commandes officielles. Tout en flirtant avec l’orientalisme, il s’inspire du symbolisme auquel il emprunte un vocabulaire de sirènes et de faunes, de cyclopes et de centaures.

Inspirées par son maître Puvis de Chavannes, il réalise de grandes décorations murales, qui ne l’empêchent pas de mener parallèlement une carrière, plus intime, de paysagiste.
Ainsi, le Jean-Francis Auburtin auquel le musée de Lodève rend hommage aujourd’hui, s’inscrit dans la longue procession des peintres sur le motif : Delacroix, Courbet, Boudin, Jongkind, Monet…

En véritable ‘portraitiste de la nature’, Auburtin décèle dans chaque paysage le caractère intime du lieu. Lors de ses marches, il traque le motif, le capture dans ses carnets et amasse ainsi un riche répertoire de formes picturales.

Dans le Sud, obéissant aux injonctions de la lumière, l’artiste exalte couleurs et contrastes. En Normandie, il privilégie la douceur du ton, le dégradé progressif des valeurs. En Bretagne et dans les Pyrénées, il s’inspire des thèmes et compositions des estampes japonaises, dont il est un fervent collectionneur. Cette influence est perceptible dans ses paysages dans une période allant de 1894 à 1914.

Parfois, le paysage est également pour Auburtin le théâtre d’une sorte d’Arcadie moderne, dans laquelle nymphes, sirènes et faunes communient avec la nature.
Dans ces scènes s’opère la confrontation entre les mondes terrestre et marin, l’élément narratif restant le plus souvent allusif afin de laisser toute leur résonance, à des moments suspendus. L’appel, l’écoute, qui figent les figures dans une immobilité attentive, intemporelle, constituent les thèmes principaux de la plupart de ses toiles.

L’impression d’une nature avant l’humanité, intacte et pure, transparaît également dans la série que consacre l’artiste aux Pyrénées, notamment aux vues du pic de Béhorléguy (Pyrénées Atlantiques).
Opérant à une ascension physique des montagnes, le peintre va au plus près des aigles dont il capte les nids sur les crêtes d’Iparla, tandis que ses vues du pic de Béhorléguy, toujours saisies sous un angle identique, retracent le passage du temps et des saisons sur ces monts, symboles d’une nature puissante et fascinante qui n’est pas sans rappeler la série des Trente-six vues du mont Fuji d’Hokusai (1760-1849) dont Auburtin possédait un certain nombre d’estampes également présentées à Lodève.

Jean-Francis Auburtin
Né d’un père architecte de la ville de Paris et originaire de Lorraine, Jean-Francis Auburtin fréquente l’école alsacienne de Paris à partir de 1875. Après un séjour à l’École des Beaux-arts de Paris qu’il quitte en 1892, il épouse Marthe Deloye, fille d’un général d’artillerie. En 1893, le couple part pour un long voyage de noces en Italie où l’artiste se nourrit de l’art du Quattrocento. C’est à partir de 1898 que le peintre s’illustre dans les décors en réalisant Le Fond de la mer destiné à l’amphithéâtre de zoologie de la Sorbonne.

Célébré de son vivant comme l’héritier de Puvis de Chavannes, Auburtin participe, à l’instar de nombreux de ses confrères, aux grands programmes décoratifs des édifices publics. Outre la Sorbonne, il réalise notamment des grands décors pour le Palais Longchamp à Marseille (1890 et 1900) et pour le Conseil d’État (1924). Comme les toiles ambitieuses qu’il soumet au Salon de la Nationale, ces derniers témoignent d’une solide culture classique. Son goût pour le monumental, le conduit vers une simplification du motif et de la figure.

Abordant à la suite de Puvis de Chavannes les thèmes de l’Age d’Or ou du cycle d’Orphée, Auburtin se fait une spécialité de grandes compositions marines et peuple les rivages de la Méditerranée de nymphes et de naïades. Pour ce faire, il parcourt le littoral français. Dans le Sud, il peint à Porquerolles et à Bandol ; en Bretagne à Belle-Île-en Mer ; en Normandie, à Étretat et Varengeville où il se fera construire une maison par son frère architecte à partir de 1907. A Varengeville, loin des mondanités, Auburtin connaît une vie riche de rencontres, d’échanges et d’amitiés profondes.
Il s’investit dans la Société Nationale des Beaux-Arts dont il devient sociétaire en 1899. Dans son atelier de Saint-Cloud, il reçoit de nombreux amis dont la danseuse américaine Loïe Füller. En Normandie et en Bretagne, il emprunte les pas de Monet en arpentant et peignant les mêmes sites.

Au fur et à mesure, le peintre finit par peindre les paysages pour eux-mêmes et développe en parallèle à ses décors, une peinture sur le motif, plus intimiste.

L’exposition
Un parcours d’exposition thématique propose la double recherche menée par le peintre:
– Celle symboliste, inspirée par son maître Gustave Moreau et parfois comparée à celle de son mentor Puvis de Chavannes,
– celle du paysagiste, face à la mer la plupart du temps, tournant le dos à la civilisation, celle du peintre de la montagne enfin. L’exposition de quelques estampes japonaises issues de la collection de l’artiste illustrent son goût pour le Japonisme dont il sera l’un des meilleurs représentants.

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