OFFICIEL. LA MAJORITÉ INVITERA CE LUNDI 8 AVRIL LE CONSEIL MUNICIPAL À VALIDER L’ACHAT DU THÉÂTRE DE LA RUE VICTOR-HUGO.
LE CONSEIL MUNICIPAL, AU COURS DE SA PROCHAINE séance, ce lundi 8 avril, devrait voter l’achat par la Ville du Théâtre des Variétés, comme la Pieuvre (n°137) l’avait révélé. La salle (les trois salles disait-on même au siècle dernier quand elle accueillait des cinémas) de la rue Victor-Hugo aura connu depuis sa construction en 1904 sur l’emplacement de l’ancien Alcazar une histoire mouvementée, des années de gloire à l’époque de la fabuleuse richesse viticole de Béziers, au lent déclin du spectacle vivant, de l’économie biterroise et du Centre-Ville pour devenir la « Belle endormie » du bas des Allées.
Œuvre de l’architecte Paul Harant (tout comme la Vieille Poste démolie à la fin de la municipalité de Raymond Couderc), le théâtre des Variétés a d’abord été conçu pour l’art lyrique, opéras, opérettes, qu’on n’appelait pas encore les comédies musicales… Puis la salle de la rue Victor-Hugo devint une sorte de music-hall où se produisaient artistes en tous genres, cirques, magiciens, acrobates et jongleurs, chanteurs et musiciens, chansonniers, artistes de « variété », et même animaux sauvages, tableaux vivants…
Du café-concert au cinéma
Les Variétés accueillaient ensuite un ensemble de salles de cinéma, « les trois salles » dont la BD de Max Cabanes (Les années pattes d’eph’ *) faisant revivre le Béziers des années 50-60, évoque avec nostalgie le souvenir…
Puis le théâtre est progressivement tombé dans l’oubli, et les tentatives d’y installer restaurants ou boites de nuit (la Fnac avait même étudié une implantation possible à la fin des années 80) ont vite tourné court. C’est un « coup de cœur » qui décida les actuels propriétaires à en faire l’acquisition, et à sauver la salle. En y investissant pour des travaux indispensables et en obtenant surtout en 2003 la protection du bâtiment au titre des monuments historiques. Lors des élections municipales de 2014, le théâtre des Variétés se retrouva sous « les feux de la rampe ». Jean-Michel Du Plaa et Jean Varela, les créateurs de sortieOuest avaient fait appel à Olivier Poubelle (arrière-arrière petit-fils du célèbre Préfet de Paris) à la tête d’un réseau de salles de spectacles parisiennes (les Bouffes du Nord,le Bataclan, la Maroquinerie) et son associé aux Bouffes du Nord, Olivier Mantei par ailleurs directeur à l’Opéra-comique. Leur projet : ressusciter les Variétés en « Bouffes du Sud » en partenariat avec les Bouffes du Nord dont l’architecture en fait quasiment des sœurs jumelles.
Dans le même temps, le candidat (et député) UMP, Élie Aboud, de son côté, y voyait plutôt une scène pour les musiques actuelles (SMAC).
Pour clôturer le casting des prétendants des municipales d’il y a cinq ans, le Robert Ménard pour sa part avait « exécuté » alors ces projets, dénonçant leur coût et la surabondance de salles déjà existantes…
Quel avenir pour les Variétés ?
« Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis », dit l’adage et la Pieuvre ne reprochera pas ici au Maire de Béziers de l’avoir fait, cette fois. La délibération qui sera soumise au vote lundi soir du conseil municipal le rappelle : « Le Théâtre des Variétés revêt une place importante dans l’histoire sociale biterroise. Il a été un lieu de culture et de divertissement depuis sa construction en 1904 jusqu’à sa fermeture au début des années 1980. La richesse de son passé, la qualité de son architecture et de son décor ont permis son inscription par arrêté du 10 février 2003 sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques ».
La mairie va débourser 300 000€ pour l’acquérir car la propriétaire, âgée, ne peut plus supporter les charges que le bâtiment représente. Ce n’est vraiment pas cher payé dans ce contexte. Bien sûr il faudra rassembler les fonds nécessaires, publics et privés pour la rénovation et la mise aux normes du Théâtre. Ce qui dépend aussi du projet qui sera retenu pour faire revivre la salle. Dans leur ouvrage publié par la société archéologique, Un siècle de spectacles, de divertissements, et de plaisirs à Béziers**, Alex Bèges et Jacqueline Pech le rappellent : « Cafés, théâtres, music-hall… permettaient le contact de toutes les couches de la société autour d’un même objet d’intérêt : la scène ou l’écran. Cette promiscuité ne se trouvait qu’au spectacle… ou à l’église. » Ils y dressent le « tableau de ce que furent ces lieux de spectacles, de divertissements et de plaisirs, conçus par les directeurs, artistes, musiciens, machinistes…grâce auxquels… la ville bruissait d’art et de culture ».
Et si le renouveau des Variétés marquait la première étape de la revitalisation du quartier du bas des Allées… laissé à l’écart pour l’instant des politiques de rénovation urbaine ? Ce serait pour le moins, une belle revanche pour la « belle endormie ».
ASTA ► *Édition L’Écho des Savanes – Albin Michel ; **XXIVe cahier de la Société Archéologique, Scientifique et Littéraire, 2012.
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